Après le coup de talon à droite, voilà Shuang Feng Guan Er !
La traduction la plus fréquente est: « Double vent traverse les oreilles », et elle n’a vraiment rien à voir avec le tigre… On imagine bien ce double vent, les deux poings, qui passe par les oreilles… ce genre de courant d’air ne doit pas être très agréable !
Mais il ne semble pas qu’il soit question de vent si l’on s’en tient aux caractères chinois : On trouve parfois celui de « Feng » qui signifie sommet/pic/ cime et on pourrait traduire cette technique par : « Deux pics transpercent les oreilles » : les pics seraient les poings… Et parfois celui de Feng qui signifie « tranchant, acéré » ! Tous ces homonymes nous font tourner la tête !
… Mais d’autres traductions encore sont proposées « frapper aux tempes » ou « double attaque aux oreilles » ou « double spire traverse les oreilles »… Alors, bref…
Une fois le coup de talon donné, les mains se replacent, paumes vers le ciel, devant le corps et la jambe droite se replie.
Puis, le talon droit se pose au sol pendant que les mains reviennent vers la taille. On inspire.
Enfin, les poings se forment et on passe en Gong Bu, pas de l’Archer, pour frapper des deux poings. On expire.
Les poings ( !?) clés :
Prendre le temps de ramener les mains à la taille, ouvertes : ne pas former les poings trop tôt.
Lorsqu’on passe en Gong Bu, attention à ne pas se pencher en avant exagérément, le genou ne dépasse pas le pied, la tête reste droite, le regard se porte devant soi (pas vers le sol !).
Les poings, en finition, ne sont pas trop proches : il faut imaginer une tête entre ces deux poings. L’écartement doit être « raisonnable », à moins d’avoir à faire à une victime des indiens Jivaros, ils ne se touchent pas.
Puis, on va se retourner et donner un coup de talon de l’autre côté avec le pied gauche cette fois.
SERPENT QUI RAMPE…
C’est le moment de parler des choses qui fâchent : Xia She Du Li !
On vient de donner fièrement un coup de talon avec le pied gauche et voilà que tout se complique : on ramène le pied gauche ainsi que les bras jusqu’alors écartés. La main droite forme le crochet (Gou) comme pour le simple fouet. La main gauche se place devant le corps, doigts en directions du poignet droit. Le pied gauche est pointé près du pied droit (appui). Et c’est parti pour faire le serpent…
On écarte le pied gauche, le posant légèrement en arrière (pour éviter d’avoir les deux pieds sur la même ligne !), l’appui est à droite, les deux pieds pour le moment parallèles. Cette position basse s’appelle Pu Bu… Nous en reparlerons !
La main gauche suit le mouvement et descend devant, le long du corps, paume vers soi. Lorsque la main gauche arrive au genou gauche, la main se tourne, paume vers l’extérieur, doigts pointés vers l’avant pendant que le pied gauche s’ouvre, pointe de pied sur l’axe de déplacement.
Puis le pied droit « verrouille » derrière, on passe la hanche droite (bassin face sur l’axe de déplacement). La main droite suit le mouvement, descend le long du corps et les doigts réunis du crochet se retrouvent pointés vers le ciel.
Voilà pour Xia (en bas) She (serpent). Il est temps de parler de Pu Bu ! À vrai dire, il y a position basse et position basse… il y a serpent qui rampe et serpent qui rampe… moins ! Dans l’expression « serpent qui rampe », il y a de l’élégance, de la fluidité, de la discrétion : hors de question donc de rester bloqué en bas, de tirer la langue pour remonter ou de faire appel à une grue ou autre poulie. Une seule consigne : modestie !
« Tout ce qui descend, doit un jour remonter »
(Proverbe des plus célèbres de Xiao Long).
Le plus important est de respecter la technique et de garder une bonne position du corps (on ne pique pas du nez vers l’avant, et on ne ressort pas le postérieur pour équilibrer la posture !). Il n’est pas nécessaire de plonger très bas pour que le mouvement soit effectué correctement.
Après « Xia She », voilà Du Li (comme dans Jin Ji Du Li, le « coq d’or sur une patte »).
Le poids du corps est passé de la jambe droite dans la jambe gauche, on est face à l’axe de déplacement. On prend appui dans la jambe gauche, et les mains servent de balancier : la main gauche qui était en haut, descend pendant que la main droite qui était en bas, monte. Comme pour le « Coq », on se retrouve sur un pied (gauche), genou droit levé, main droite au-dessus du genou.
« Tout ce qui se fait d’un côté, se fera de l’autre côté »
(Autre proverbe non moins célèbre de Xiao Long !)
Je ne vais pas vous laisser sur la branche, le pied droit en l’air : On va reposer le pied droit à côté du pied gauche, ouvrir à angle droit le pied gauche tout en descendant la main droite qui rejoint le poignet de la main gauche qui forme le crochet. Et on peut repartir dans l’autre sens avec le Xia She et le Du Li qui suit. Voilà une grande aventure qui se termine heureusement… Suite au prochain épisode –
Recette de la maison : on peut ouvrir un peu la pointe du pied d’appui du serpent ou du coq, afin de faciliter soit la descente, soit la bonne tenue de l’équilibre sur un pied.
Le serpent qui rampe ci-dessous, exécuté par un membre de l'équipe de Chine , venue à Rouen en 2015, est à regarder - et non à imiter: nous ne sommes pas des champions... juste des pratiquants , attentifs à leur santé et leur bien-être. Ce qui compte c'est la justesse de la technique et non la performance.