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11 novembre 2023 6 11 /11 /novembre /2023 14:59

La conception d’un monde selon les principes de « Tao », « Ying Yang », « Wu Xing » (5 mouvements) s’applique à tous les domaines. La médecine ne fait pas exception.

C’est une vision globale, « ronde », dans laquelle tout est lié, où les éléments se correspondent et se répondent. Nos habitudes  occidentales sont plus « carrées », une chose se considère en tant que telle, indépendamment des autres, sans aller chercher trop loin les interactions…

La médecine chinoise cherche à harmoniser un ensemble en mutations permanentes, elle travaille sur les souffles, sur de l’impalpable. La médecine plus classique cherche à supprimer un symptôme plus tangible, de surface (et ça fait du bien, il faut le dire… mais, tout n’est pas réglé pour autant…). Elle a parfois tendance à nier en bloc le non visible, le non mesurable. S’il n’y a rien à tâter, à couper… elle reste perplexe.

Mais, pas question ici de jeter bébé avec l’eau du bain ! Ces deux approches sont complémentaires, on ne peut que regretter qu’elles ne soient pas « fondues » dans un grand tout, pour la plus grande joie (et santé) de nombreux malades… Ce serait un beau Yin Yang, non ?

Le plus ancien ouvrage de médecine traditionnelle chinoise est le Huangdi Nei Jing (), Classique interne de l'empereur Jaune. La rédaction de cet ouvrage est attribuée au mythique Empereur Jaune. Il se présente comme un dialogue entre l'Empereur Jaune et Qí Bó (岐伯), son médecin et ministre (déjà du cumul de fonction…).

L'Empereur Jaune aurait régné de -2697 à -2598 avant J.-C. (soit 100 années) et aurait notamment mis en place l'administration chinoise, développé l'écriture, inventé l'acupuncture ainsi que le cycle sexagésimal des dix troncs célestes et des douze rameaux terrestres. Il fait partie des cinq Empereurs légendaires. Cet Empereur a-t-il existé ? A-t-il rédigé ce recueil ?

N’est ce qu’une « compil » réalisée durant la période couvrant les Royaumes combattants et la dynastie Han ? La réponse ne sera guère plus précise que celle fournie habituellement aux questions : « Le Roi Arthur a-t-il existé ? Homère a-t-il écrit l’Iliade ?  Encore une question : L’essentiel n’est-il pas que ces ouvrages existent, tout simplement ?

Ce recueil comprend deux parties de 81 chapitres: le Sùwèn (素問, Questions élémentaires) et le Língshū (靈樞, Pivot de l'esprit). Tous les aspects de la médecine y sont abordés, on y évoque plus particulièrement le traitement par acupuncture. On y parle de l'usage de poinçons de pierre qui auraient pu être utilisés avant l'apparition des aiguilles en métal : Cette méthode était appelée bian jiu1. Ce traité vise à rétablir l'harmonie de l'homme avec la nature.

Et comme souvent, il existe plusieurs versions de ce recueil « unique »… celle de Wang Bing (762), une autre retrouvée au Japon, celle de Yang Shang Shan, proche de la version de Shenzong (1070) , celle de Li Nien Wo, plus tardive puisque sous la dynastie Ming...

Mais, bon, quelle qu’elle soit, le fond reste identique : une analyse de la place de l’homme dans l’univers, conformément à la conception taoïste.

L'ouvrage étudie les dérèglements selon les saisons, les variations du teint, les subtilités des pouls, l'état des cinq organes, des cinq saveurs, des six énergies… Il précise le maniement de l'aiguille, et la pratique des moxas (technique de stimulation des points d'acupuncture par la chaleur), afin de rétablir l'harmonie entre le haut et le bas, entre l'intérieur et l'extérieur.

 

PHOTO Xiao Long

 Xiao Long a choisi quelques passages du Sùwèn qui n’ont pas prit une ride… De quoi « méditer » sur un nouvel « âge d’or » qui ne peut s’atteindre sans quelques efforts et/ou changements de trajectoire…

De la pureté naturelle dans la haute antiquité

Il y eut jadis un Empereur Huángdì. Perspicace dès la naissance, disert dès le jeune âge, il fut sage dès l'adolescence, grandit en droiture et en finesse, puis ayant achevé sa tâche, il monta au ciel. Il dit au Maître Céleste Qí Bó :

« – On m'a rapporté que, dans la haute antiquité, on vivait centenaire sans que l'activité faiblisse. Les gens d'à présent sont déjà affaiblis à 50 ans. Est-ce par suite d'un changement d'époque ou par la faute des hommes ?

– Obéissant au Dào, les anciens se modelaient sur le Yīn-Yáng et se conformaient aux Nombres. Ils étaient modérés dans leur alimentation et réglés dans leurs activités. Ils évitaient le surmenage, se gardaient de détériorer leur corps et leur esprit, se permettant ainsi de vivre un siècle. Les gens d'à présent n'agissent plus de même, ils se gavent d'alcool, sont téméraires et luxurieux. Les passions épuisent leur essence et dilapident leur Souffle naturel. Insatiables et inconsidérés, ils se livrent à leurs penchants, vont à l'encontre des vraies joies de la vie, s'agitent sans mesure et se fatiguent prématurément.
Les Sages de la haute antiquité apprenaient à chacun à éviter à temps les « perversions d'épuisement et les vents pirates », et à maintenir, par le calme et la concentration, leur souffle naturel dans la docilité, à bien contenir leur esprit à l'intérieur de telle sorte que les maladies soient sans prise. Grâce à la restriction des appétits et à la contention des velléités, le cœur demeure paisible et sans émoi, le corps travaille sans s'épuiser, le souffle suit un cours régulier et chacun d'eux est satisfait. Appréciant leur nourriture, contents de leur vêtement, joyeux dans leur médiocrité, sans envie pour de plus hautes conditions, les gens étaient ce qu'on appelle « simples ». Aucune cupidité ne ternissait leur regard, aucun dérèglement n'atteignait leur cœur. Gens ordinaires ou savants, sages ou non, tous ignoraient les émois, car ils se conformaient au Dào. Ils atteignaient cent ans sans que leur activité se lasse car leur vertu était sans défaillance. »

Poème :

« Dans le calme, on atteint l’état de non-agir, pour tout faire.

Dans le calme profond, on arrive à atteindre un objectif plus loin, plus complet.

Dans l’état de calme profond, dans la joie du vide et du non-avoir, alors l’énergie véritable se produit,

Si l’essence et l’esprit sont conservés à l’intérieur, d’où la maladie pourrait-elle venir ? »

 

Allez, « calme et voie du juste milieu »…  une petite méditation là-dessus, un bon petit repas équilibré en saveurs et couleurs et … au dodo !

 

PHOTO Xiao Long

 

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Published by Xiao Long - dans CULTURE DES PAGES et DES IMAGES

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