Nous voilà arrivés à l'un des mouvements les plus riches de cet enchainement: Lan Que
Wei 揽 雀 尾 (saisir la queue de l'oiseau ou du moineau selon les traductions finalement plutôt fidèles puisque Lan signifie serrer, attacher; Que: moineau, oiseau et Wei: queue, bout).
C'est un mouvement qui regroupe 4 techniques de base du Tai Ji Quan que l'on retrouve sous le nom de "4 portes" ou "4
potentiels" : Peng (parer), Lü (tirer ou rouler vers l'arrière), Ji (presser), An (pousser). Vous m'en direz tant! C'est
quoi ces potentiels?


Peng: sert à parer, à se protéger, sert à pousser aussi: il est "expansif". C'est l'idée du ballon qui grâce à son élasticité reste solide et
"plein", même si on appuie dessus pour le comprimer.
Lü: sert à tirer, à emmener le partenaire jusqu'à sa limite d'équilibre, à le déraciner: il est "attractif" et relativement passif, puisque
on ne fait que poursuivre le mouvement initié par le partenaire qui avance vers vous.
Ji: se fait à deux mains, il est proche de Peng, il sert à propulser le partenaire: on ajoute à "l'expansif" de Peng, l'"impulsif", et la main en "Peng" se voit renforcée par l'autre main pour une plus grande
efficacité.
An: absorbe et utilise les paumes, poing ou pied pour pousser et déraciner le partenaire.
Peng, Lü, Ji, An correspondent aux points cardinaux (sur ces points cardinaux, les attributions sont fluctuantes... de quoi y perdre le nord! En ce qui concerne Xiao Long, il reste
fidèle à l'enseignement de son Maître:Peng au sud, Lü à l'ouest, Ji à l'est et An au nord).
On appelle ces 4 techniques Si Zheng (4 directions).
Comme ce mouvement, "saisir la queue de l'oiseau", comprend les principes fondamentaux du Tai Ji Quan, certains le surnomment "Le petit Tai Ji
".
Bien, mais c'est pas tout ça! Dans le 8 mouvements, qu'en est-il de cette queue d'oiseau?
Nous allons la saisir d'abord à droite, puis à gauche. Une fois les
coups de pieds finis, les mains se replacent autour du "ballon", main gauche en haut, puis on déroule, comme pour Ye Ma Fen Zong, mais la main devant se place à l'horizontale (et
non en diagonale), puisque l'on "pare". Position de l'archer (Gong Bu). Et PENG! (photo 1: Maitre Yang Chen Fu)
Toujours en Gong Bu, la taille pivote ensuite légèrement, les mains se placent pour "tirer" en Lü. On tire en diagonale, vers le côté, pas de face, sans quoi votre partenaire, s'il était
là, vous écraserait les pieds, et ce n'est pas agréable du tout! (photo 2). Le poids est sur la jambe arrière.

Puis on se replace de face, les mains se rejoignent et se positionnent pour le Ji. On part du principe que l'on "presse" à sa hauteur (nos "adversaires fictifs" ne sont jamais plus grands - ni
plus petits - que nous: cela nous permet de conserver les coudes et les épaules relâchés).
De nouveau nous voilà en Gong Bu!
(photo 3 - NB: il n'est pas du tout utile de descendre aussi bas, nous cherchons à préserver notre santé... et celle de nos genoux)
Enfin, après avoir absorbé (poids sur la jambe arrière), les mains se préparent à pousser
(photo 4). Et on finit en Gong Bu. Et voilà, le moineau est bien attrapé à droite, il n'y a plus qu'à s'occuper de celui de gauche!
Je vous rappelle que le 8 mouvements en comprend insidieusement 10. Nous sommes près de la fin, mais il faut attendre encore un peu pour pouvoir "fermer". Mais, bon, nous ne sommes pas pressés
puisque nous pratiquons le Tai Ji Quan!