Nous avons déjà parlé un peu de Lu Zi Jian. Cet homme hors du commun mérite que l’on
s’arrête un moment sur sa longue vie. Il serait aujourd’hui âgé de 119 ans et l’un des hommes les plus vieux du monde ! On nous répète sans cesse que nous allons tous atteindre un très
grand âge (sans doute pour expliquer pourquoi on nous met au boulot plus longtemps !), alors il faut s’y préparer… et débusquer les… secrets !
Né en 1893, 19ème année du règne de
L’Empereur Guang Xu (dynastie Qing), Lu Zi Jian vit à Chongqing (Sichuan) et nombreux sont ceux qui viennent lui demander le secret de sa longévité...
(souhaitant sans doute éviter l’empoisonnement au mercure : combien de malheureux taoïstes ont cru à cet élixir, en ont ingéré et… y ont
succombé dans leur quête de l’immortalité !)
Ce disciple de Li Chang Ye (Maître de
« Ba Gua Zhang »), était déjà célèbre à Shanghai dans les années 30 (!), il poursuit son entraînement aujourd’hui encore. Il se souvient avoir combattu contre un Américain de plus d’un
mètre quatre-vingt pendant plus d’une heure et de l’avoir vaincu grâce à un esprit clair et selon les techniques de « la Paume de 8
Trigrammes » (Ba Gua Zhang). Il avait de qui tenir : son père était expert martial et escortait des
convois le long du Yangtsé.
Maître Lu s’est vu gratifié en 2002 du neuvième niveau (Duan) par
l’Association des Arts Martiaux de Chine. Participant déjà depuis ses 86 ans aux compétitions (vous voyez, il n’est jamais trop tard !), il intègre à 93 ans l’équipe d’entrainement des arts
martiaux de la Province du Sichuan.
Le vieil homme est très souple, alerte, vif, en bonne santé, et il répond qu’il suffit de cultiver la vie en guidant le Qi
dans le corps et de bouger les mains et les pieds en pratiquant la « boxe » chinoise. Pour rester en vie longtemps, il faut savoir « équilibrer le mouvement et le
repos », éviter les excès dans un sens ou dans l’autre.
Il voyage partout en Chine, toujours en forme. Il paraît plus jeune que son âge et il montre sa carte d’identité pour
prouver qu’il est né en 1893… Quelques chercheurs étudient encore la question et doutent de son âge, mais il en est ainsi de beaucoup de ces
« recordmen » des annuités : il est bien difficile de vérifier les données quand on remonte le temps si loin en arrière.
Ses secrets :
Tous les jours, Lu Zi Jian se lève à 7 heures, il pratique, il médite, il peint, il lit, il rend des visites. Végétarien,
il adore les tomates (Allez, on commence notre cure demain ?). Il réside chez son petit-fils et va dormir à 23 heures. Et il propose même un livre et une vidéo pour présenter ses
techniques !
Finalement une vie bien remplie, calme pourtant, laissant la place aux exercices du corps et de l’esprit.
Et nous alors ?
Mais bon, nous n’avons pas tous commencé notre pratique à l’âge de 7 ans et nous ne sommes pas parti à l’âge de 20 ans
dans les montagnes Wudang pour apprendre les styles taoistes internes de l’école de « La Porte du Dragon ». Nous ne sommes pas de grands maîtres… Et nous n’aimons pas tous les
tomates !
Que
faire ?
Les secrets de nos anciens vont de la tomate au godet de mirabelle en passant par la soupe de graine de lin et une grande
marche quotidienne… Autrement dit : il n’y en a pas…
Nous pouvons cependant essayer de rester proche de la nature, de son rythme,
prendre le temps de nous recentrer, n’accorder d’importance qu’à ce qui est réellement important…
Finalement le plus souvent les personnes qui vivent longtemps sont celles qui choisissent de se retirer un peu de cette
agitation qui dévore notre énergie, celles qui renouent avec l’essentiel.
Évidemment, on ne peut pas –ou on ne veut pas–forcément se transformer en « moine », en « ermite » et
vivre hors du monde et de son rythme. On peut toujours par contre s’arrêter un moment, et regarder les autres passer au pas de course, pour refaire nos réserves.
En ce domaine, comme dans bien d’autres, la prise de conscience est primordiale. Ensuite c’est la prise de décision qui
marquera le « niveau 2 » et enfin c’est la régularité avec laquelle on reposera « la machine » qui fera la différence sur le long terme. Et puis, ça ne mange pas de pain (!)
de se faire une salade de tomates !
Aujourd’hui :
Victime en 2009 d’une chute, Lu Zi Jian semble avoir bien récupéré et sa petite fille , Lu Shun Hua, elle aussi versée en
arts martiaux et internes, veille sur lui.
Site en anglais consacré à Lu Zi Jian: http://luzijian.com/