Il est temps de découvrir-si vous ne connaissez pas- le cinéma chinois wǔxiá piàn :
le wǔxiá piàn se traduit souvent par « film de chevalier errant ». Cela se rapproche un peu de notre tradition des films de cape et d’épée avec la dimension « fantasy » en plus). Xiao Long voulait vous parler d’un de ses films préférés « LE ROYAUME INTERDIT » sorti en 2008.
Le face à face Jet Li et Jackie Chan vaut le détour (4 étoiles au moins au guide Xiao Long, qui bien entendu est une référence incontournable !) C’est le seul film où ils se font face et leurs combats sont signés Yuen Woo-ping – en plus !!
Ces deux acteurs sont très connus – et même en France, si, si ! Ils sont tous les deux de grands experts en arts martiaux chinois, en cascades et autres démonstrations courantes dans les films chinois (cela peut aller du combat dans les bambous géants à l’escalade d’un méga-mur, en passant par l’incontournable marche sur les toits et sauts interminables).
Jackie Chan, plus connu pour ses films très humoristiques, mérite aussi d’être vu dans des films plus « classiques » !
L’histoire n’est pas très compliquée : un jeune américain se trouve propulsé dans un autre monde avec la mission de restituer un « bâton » à son propriétaire. Il apprend par Lu Yan (Jackie Chan) qu’il a entre les mains le bâton mythique qui appartient au Roi Singe (Jet li)…
Voilà un film en tout cas, où l’on apprend que ce ne sont pas les manches longues de sa robe qui pourraient gêner Jet Li dans son combat et que l’homme ivre sait en réalité boxer avec maestria…
Peut-être cela vous donnera-t-il envie d’aller plus loin, tout en restant dans votre fauteuil ?
NB : Il ne manque pas de films wǔxiá piàn, puisque depuis les années 20 où ils sont apparus… on en a tourné quelques-uns !!! (Bon, d'accord, ce ne sont pas tous des succès...)
On peut dire que les années 60 ont largement apporté leur contribution et la Show Brother connait alors une renommée mondiale. Les combats sont déjà finement chorégraphiés. Les années 90 renouvellent le genre, mais les Occidentaux ne découvrent vraiment ces productions que dans les années 2000 (il était temps !) avec « Tigre et dragon » ou « Hero » ou encore « Le secret des poignards volants »…
La conception d’un monde selon les principes de « Tao », « Ying Yang », « Wu Xing » (5 mouvements) s’applique à tous les domaines. La médecine ne fait pas exception.
C’est une vision globale, « ronde », dans laquelle tout est lié, où les éléments se correspondent et se répondent. Nos habitudes occidentales sont plus « carrées », une chose se considère en tant que telle, indépendamment des autres, sans aller chercher trop loin les interactions…
La médecine chinoise cherche à harmoniser un ensemble en mutations permanentes, elle travaille sur les souffles, sur de l’impalpable. La médecine plus classique cherche à supprimer un symptôme plus tangible, de surface (et ça fait du bien, il faut le dire… mais, tout n’est pas réglé pour autant…). Elle a parfois tendance à nier en bloc le non visible, le non mesurable. S’il n’y a rien à tâter, à couper… elle reste perplexe.
Mais, pas question ici de jeter bébé avec l’eau du bain ! Ces deux approches sont complémentaires, on ne peut que regretter qu’elles ne soient pas « fondues » dans un grand tout, pour la plus grande joie (et santé) de nombreux malades… Ce serait un beau Yin Yang, non ?
Le plus ancien ouvrage de médecine traditionnellechinoise est le Huangdi Nei Jing (黄帝内经), Classique interne de l'empereur Jaune. La rédaction de cet ouvrage est attribuée au mythique Empereur Jaune. Il se présente comme un dialogue entre l'Empereur Jaune et Qí Bó (岐伯), son médecin et ministre (déjà du cumul de fonction…).
L'Empereur Jaune aurait régné de -2697 à -2598 avant J.-C. (soit 100 années) et aurait notamment mis en place l'administration chinoise, développé l'écriture, inventé l'acupuncture ainsi que le cycle sexagésimal des dix troncs célestes et des douze rameaux terrestres. Il fait partie des cinq Empereurs légendaires. Cet Empereur a-t-il existé ? A-t-il rédigé ce recueil ?
N’est ce qu’une « compil » réalisée durant la période couvrant les Royaumes combattants et la dynastie Han ? La réponse ne sera guère plus précise que celle fournie habituellement aux questions : « Le Roi Arthur a-t-il existé ? Homère a-t-il écrit l’Iliade ? Encore une question : L’essentiel n’est-il pas que ces ouvrages existent, tout simplement ?
Ce recueil comprend deux parties de 81 chapitres: le Sùwèn (素問, Questions élémentaires) et le Língshū (靈樞, Pivot de l'esprit). Tous les aspects de la médecine y sont abordés, on y évoque plus particulièrement le traitement par acupuncture. On y parle de l'usage de poinçons de pierre qui auraient pu être utilisés avant l'apparition des aiguilles en métal : Cette méthode était appelée bian jiu[1]. Ce traité vise à rétablir l'harmonie de l'homme avec la nature.
Et comme souvent, il existe plusieurs versions de ce recueil « unique »… celle de Wang Bing (762), une autre retrouvée au Japon, celle de Yang Shang Shan, proche de la version de Shenzong (1070) , celle de Li Nien Wo, plus tardive puisque sous la dynastie Ming...
Mais, bon, quelle qu’elle soit, le fond reste identique : une analyse de la place de l’homme dans l’univers, conformément à la conception taoïste.
L'ouvrage étudie les dérèglements selon les saisons, les variations du teint, les subtilités des pouls, l'état des cinq organes, des cinq saveurs, des six énergies… Il précise le maniement de l'aiguille, et la pratique des moxas (technique de stimulation des points d'acupuncture par la chaleur), afin de rétablir l'harmonie entre le haut et le bas, entre l'intérieur et l'extérieur.
Xiao Long a choisi quelques passages du Sùwèn qui n’ont pas prit une ride… De quoi « méditer » sur un nouvel « âge d’or » qui ne peut s’atteindre sans quelques efforts et/ou changements de trajectoire…
De la pureté naturelle dans la haute antiquité
Il y eut jadis un Empereur Huángdì. Perspicace dès la naissance, disert dès le jeune âge, il fut sage dès l'adolescence, grandit en droiture et en finesse, puis ayant achevé sa tâche, il monta au ciel. Il dit au Maître Céleste Qí Bó :
« – On m'a rapporté que, dans la haute antiquité, on vivait centenaire sans que l'activité faiblisse. Les gens d'à présent sont déjà affaiblis à 50 ans. Est-ce par suite d'un changement d'époque ou par la faute des hommes ?
– Obéissant au Dào, les anciens se modelaient sur le Yīn-Yáng et se conformaient aux Nombres. Ils étaient modérés dans leur alimentation et réglés dans leurs activités. Ils évitaient le surmenage, se gardaient de détériorer leur corps et leur esprit, se permettant ainsi de vivre un siècle. Les gens d'à présent n'agissent plus de même, ils se gavent d'alcool, sont téméraires et luxurieux. Les passions épuisent leur essence et dilapident leur Souffle naturel. Insatiables et inconsidérés, ils se livrent à leurs penchants, vont à l'encontre des vraies joies de la vie, s'agitent sans mesure et se fatiguent prématurément.
Les Sages de la haute antiquité apprenaient à chacun à éviter à temps les « perversions d'épuisement et les vents pirates », et à maintenir, par le calme et la concentration, leur souffle naturel dans la docilité, à bien contenir leur esprit à l'intérieur de telle sorte que les maladies soient sans prise. Grâce à la restriction des appétits et à la contention des velléités, le cœur demeure paisible et sans émoi, le corps travaille sans s'épuiser, le souffle suit un cours régulier et chacun d'eux est satisfait. Appréciant leur nourriture, contents de leur vêtement, joyeux dans leur médiocrité, sans envie pour de plus hautes conditions, les gens étaient ce qu'on appelle « simples ». Aucune cupidité ne ternissait leur regard, aucun dérèglement n'atteignait leur cœur. Gens ordinaires ou savants, sages ou non, tous ignoraient les émois, car ils se conformaient au Dào. Ils atteignaient cent ans sans que leur activité se lasse car leur vertu était sans défaillance. »
Poème :
« Dans le calme, on atteint l’état de non-agir, pour tout faire.
Dans le calme profond, on arrive à atteindre un objectif plus loin, plus complet.
Dans l’état de calme profond, dans la joie du vide et du non-avoir, alors l’énergie véritable se produit,
Si l’essence et l’esprit sont conservés à l’intérieur, d’où la maladie pourrait-elle venir ? »
Allez, « calme et voie du juste milieu »… une petite méditation là-dessus, un bon petit repas équilibré en saveurs et couleurs et … au dodo !
Voilà un bien bel ouvrage… Les textes et les illustrations sont de Christian Gaudin. On y trouve donc de très beaux dessins, inspirés des peintures asiatiques, ainsi que quelques assertions de Miao, le vieux chat, à méditer… Car c’est lui, matou infiniment sage, qui transmit la Voie à Lao Zi !
Tous ceux qui partagent la vie de chats les retrouveront sans surprise d’une grande sagesse et d’une incroyable « zénitude » (vous savez, cette qualité qui nous fait trop souvent défaut !).
Ces enseignements ainsi que les dessins ne sont pas sans humour, ce qui ne gâche rien et a cha(t)rmé Xiao Long.
Ces propos ouvrent agréablement l’esprit, nous font parfois sourire et souvent hocher du chef, tant la vérité qui s’en dégage nous touche.
« Un panier plein de poissons et de croquettes ne peut être gardé ».
N’est pas là une bien belle vérité ?
L’auteur :
Christian Gaudin, ancien éditeur aux Humanoides associés –entre autres-, est auteur-scénariste et dessinateur de bande dessinée et de livres. Depuis plus de quinze ans, il dessine des chats zen, adeptes des pratiques de bien-être, de Yoga ou de Tai Chi…
Et aussi :
Peut-être aviez-vous déjà fait l’acquisition d’un « Chagenda » (2014) ?… Chaque saison y était présentée avec une phrase zen, et chaque semaine est introduite par une grande illustration, beaucoup de poésie et… un proverbe qui ne vous laissera pas insensible...
Pour vous mettre en appétit :
« La nuit de la sainte Choupette, rajoute des croquettes » ou bien « Passé la sainte Gribouille, petit chaton fait l’andouille »…
Aucun doute Xiao Long va malheureusement devoir réduire les portions de croquinettes pour Dragon et se mettre au régime « ch »ec pour pouvoir acquérir les nombreux ouvrages de Christian Gaudin qui lui manquent…
Pas grave, car « Dragon au régime ne sera pas cacochyme » et « Dragon à jeun est un bon frangin » ! (Stooooooop ! Désolée…)
Vous n’aurez que l’embarras du choix pour choisir une lecture : « Chats de sérénité », « Les 40 commandements du chat », « Massages pour chats et pour leurs maitres », « Proverbes pour chats » ou encore « Vrai zen pour chats et pour leurs maitres » … « Tao des chats » bien sûr et bien d’autres…
Si vous aimez les films chinois, vous ne pouvez passer à côtés des productions de la Shaw Brothers !
Il n’y en a pas que des bons … d’accord… mais il y en a aussi des bons !!!
Les studios :
Dans les années 20, quatre frères décident de créer leur société (« l’Unique ») et de se lancer dans le cinéma… et avec succès… du moins jusqu’à ce que la censure passe par là (les films d’arts martiaux n’étaient plus franchement au goût du jour…) puis l’occupation japonaise (1939)… bref, les studios ferment alors. Mais ces pionniers n’avaient pas dit leur dernier mot et après la guerre (la seconde- mondiale), leur société prend le nom de « Shaw and sons » et s’installe à Hong Kong. La concurrence est rude et… finalement un des frères, Run Run Shaw, jusqu'alors chargé de la distribution dans le sud-est asiatique, s'installe à Hong Kong pour fonder une société distincte, la Shaw Brothers, en 1958.
Run Run Shaw :
Il fait l’acquisition de terrains considérables sur lesquels sont construits des studios, des décors, une école d’acteurs... et engage des centaines d’acteurs et techniciens. Une entreprise monumentale !
Run Run, décédé en 2014 à l’âge de 106 ans (!!!), est une des figures les plus connues dans l’industrie du divertissement asiatique et a bien mérité son étoile sur l’avenue des stars de Hong Kong.
Au début sont produits beaucoup de drames historiques, des comédies musicales. Grâce au succès de films comme L'Ombre enchanteresse (1960) de Yang Kwei Fei (1962) ou de La Reine diabolique (1963), le cinéma chinois finit par se faire connaitre à l'international.
L’HIRONDELLE D’OR :
Dans les années 60, le studio se tourne vers le Wu Xia Pian (le cape et d’épée à la chinoise en quelque sorte…). Les films d’arts martiaux ont de nouveau droit de citer. Pour les amoureux du « vintage » (d’autres, mauvaises langues de Dragons aigris diraient « kitsch » !), Xiao Long vous conseille « L’hirondelle d’or » avec Cheng Pei Pei. Pour ceux qui ont l’œil, Jackie Chan, 12 ans à l’époque y joue un petit rôle !
Un délice… Une jeune femme « chevalier » sans peur et sans reproche (la gentille) cherche son frère, haut fonctionnaire de l'Empire enlevé par une bande de brigands (les méchants) menée par Tigre Face-de-Jade… On est encore proche de l’esprit de l’Opéra chinois et on peut y trouver des faiblesses, c’est sûr, les techniques actuelles nous ont rendus exigeants et pourtant, ce film a un charme certain…
Cheng Pei Pei :
Cheng Pei Pei est « La reine du Wu Xia Pian », c’est le surnom qu’on lui donne : issue de l’école de la Shaw Brothers, où elle apprend la danse et la comédie dès l’âge de 16 ans, elle tourne de nombreux films et devient réellement une star en 1966 avec ce rôle de l’Hirondelle d’or qui va transformer cette ballerine en… artiste martiale.
Le réalisateur apparemment pensait que si l’on sait danser, on sait aussi se battre… Ce lien entre danse et art martial est fréquent en Chine où de nombreux artistes martiaux ont été formés par l’Académie d’étude du théâtre chinois (Peking opera scool) comme Sammo Hung ou Jackie Chan…
Elle partira dans les années 70 aux USA et après une petite éclipse renouera avec le cinéma : c’est elle Jade la Hyène dans le célèbre « Tigre et Dragon »…
Et il y a même une suite, au titre sans véritable surprise : « Le retour de l’hirondelle d’or ».
Après ce film, les studios connaitront alors de nombreux autres succès avec principalement trois grands réalisateurs Chang Cheh (« Le justicier de Shanghai » / « Un seul bras les tua tous »…) Chu Yuan (« Le poignard volant »/ »Le tigre de Jade »…) et Liu Chia Liang (« la 36ème chambre de Shaolin » à voir…)
Bref, quelques heures agréables en vue … pour cet hiver ? au coin du feu avec une tasse de thé - chinois bien sûr (en cette saison, Xiao Long vous conseillera un Wu Long ou un Pu Er…)
Un tout petit livre à lire, qui s’emporte partout dans le sac… « Les chevaux célestes » de Jacques Pimpaneau.
Le livre :
Il s’agit de l’histoire du célèbre Zhang Qian. Comment, vous ne le connaissez pas !!! Cela tombe à merveille, il n’y a plus qu’à ouvrir ce bref opuscule et à découvrir la vie du premier explorateur chinois de l’Asie centrale.
Il y a bieeeen longtemps (au IIème siècle avant J-C) Zhang Qian 张骞 , fut envoyé par l’Empereur du moment, Han Wudi, septième Empereurde la dynastie Han en mission. A la recherche de nouvelles alliances qui préserveraient l’avenir de la Chine d’alors, Zhang Qian entreprend un grand périple. Accompagné d’une petite escorte, Zhang Qian sera rapidement capturé par les Xiongnu* et restera leur prisonnier une dizaine d'années, ne pouvant accomplir sa tâche. Bien traité durant cette captivité, il fondera une famille - qu’il abandonnera de temps en temps et de plus en plus longtemps pour de petites incursions vers l’inconnu… Il traversera le Pamir et le Tibet… ira jusqu’en Perse…
*.Xiongnu, ou Hunnu, est une confédération de peuples nomades turcs vivant en Mongolie, en Transbaïkalie et en Chine du Nord. Xiongnu est le nom que leur ont donné les Chinois dans l'Antiquité.
Le désordre qui suivit la mort du chef des Xiongnu lui permit enfin de rentrer au pays avec sa famille, en -126, sans avoir obtenu les accords d’alliances qu’il visait au départ mais avec de précieuses connaissances à faire partager.
Il rapporta des informations sur lesParthes, les Bactriens,les Sogdiens et fit connaitre de nouveaux produits commel'alfalfa, le raisin ... le vin ... Il ouvrit pour les Chinois des itinéraires encore inconnus, posant les jalons de la route de la Soie. Il a également découvert l'existence des ânes (fort utiles !), des chameaux et surtout d'une race de chevaux aux longues jambes, les « chevaux célestes » -d’où le titre de l’ouvrage- dans la vallée de Ferghana (en Ouzbékistan).
L’empereur de Chine d’ailleurs enverra des caravanes chargées de soie, pour en acquérir, alors que l’exportation de la soie était interdite et punie de mort (mais, bon… quand on est Empereur… on peut s’autoriser des petits aménagements…). Han Wudi, l’Empereur est un conquérant : À son apogée, les frontières de l'empire s'étendront de l'actuel Kirghizistan à l'ouest, la Corée à l'est et le nord du Vietnam au sud.
Zhang Qian est un exemple : brave, ouvert et curieux, il est aussi fin politique et pense que la conquête armée n’est pas forcément le meilleur moyen de se faire accepter par ses voisins. Les échanges commerciaux et culturels – entre peuples égaux- sont une solution à ses yeux plus efficace.
L’auteur :
Jacques PIMPANEAU est né en 1937. Il a étudié à l'université de Pékin (Beijing) de 1958 à 1960.
Ce sinologue éminent enseigna à l’école des Langues Orientales de 1965 à 1999. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la Chine, sa culture, ses coutumes, sa littérature, ses contes … Il a traduit de nombreux textes classiques et a réalisé quelques courts métrages sur son sujet favori.
Si vous ne connaissez pas encore Xinran, il est grand temps de la découvrir et son livre « Baguettes chinoises » est un petit bijou. C’est un livre qui se lit et se relit…
L’auteur :
Xinran est un pseudonyme signifiant en chinois « volontiers », « de bon cœur ».Journaliste et écrivaine chinoise, Xinran (欣然) est née en 1958 à Beijing. Issue d’une famille aisée, ses parents (« réactionnaires ») furent emprisonnés et elle vécu quelques années avec son frère dans un orphelinat.
Après ses études, elle finit par décrocher un poste à la radio où elle anime une émission quotidienne consacrée aux femmes et qui connait un véritable succès de 1989 à 1995. En 1997, elle quitte la Chine.
Elle vit actuellement à Londres où elle travaille pour The Guardian et la BBC. Elle a publié plusieurs livres principalement consacrés au sort des femmes.
Elle fonde en 2004 une association d'adoption entre la Chine et d'autres pays appelée Mother’s Bridge of Love.
Elle sait si bien décrire la Chine d’aujourd’hui, ses us et coutumes, les habitudes du peuple chinois qui perdurent encore et toujours malgré une Chine qui évolue à la vitesse grand V (pas Tai Ji tout ça !!!). Grâce à ses anecdotes et la précision des portraits des personnages qu’elle choisit, nous parvenons à mieux comprendre ce vaste pays de contrastes.
Sans vouloir vous gâcher le plaisir de la découverte, ce roman suit le destin de trois sœurs, que leur parents ont eu la grande imagination de nommer par leur ordre de naissance, Trois, Cinq et Six. Elles viennent d’un petit village de l’Anhui et vont tenter leur chance dans la grande ville de Nanjing.
Pleines d’espoirs, elles prennent pied dans ce monde citadin qui leur est totalement étranger.
Il faut savoir se faire une place dans le flux de cette modernisation très (trop?) rapide de la Chine : dans cet univers, il y a ceux qui en profitent et ceux qui la subissent.
Mais « Baguettes Chinoises » n’est pas un roman triste ou pessimiste, même si le thème de départ ne semble pas vraiment réjouissant, car ces « baguettes chinoises », ce sont les filles qui, dans les campagnes comptent pour du beurre (alors que les hommes sont les poutres sur lesquelles on peut construire un foyer) et qui partent pour prouver qu’elles ne sont pas si fragiles que ça, qu’elles aussi peuvent faire carrière !
Et Xinran sait si bien raconter avec des mots simples, des images, des proverbes (chinois bien sûr), des légendes… qu’on se laisse prendre au jeu.
Il n’est pas irréaliste d’être optimiste… Alors pour occuper vos soirées d’été….
Nous avons déjà brièvement abordé le sujet, mais il mérite un petit détour supplémentaire !
"Zhuangzi rêva qu'il était papillon, voletant, heureux de son sort, ne sachant pas qu'il était Zhuangzi .
Il se réveilla soudain et s'aperçut qu'il était Zhuangzi.
Il ne savait plus s'il était Zhuangzi qui venait de rêver qu'il était papillon ou s'il était un papillon qui rêvait qu'il était Zhuangzi."
Ce "rêve" de Zhuangzi, date du IVème siècle avant notre ère et fait partie d'un recueil de contes allégoriques, de fables, de paraboles qui contiennent tout l'esprit du Tao.
Le Zhuangzi, 莊子, est une des œuvres majeures du taoïsme avec le Dao de jing (Lao Zi).
Même les experts ne savent pas d’ailleurs lequel de ces ouvrages a précédé l’autre, mais ce n’est pas forcément le plus important dans cette histoire… ce sont des textes incontournables de toute façon.
Et comme souvent pour des œuvres aussi anciennes, certains pensent qu’il s’agirait de textes écrits par Zhuangzi – mais pas que ! Il y aurait aussi d’autres auteurs, ce serait une sorte de « compil », le fait qu’il s’agisse de petites saynètes autour d’une même thématique va dans ce sens…
Zhuangzi cependant a bien existé, né dans l’Etat de Song (Henan), il a vécu à l'époque des Royaumes Combattants dans le royaume de Chu. Il aimait la nature. Petit fonctionnaire (surintendant du jardin d’arbres à laque), il décline l’offre du roi de Chu d’occuper un poste très en vue et se retire loin de la cour pour vivre de la vente des sandales en paille qu’il tresse, puis voyage à travers les états sans rechercher succès, renommée ou richesse.
Ce recueil rassemble donc de petites histoires qui ne sont pas dénuées d’humour, le ton y est parfois un peu provocateur. Il est agréable à lire, et nous laisse pensif !
Il invite l'homme au Wuwei, un non-agir qui ne signifie pas passivité (rien à voir avec une petite sieste postprandiale sous un arbre, les doigts de pieds en éventail – par ailleurs, c’est un très gros effort d’avoir les doigts de pieds en éventail, je vous assure : essayez !), mais plutôt conformité de l'action à la nature des choses et des êtres.
Certains textes montrent combien la connaissance humaine est limitée. La logique, les raisonnements poussés à l’extrême , peuvent devenir pervers et sont des leurres. Souvent l’histoire se clôt sur un non sens patent qui n’est là que pour nous faire prendre conscience d’une autre vérité. Où est la frontière entre le rêve et la réalité ? Où est la frontière entre la connaissance et l’ignorance ? Est-ce déterminant ?
"Le rêve du papillon" est sans doute le passage le plus connu du Zhuangzi et pose la question de la nature de la réalité...
Dans notre volonté de tout contrôler, nous scindons la réalité, ce qui nous donne l’impression de mieux la maitriser. Nous oublions ce qu’est l’expérience immédiate –et donc incontrôlable.
L’unité avec le Dao ne peut être atteinte que par le détachement, la quiétude (contraire de l’inquiétude !), ne pas se demander où cela nous mène, mais simplement suivre.
« L’homme authentique » qui atteint cet état est le sage par excellence, invincible, rien ne le touche. (NB : ce nom « homme authentique » est souvent utilisé dans la dénomination de mouvements de formes de Dao Yin Yang Sheng Gong »)
Si vous voulez butiner plus, il vous suffit de voleter tranquillement, de vous poser chez votre libraire et de chercher "Le rêve du papillon", de Tchouang Tseu (et oui, une autre transcription!!!), par exemple aux éditions Albin Michel, collection "spiritualités vivantes".
Quel intérêt pour nos pratiques :
Ben, oui, nous ne sommes que des humains et nous cherchons à savoir en quoi ces lectures nous apportent quelque chose (on peut aussi régler le problème autrement et se dire que, si toute connaissance est vaine, ce n’est pas la peine de passer un weekend sur cette œuvre… Mais, bon, c’est un peu facile ça !!!)
Deux idées peuvent êtres pertinentes :
Que faisons-nous en Tui shou ? Adhérer, coller, suivre…, se détendre, être présent à l’action qui se fait, ne pas s’opposer directement… Avez-vous remarqué comme les idées préconçues se prêtent peu au Tui shou ? Si vous partez avec l’idée que vous allez faire ceci ou cela, c’est-à-dire que vous partez en voulant contrôler ce qui va se passer, en général, il n’en sort rien de bon (rien du tout même !)
Il vaut mieux s’adapter et ne rien imposer. C’est très Zhuangzi tout ça !!!
Dans un autre texte de ce recueil « Le boucher de Ding », il est question des artisans dont le savoir-faire est si ancien qu’il en devient une seconde nature, il devient instinctif et leur pratique est en accord total avec la nature. L’art acquis, nous sommes dans le « sans effort », le lâcher-prise.
Nous sommes des artisans en Tai ji quan, lorsque nous pratiquons, notre esprit est libre, nous sommes plus instinctifs que « raisonnés ».
Bon, je vois les sourires en coin d’ici… On est d’accord, ça ne vient pas tout de suite, d’ailleurs le boucher dit : « Au début, je ne voyais que le bœuf ; à présent mon esprit opère plus que ma vue » …
Et nous au début, nous sommes focalisés sur les détails, ce qui disperse notre pensée et ne permet pas à notre forme d’être fluide. Mais au fil du temps…
Bref, il ne faut pas croire que ces « vieux » textes soient dépassés. Il y a bien des sujets de réflexion pour les soirées d’hiver ou … les siestes d’été au frais au milieu de cette nature simple et en perpétuelle mutation.
« Au bord de l’eau », 水浒传 Shuǐhǔ Zhuàn, signifie littéralement « Le Récit des berges ». C’est un roman d'aventures tiré de la tradition orale, compilé et écrit sans doute par plusieurs auteurs, mais attribué à Shi Nai'an (XIVème siècle).
Ce roman raconte l’histoire de 108 « bandits » luttant contre la corruption du gouvernement et des hauts fonctionnaires de la cour de l'Empereur. De nombreuses versions existent et cette histoire est très célèbre.
Il est donc difficile de déterminer avec certitude qui est l'auteur / qui sont les auteurs du livre. La compilation originale en 100 chapitres est attribuée à Shi Nai'an, mais certains pensent que l’auteur serait plutôt Luo Guanzhong (auteur du Roman des Trois Royaumes). Shi Nai'an ne serait alors qu'un pseudonyme pour Luo Guanzhong ?
Une autre hypothèse dit que Shi Nai'an (dont l'existence n'est pas certaine), aurait écrit les 71 premiers chapitres, et son élève Luo Guanzhong, aurait rédigé les 29 suivants. Théorie du compromis ?
Bref, peut importe en réalité, car cela n’impacte en aucune façon l’intérêt de ces écrits.
Ce roman fait partie des quatre « Classiques » de la littérature chinoise à côté de « L’histoire des Trois Royaumes » (qui mérite aussi le détour !), du « Rêve dans le pavillon rouge » et de « La Pérégrination vers l’Ouest ».
L'ouvrage est la source d'innombrables expressions littéraires ou populaires et on retrouve souvent sous forme de pastiche, des scènes connues dans des publicités, des dessins animés, des clips vidéo.
De nombreuses adaptations télévisées du livre ont été réalisées en Chine et à Hong Kong tout comme au Japon où une série de jeux vidéo nommée « Suikoden » (Le récit des berges) a vu le jour. Car l'histoire des 108 bandits de Liangshan a connu un grand succès au Japon, où de nombreuses traductions et versions ont été éditées. Au fur et à mesure, les héros ont eu tendance d’ailleurs à être assimilés à des Japonais, mais on ne va pas … chinoiser !
Chez nous est sorti il y a déjà un moment le film « Les 108 Rois-Démons » qui prend aussi cette histoire pour toile de fond.
Un peu d’histoire :
Song Jiang, le chef des bandits, est un personnage historique, chef d'une rébellion sous les Song qui réussit à s'emparer de la capitale orientale, l'actuelle Kaifeng et de la Province du Hebei. Les troupes de l'Empereur mirent des années à le vaincre. Sa bande céda face à l'armée de l'empereur en 1121.
Bien qu'imprégnés de valeurs morales et d'un grand courage, ils sont poussés dans la clandestinité par les cadres corrompus de l'administration de l'époque (Song du Nord). Les 108 héros arriveront à obtenir une amnistie de l'empereur, chose que désire plus que tout leur leader Song Jiang. Ils se battront ensuite pour l'Empire, obtenant honneurs et la sympathie du peuple. Happy end donc !
108 !
Cent-huit est un nombre important dans les croyances chinoises, et on le retrouve souvent. Le chapelet bouddhiste compte 108 grains. On sonne les cloches 108 fois, certains taolu traditionnels comportent 108 mouvements…C’est le nombre d'étoiles sacrées dans l’astrologie chinoise…. Les bandits les plus populaires de Chine ne pouvaient qu'être cent-huit.
Trente-six d'entre-deux sont liés aux astres célestes, ce sont les « meneurs » ; soixante-douze autres, moins puissants, sont liés aux astres terrestres, ce sont les forces « actives ».
Parmi les 36 premiers, on trouve : Tête de Léopard, la Licorne de Jade, Le Dragon Bleu, Le Pèlerin (Wu Song que nous connaissons bien puisque certains mouvements de Qi Gong Dao Yin Yang Sheng Gong le mentionnent dans leur nom !) et bien d’autres aux noms tout aussi évocateurs…
Parmi les 72 « lieutenants », on citera Le Général tacticien, Éventail de Fer, Moustaches pourpres…. Les exploits de chacun, leur rencontre et leur combat commun sont racontés en détails.
Les traductions du livre
Le livre Au Bord de l'eau a été traduit dans de nombreuses langues. L'une des premières traductions en anglais fut celle de la célèbre américaine Pearl S.Buck.
La version la plus appréciée des Chinois a été traduite intégralement en français par Jacques DARS (Gallimard dans la Pléiade)
" Zhuāngzǐrêva qu'il était papillon, voletant, heureux de son sort, ne sachant pas qu'il était Zhuāngzǐ .
Il se réveilla soudain et s'aperçut qu'il était Zhuāngzǐ.
Il ne savait plus s'il était Zhuāngzǐqui venait de rêver qu'il était papillon ou s'il était un papillon qui rêvait qu'il était Zhuāngzǐ."
Ce "rêve" de Zhuāngzǐ ( 莊子 ) , date du IVème siècle avant notre ère et fait partie d'un recueil de contes allégoriques qui contient tout l'esprit du Tao. Ce texte est à la fois philosophique et littéraire et influencera nombre d’écrivains et dramaturges.
On ne sait que peu de choses sur cet homme qui vivait à l'époque des Royaumes Combattants (476 à 221 av. J.-C.).
Originaire peut-être du district de l’état de Chu, il occupera une place de petit fonctionnaire avant de se retirer du monde. Comme cela est le cas pour bien d’autres penseurs, certains doutent de son existence… Toujours est-il que le texte est là ! Et pour nous, c'est ce qui compte...
Son œuvre est un des Classiques fondamentaux de la pensée chinoise. Il invite l'Homme au wu wei, un non-agir qui ne signifie pas passivité, mais plutôt conformité de l'action à la nature des choses et des êtres.
"Le rêve du papillon" est sans doute le passage le plus connu du Zhuangzi et pose la question de la nature de la réalité...
Si vous voulez butiner plus, il vous suffit de voleter tranquillement, de vous poser chez votre libraire et de chercher "Le rêve du papillon", de Tchouang Tseu (et oui, une autre transcription!!!), aux éditions Albin Michel, collection "spiritualités vivantes".
Voilà un titre prometteur et les lecteurs ne seront pas déçus.
Cet ouvrage, coécrit par les Docteurs Angles, Darakchan et le Professeur Zhu Mian Sheng, est une bonne approche pour tous ceux qui cherchent à approfondir leurs connaissances dans ces domaines « subtils » du souffle et de l’énergie.
Le Docteur Angles est depuis longtemps élève de Maitre Zhang Guan De (créateur du Dao Yin Yang Sheng Gong, récemment décédé à l’âge de 88 ans) qui a rédigé la préface de l’ouvrage.
Le Docteur Darakchan était versé en phytothérapie chinoise.
Le Professeur Zhu est une éminente experte, elle a publié de nombreux travaux en Chine et enseigne à Paris XIII.
Y sont présentés les différents types de Qi Gong ainsi que les principes de bases nécessaires à une bonne pratique. Une dernière partie propose quelques exercices simples.
Si l’on souhaite aller au-delà de la simple « gymnastique », il est un moment où il faut se pencher un peu plus (pas trop non plus….) dans la pensée chinoise et le fonctionnement de celle-ci. Ce livre a le mérite d’être abordable facilement, contrairement à bien d’autres qui ne s’adressent en fait qu’aux (déjà bien) initiés !
Si donc vos soirées « télé » ne vous satisfont plus, ce bouquin pourra vous tenir compagnie et éclairer votre lanterne (chinoise, bien sûr !).
Ce blog est a but non commercial, non lucratif. Il délivre des informations et des commentaires techniques et culturels pour les pratiquants de Tai Ji Quan et de Qi Gong ainsi que pour tous ceux qui s’intéressent à la culture asiatique.
Si vous voulez pratiquer le Tai Ji Quan ou le Qi Gong, allez sur le site de l'association Feng yu Long où vous trouverez toutes les informations nécessaires.