"Il faut apprendre à être carré à l'intérieur
Et rond à l'extérieur"
"Il faut apprendre à être carré à l'intérieur
Et rond à l'extérieur"
Poursuivons....
Il est temps de passer au simple fouet. Dan peut se traduire par « simple » ou « unique » et Bian par « fouet » de cuir, de rotin… Il existe en Chine une arme traditionnelle, le « Jiu Jie Bian », fouet ou chaine à neuf sections.
Le simple fouet est une technique que l'on retrouve souvent. Dans la forme 88, la forme longue, le Dan Bian revient une dizaine de fois : on a (dan) bian le temps de peaufiner !
Les pieds :
Après Lan Che Wei, nous sommes en Gong Bu (pas de l'archer), poids sur la jambe droite (en avant). On passe le poids sur la jambe arrière (la gauche donc!), puis le poids du corps revient dans la jambe droite: le pied gauche se rapproche et se place, pointé, à côté du pied droit.
Pour simplifier, on se balance d’un pied sur l’autre…
Les mains : Ah oui ! Les mains... Car, il n’y a pas que les pieds… les mains aussi ont des choses à faire !
Lorsque le poids du corps se replace en arrière, la main droite part en arc de cercle par le bas, continue sa route en arc de cercle pour se replacer sur la droite en « crochet », poignet cassé, doigts réunis, (Gou), sur la droite, à hauteur de l'oreille. Pendant ce temps, la main gauche s’active aussi et part en arc de cercle, par le bas, avant de se replacer à hauteur de l'avant-bras droit.
Accessoirement, on évite l’apnée : on inspire...
Épisode II :
Le bras gauche s'ouvre, s'éloignant de la poitrine, en arrondi alors que le pied gauche (qui était en léger appui sur sa pointe) se soulève et se repose en avant (sur l'axe de déplacement donc) par le talon.
Et ENFIN, on déroule le pied gauche, pour terminer en Gong Bu, plaçant la paume gauche vers l'extérieur comme pour pousser. On expire.
Points clés :
Pour une belle stabilité :
Pour ne pas « loucher » :
Et martialement parlant?
Ce ne sont pas les interprétations qui manquent : ce serait plutôt le temps pour les expérimenter sur le « terrain ». Le plus souvent le nom « simple fouet » est interprété comme suit : le corps est un « bras », qui va donner l’impulsion au « fouet » qui est le bras (on suit toujours derrière ?). La main en crochet est le bout de la lanière…
Xiao Long propose d'interpréter le crochet de la main en blocage/saisie ou en frappe.
Si l'on saisit de la main en crochet, on peut ensuite frapper ou pousser de la main ouverte en avant, sous l'aisselle (par l'extérieur), au plexus (par l'intérieur).
Si l'on pare et dévie une attaque de la main ouverte, le crochet peut servir à frapper au visage, à la gorge...
(Attention : ne pas oublier qu’un partenaire est précieux et rare ! Ne tapez pas trop fort sur le vôtre… surtout qu’après – dans la phase deux, c’est vous qui allez servir de punchingball!)
Attention!😉
Toutes ces techniques bien sûr doivent rester fluides....
LES MAINS DANS LES NUAGES…
Les mains dans les nuages (et les pieds dans les flaques –en ce moment !), Yun (nuages) Shou (mains) est un bien beau mouvement qui demande une gentille synchronisation haut/bas…
Pour les « mains dans les nuages », la tête n’a pas intérêt à y être !
On achève le « simple fouet » (Dan Bian), en Gong Bu (pas de l’archer), appui jambe avant donc (la gauche).
On va refermer le pied gauche (pointe du pied vers un miroir virtuel pour ceux qui n’ont pas la chance d’en avoir un dans leur salle !), passer le poids dans la jambe droite, puis on repassera le poids dans la jambe gauche.
En même temps, la main droite, en crochet (Gou) s’ouvre, et amorce sa descente, pendant que la main gauche descend vers le bas et passe devant le corps.
Les mains décrivent un mouvement en forme de « jet d’eau » alternatif, du centre vers l’extérieur. Et en bas, il s’agit d’un genre de pas chassé trèèèèès lent (tai ji quan quoi…).
Cela vaut la peine de se donner un peu de mal, car il faut reproduire ce mouvement 3 fois.
Les clés :
Les pieds:
Ils se déplacent latéralement, le pied droit va se rapprocher du pied gauche et l'espace entre les deux pieds est d'un ... pied... à peu près. On ne joint pas les pieds, ce qui nous donne un meilleur équilibre.
Le pied se déroule à chaque fois du talon vers la pointe, se repose de la pointe vers le talon.
Les genoux sont parallèles –si possible- on ne fait pas chasse-neige, pointes en dedans ; on ne joue pas les canards non plus… pointes en dehors.
Les mains:
Elles se meuvent dans les nuages (et pas dans du béton !), souples... légères.
La synchronisation pieds/mains est un point délicat. On peut globalement se repérer sur trois points : quand la main droite est en haut, le pied gauche est allégé ; main/pied sont sur une diagonale. Quand les pieds sont rapprochés, les mains sont au centre, droite en bas, gauche en haut. Quand je déplace le pied droit vers la droite, la main gauche est en haut… L’image même du parfait Yin Yang !
Une fois /, une fois I et une fois \ et hop, on repart !
Le regard :
Il suit les mains au niveau du visage en alternant, une main passe, on la suit, l’autre main passe devant les yeux, on la suit. Le regard « suit le mouvement des mains » signifie que l’on suit le mouvement, pas les mains ! Si votre regard se fixe sur la main elle-même, au deuxième nuage, on ne saura plus où l’on habite!
Le corps :
C'est un mouvement dans lequel la taille joue un grand rôle, c'est elle qui permet l'amplitude du mouvement.
Le changement d’appui se fait sans faire « yoyo » ou montagne russe, on reste à la même hauteur (d’où l’intérêt de bien choisir sa « hauteur de croisière » dès le début… modestie, modestie…)
Accessoirement je n'oublie pas de respirer, ça peut aider! Main droite en bas, inspirer, main droite en haut expirer…
Application(S) :
Comme toujours, elles sont nombreuses ( clés, projections, frappe... ! Et votre adversaire (car il n’est plus question de partenaire après tout ça !) ne verra plus aucun nuage… Il ne verra que des étoiles (au moins 36 !)
"L'empreinte laissée sur le chemin
n'est pas la sandale elle-même »
Repousser le singe "dao juan gong", 4fois, fait suite au "pipa". Dans la forme 8 mouvements, tout se passait bien: les pieds restaient fixés au sol et il n’y avait pas à s’en préoccuper. Dans la forme 16, on repoussait 2 singes et ici... il va falloir en repousser 4 !!! Une famille entière !
Les mains:
La main droite descend, bras relax, et va décrire un demi-cercle à 45°, la paume regarde naturellement le ciel. La taille initie le mouvement. Et la main gauche se replace devant soi, en avançant un peu le bras vers l'avant, paume vers le sol au même moment (enfin, on essaye!), les bras ne sont pas "tendus, bloqués".
La main gauche se tourne vers le ciel à l'instant précis où la main droite se tourne vers la terre. C'est une phase d'inspiration (comme pour les artistes, l’inspiration, il n’y a que cela de vrai). Inspiration d'autant plus utile que ... le pied droit se soulève au moment où... les mains commencent à monter.
Les pieds:
La pointe du pied gauche se repose au sol derrière le pied droit, au moment où la main droite, paume vers le sol, commence à glisser sur l'avant-bras gauche pour repousser les animaux en question.
C'est une phase d'expiration, d'ancrage au sol. Veillez à ne pas "croiser" les pieds (ce n’est pas du Tai Ji irlandais! Quoi que...): si le pied gauche se pose trop près derrière le pied droit, l'équilibre est plus difficile à tenir. La "torsion" ne vient pas de la position des pieds, mais de la flexibilité de la taille (sinon, « c’est de la triche »).
Penser à:
Récompense:
Une fois réalisé à droite, repousser le ouistiti s’effectue à gauche...!
Pareil... en vice versa! (lumineux non?)
Après « Dao Juan Gong » (repousser le singe), nommé également « Dao Nian Hou » qui peut se traduire par « le singe bat en retraite », nous allons devoir nous occuper des oiseaux…
« Lan Che Wei », ce mouvement que l’on retrouve dans toutes les formes se traduit par « saisir la queue de l’oiseau » (ou du moineau…). Il y a beaucoup à dire à ce sujet, alors, accrochez vos ceinture, on est partis !
C'est un mouvement qui regroupe 4 techniques de base du Tai Ji Quan que l'on retrouve sous le nom de "4 portes" ou "4 potentiels" : Peng (parer), Lü (tirer ou rouler vers l'arrière), Ji (presser), An (pousser). Bien, bien… mais que sont ces potentiels ?
« Saisir la queue de l'oiseau », comprend donc les principes fondamentaux du Tai Ji Quan, pour cette raison, certains le surnomment "Le petit Tai Ji ".
Alors là aucune excuse de ne pas le faire ce mini-Tai Ji passe même dans un ascenseur !
Revenons-en à nos moutons- euh, nos moineaux … Dans la forme 24, nous allons saisir une fois à gauche puis une fois à droite.
Au sortir du « repousser », les mains se replacent pour prendre notre ballon virtuel, main droite en haut. Le pied droit sera notre appui, pied gauche ramené, pointé.
La main droite est en haut, puis on déroule, comme pour Ye Ma Fen Zong, mais la main gauche, devant, se place à l'horizontale (et non en diagonale), puisque l'on "pare". Et voilà « PENG! »
Puis la taille pivote légèrement, les mains se placent en pince, mains gauche en haut, paume vers le sol, main droite en bas, paume vers le ciel, pour "tirer" en Lü. Vos mains se positionnent comme pour saisir (non, pas la queue du moineau…) le bras d’un adversaire au niveau de son coude et de son poignet.
On tire en diagonale, vers votre côté droit, pas de face, sans quoi votre partenaire, s'il était là, pourrait vous broyer les orteils…
Puis on se replace de face, les mains se rejoignent et se positionnent pour le Ji. Le bras droit aura du chemin à faire pour retrouver le bras gauche : il s’écarte latéralement et décrit un mouvement circulaire avant de revenir vers le bras gauche. La main droite se pose sur la main gauche, main droite paume vers l’avant, main gauche paume vers soi. Le contact ne se fait pas « du bout » des doigts : ce sont les « talons » des paumes qui entre en contact pour que ce Ji soit solide. On part du principe que l'on "presse" à sa hauteur (nos "adversaires fictifs" sont de notre taille : Il n’est pas loyal de s’attaquer aux plus petits, et dangereux de se mesurer aux plus grands…et cela permet de conserver les coudes et les épaules relâchées).
Enfin, après avoir absorbé, les mains se préparent à repousser « An ». La main droite glisse sur la main gauche, les mains s’écartent et tirent vers soi, paumes vers le sol, comme pour amener à soi un adversaire –déraciné- les mains descendent du niveau de la poitrine au niveau du ventre pour « absorber » avant de repousser comme si on voulait passer sous le centre de gravité de l’adversaire pour le « renvoyer » dans ses pénates.
Et voilà, le moineau est bien attrapé à gauche, il n'y a plus qu'à s'occuper de celui à droite!
Pour le passage d’un côté à l’autre, les 2 mains glissent comme pour « nettoyer la table » (terme non homologué, breveté Xiao Long !), la main droite va se replacer en bas d’un ballon virtuel, la main gauche en haut (bien sûr !), le pied droit pointé à côté du pied gauche. Et on y retourne…
Points clés :
Conserver le dos droit, ne pas se pencher en avant sur les poussées.
Les pieds ne sont pas (ils ne le sont jamais !) sur la même ligne afin de rester stable sur les « tirer » en particulier…
Ce mouvement nécessite un travail de taille, on pivote sans cesse, les bras bougent finalement assez peu.
Peng Lü Ji An se retrouve dans l’exercice à deux de Tui Shou, « tourner des mains ».
Peng Lü Ji An représentant l’axe des cardinaux, 4 autres potentiels existent et occupent les diagonales : Cai (cueillir, tirer vers le bas), Lie (tordre, fendre, séparer), Zhou (coude), Kao (épaule)…
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces 4 portes, mais… il faut savoir ouvrir la fenêtre et laisser s’envoler les moineaux… À eux de découvrir la richesse de ces techniques…
"Le serpent du mont Shan frappe de la queue
quand on attaque sa tête,
de la tête quand on attaque sa queue,
et des deux quand on attaque son ventre".
Le mouvement n'est pas très complexe, d'autant plus que si vous avez appris les formes pédagogiques 8 ou 16 mouvements, cette technique est déjà connue.
On commence cette fois par brosser son genou gauche, la main gauche passe en arrondi devant le genou en question (on peut s’y entrainer au jardin après avoir biné les plates-bandes !!!). On pousse face à soi de la main droite.
Il suffit de vérifier:
*que le corps reste vertical tout au long du mouvement (penser au fil attaché à Bai Hui, les 100 réunions),
*que le genou ne dépasse pas les orteils en finition du pas de l’archer, gong bu (le poids du corps plus en avant – 70%- et non pas un gong bu "d'occasion" avec poids trop au milieu... du genre méfiant !)
*que les épaules soient détendues, les coudes relâchés... même en poussée, les articulations ne se bloquent pas, les épaules ne montent pas.
*On reste attentif à la transition entre les « brosser de genou » : la main qui va pousser monte bien latéralement jusqu’au niveau du visage, l’autre main au niveau du coude de ce bras levé. Pas de ballon tout rond ici !
Puis on reproduit cette technique encore deux fois.
Pour rendre cette technique plus vivante, on peut visualiser son application. Par exemple, on peut imaginer que la main qui brosse bloque et dévie une attaque de poing ou de pied, ce qui donne un peu de contenu au mouvement de balayage latéral. L'autre main peut pousser ou frapper l'épaule d’un partenaire (si l'attaque est croisée) ou le frapper au plexus, ce qui peut aider à conserver la main à un niveau correct et logique (et on y va en douceur tout de même surtout si l’on tient à conserver son partenaire encore quelques temps…).
On peut aussi envisager un trajet énergétique diagonal qui partirait « de la racine », le pied arrière- et se prolongerait vers le haut du corps et la main qui pousse- via la taille- par exemple.
Ou on peut porter son attention sur l’axe vertical Terre/Ciel en tirant sur Bai Hui tout en conservant les deux pieds « racines » bien collés au sol.
On peut aussi se concentrer sur l’axe horizontal avant/arrière : dos rempli, main en poussée…
Question de feeling tout ça… à expérimenter…
SHOU HUI PIPA
🎼Êtes-vous doué pour la musique ? C’est ce que vous allez découvrir en réalisant le pipa (琵琶; pinyin: pípá). Pour jouer de ce "luth", il faut être précis...
À l’issu du brosser de genou, on a la main droite devant qui pousse, la main gauche en bas, latérale, qui a dégagé un bras ou un pied… Le pied gauche est en avant, le pied droit en … arrière ! (soupir – pause).
On fait un demi-pas (on s’économise, un demi seulement, pas un entier : les deux pieds seraient trop proches et il y aurait un déséquilibre à la clé … de sol ? sur lequel on risquerait bien de finir !).
En même temps, la main droite qui était en train de pousser en avant se déplace légèrement, toujours vers l’avant, prolongeant le précédent mouvement de poussée, comme si on allait chercher le bras d’un partenaire. Le poids du corps se trouve donc sur la jambe gauche. Le pied droit avance d’un demi-pas et se repose…
Puis, je prends appui sur la jambe droite (arrière) et je « m’assois », dos bien vertical, tout en ramenant la main droite (en fait, c’est la torsion de la taille qui fait se déplacer le bras), le coude au niveau de la hanche droite. Le bras gauche suit naturellement, il monte et vient se placer la main à hauteur des yeux pendant que le pied gauche se libère et se repose au sol par le talon, pointe de pied levée .
Les mains sont en position pour « jouer du pipa », main gauche en haut, main droite au niveau du coude gauche et elles exercent virtuellement une pression sur un bras invisible (pas de danger !) : la main gauche vers le haut, la main droite vers le bas. Ainsi les mains ne peuvent être trop "proches" l'une de l'autre, puisqu'elles doivent tenir compte de l'espace entre le poignet et le coude.
Bref, on exécute une clé (de fa cette fois ?), mais avec un bémol : on ne fait qu’imaginer un partenaire.
Le pied gauche se replace devant, sur le talon. Ce talon peut servir à bloquer le pied du partenaire ou… plus mélodieux, à lui écraser consciencieusement les orteils?).
Ces applications ne sont que des suggestions, il en existe toute une gamme, l’essentiel est de pouvoir en imaginer une sans fausse note ! Ou « Hymne à la joie », de les tester avec un partenaire.
La respiration suit la règle, préparation du mouvement en inspiration, expiration pour la finition de la technique.
🎶
NB : la technique SHOU HUI PIPA se réalise différemment selon la forme :
Dans la forme 16, la main droite est sur l’arrière (finition du tan bian – simple fouet), alors que dans la forme 24, la main droite est placée devant, en finition du « brosser de genou » (lou xi ao bu).
Prochain épisode, on s’occupe des singes !!!
On n'essaie pas de fixer une corne de yak
sur une tête de mouton"
Nous voilà prêts pour la grande aventure :
Ouverture : QI SHI
Bien centré et concentré, je me prépare. J’inspire et je soulève le pied gauche du talon vers la pointe. J’expire et je repose le pied à distance « écartement de hanche », en déroulant de la pointe vers le talon. Ne pas oublier de recentrer le poids, de basculer légèrement le bassin, et de s’installer tranquille sans pour autant marquer de temps d’arrêt.
J’inspire et je continue en levant les bras, jusqu'au niveau des épaules (pas plus, on se souvient : « Tai Ji… Économie!).
Les mains sont relâchées. À l’expir, les mains redescendent, relâchées jusqu'au niveau du bassin.
Ye Ma Fen Zong : séparer la crinière du cheval sauvage
On peut à présent s’attaquer à la crinière du cheval sauvage…
Je saisis mon ballon Tai Ji, main droite en haut (et donc... main gauche en bas!), je passe mon poids dans la jambe droite pour libérer le pied gauche, et c'est parti!
Je pose mon pied gauche par le talon sur le sol et je déroule lentement, bien sûr je déroule mes bras en même temps afin que mon mouvement soit coordonné, ce qui me permet avec le plus grand naturel de "finir" simultanément haut et bas, mains et pieds.
Je n'ai pas oublié de respecter l'écartement de hanches en posant mon pied. Je n'oublie pas de regarder le soleil se lever à l'horizon (et non le ver de terre qui se tortille à mes orteils). J'ai tout bien respiré, inspir en préparation, expir en finition, je ne suis pas tout bleu…
Je porte mon poids sur ma jambe avant pour passer en gong bu, je soulève doucement la pointe du pied gauche en faisant passer mon poids sur la jambe droite, j'ouvre la pointe en pivotant sur le talon, et replace mon pied, pointe orientée vers la gauche à 45° (et pas un degré de plus, attention! Mais non, je plaisante !), je place tout mon poids dans la jambe gauche pour libérer ma jambe droite, tout en reprenant mon ballon main gauche en haut (et donc main droite en bas…).
Puis je ramène le pied près de la jambe gauche avant de la reposer devant en respectant l'écartement de hanches et je repars tranquillement pour le second Ye Ma Fen Zong, puis le troisième. Car on répète ici trois fois cette technique, et non deux fois comme dans le 16 mouvements !
Attention :
La grue blanche déploie ses ailes !
Abandonnons notre cheval sauvage dont nous avons copieusement caressé la crinière… Voilà la Grue !
La Grue est un oiseau symbolique, on le retrouve fréquemment dans les noms de mouvements de Tai Ji Quan ou de Qi Gong. Il est grâce, légèreté et longévité bien sûr ! Donc, mettons-nous dans la peau (dans les plumes ?) de la Grue et imitons-la au mieux…
BAI HE LIANG CHI est une technique déjà vue dans la forme des 16 mouvements, vous me direz, si on ne la connait pas cette forme, on ne sera pas plus avancé…
Ce n’est pas grave ! D’autant plus qu’histoire de bien perturber ceux qui auraient appris la 16, la Grue 24 se réalise… de l’autre côté : il y a dans la forme 24 trois YE MA FEN ZONG et non deux comme dans la forme 16… et que donc (allez, un effort, on suit un peu !!!) notre Grue se déploie à l’inverse… (car « Ce qui va par deux dans la 16, va par trois dans la 24 » Proverbe de Xiao Long).
Bref ! En fin de mouvement précédent, on est en Gong Bu, pied gauche devant. Occupons-nous de la base (les pieds !).
On ramène en demi-pas le pied droit derrière le pied gauche (Demi-pas !!! Et pas « pas » : si je rapproche trop mon pied arrière, ma Grue risque d’avoir du gîte -sans le couvert…).
À présent je m’installe, je m’assois sur ma jambe arrière. J’y mets tout mon poids, progressivement bien sûr : je suis une Grue, pas un éléphant ! Cette manœuvre me permet de libérer ma jambe avant, disponible, je peux la soulever toujours en douceur et en reposer la pointe avec délicatesse (Xü Bu/pas vide). On ne précipite rien, on prend le temps de s’ancrer avant de libérer quoi que ce soit et on RESPIRE (l’inspiration permet de se stabiliser plus facilement).
Bon, les pieds sont au point ? Alors que se passe-t-il en haut ?
C’est la taille qui joue le rôle principal – et non les bras. Quand je prends appui dans ma jambe avant, je reforme mon ballon, main droite en haut. Quand je m’assois sur ma jambe arrière, ma taille suit et pivote sur la droite, le ballon suit donc : les bras ne font « rien », ils suivent (« Tai Ji = économie » : équation de Xiao Long).
Au moment où mon pied libéré se soulève, le bras droit monte (paume vers moi, à hauteur du visage), le bras gauche descend (finition comme en brosser de genou, paume vers le sol, légèrement en avant du… genou). La taille ramène le corps face à la ligne de déplacement. C’est la taille qui nous emporte doucement à gauche, puis à droite et nous recentre.
Et là se termine la grue.
Le passage qui suit donne souvent lieu à des mouvements de bras un peu désordonnés : pour faire la jonction avec la technique suivante, la taille tourne à gauche, les bras ne font « rien », puis la taille tourne à droite, là le bras droit descend et le bras gauche monte, puis la main droite va remonter légèrement, la main gauche se rapprochant du coude droit. Le pied gauche toujours pointé au sol jusque-là, va se soulever et se rapprocher du pied droit. Nous voilà prêt à brosser nos genoux !
Les « Dangers » de la Grue :
Certaines Grues avalent des yoyos et ont alors une fâcheuse tendance à « monter/descendre » curieusement…
D’autres ont la patte légère et ne s’enracinent pas suffisamment, elles sont sujettes alors au mal de mer… et vacillent.
Les « joies » de la Grue :
C’est un mouvement doux, ample, circulaire, on y est bien… on s’envolerait presque !
" On ne peut arracher la plante parasite sans dégrader le mur,
ses rameaux consolident les pierres."
Les formes 8 et 16 ne sont en réalité qu’apéritif et mise en bouche.
Ces formes sont « pédagogiques », donc crées pour faciliter l’apprentissage (et il est vrai qu’il est gratifiant de se dire que l’on peut faire une forme en « entier », tout seul, comme un grand, sans avoir besoin de beaucoup de place ou de temps… ).
Les maitres, dont Yang Chen Fu et Wu Jian Quan ont participé sans problème à cette mise en place. Tout comme la famille Chen ou Yang Lu Chan qui avaient adapté en leur temps leur art pour enseigner aux Empereurs, les Maitres des années cinquante s’adaptent aux changements sociaux culturels… Le changement est inéluctable et cette idée imprègne toute la philosophie chinoise.
Une naissance difficile :
La forme 24 est la forme de base, passe partout. Largement diffusée, cette forme est sans doute la plus pratiquée.
Elle reçoit aussi l’appellation contrôlée « Forme de Pékin » ou « Petite Forme » -par opposition à la forme longue (108).
Se sont retrouvés une première fois Chen fa Ke (style Chen) Wu Tu Nan (style Wu) Li Tian Ji (style Sun) Gao Rui Zhou (style Li) Tian Zhen Feng et Zhang Wen Guang (style Yang)… ainsi que l’historien Tang Hao. La forme qui sortit de leurs réflexions s’avéra trop compliquée !
Un nouveau groupe d’experts dont Tang Hao et Li Tian Ji se retrouve en 1956 au sein de la Commission Chinoise des Sports : leur mission (elle n’était pas impossible cette fois et ils l’ont acceptée) était de simplifier la forme Yang « longue », 108 mouvements.
Il en ressortit cette fois une forme de 24 mouvements tout à fait « praticable ». Elle n’est donc pas très ancienne !
Un peu d’histoire…
Le gouvernement, qui depuis 1953 avait dans l’idée de promouvoir le Wushu, souhaitait rendre populaire une forme courte, accessible à tous qui serait introduite dans l’éducation.
Ce n’est donc pas un hasard mais une volonté : La Chine des années cinquante a besoin de faire oublier les écoles ésotériques et sectes secrètes d’arts martiaux de l’époque précédente. Elle désire gommer les marques de spiritualités trop envahissantes. Pourtant, dans le souci de se démarquer de l’Occident, elle doit renouer avec une tradition typiquement chinoise et cherche ce qui dans la mémoire populaire fait l’identité de ce vaste territoire. Médecine chinoise, Qi Gong et Tai Ji Quan en font partie, mais trop estampillés « taoïstes ». Trop élitistes aussi à cause de leur complexité, et… voilà qui va complètement à rebours d’une politique où l’on souhaite que tout le peuple puisse accéder à ces disciplines.
Pourquoi 24 mouvements ?
Il fallait une forme facile et dépourvue de signe (extérieur) de « combativité » : une forme sage. Enseignée à tous, elle supplantait les autres formes existantes (survivantes ?)
Une forme qui ne dure pas plus de 10 minutes pour que cela n’empiète pas trop sur le temps de travail, car cette forme était pratiquée par tous, collectivement dans l’entreprise : on entretenait sa santé et créait en même temps un esprit « de groupe ».
« Forme de Pékin, ça ne vaut rien » !
Restons zen!! Le raccourci est un peu saisissant, mais c’est une idée qui court… Pour les « durs de durs », les « vrais de vrais » (si, si, il y en a)!, qui d’ailleurs souvent ne connaissent que la forme « ancienne », ou « longue », ce bricolage de forme est sans valeur. On peut le concevoir, si on est attaché aux seules origines (quoique, elles sont bien lointaines… est-on bien sûr que l’on pratiquait ainsi ?).
Mais tout n’est-il pas que changement ? (mauvais esprit ce dragon Xiao Long !).
La forme 24 est « simplifiée », édulcorée, bref, c’est une forme light… Comme toute forme, elle apporte au corps et à l’esprit des bienfaits certains. Les enseignements techniques sont là aussi. Alors que lui reproche-t-on ?
De ne pas être assez vieille ? (Ah, les jeunes, on leur en veut toujours !).
De ne pas porter le tampon d’UN seul Maitre ? (Ben voilà, le travail de groupe est dénigré !).
D’être trop courte ? (Allez, soyons de mauvaise foi jusqu’au bout : on peut faire trois ou quatre fois la 24 sans s’arrêter et paf ! en voilà une de forme longue…).
D’être une forme « gouvernementale » ? Elle a quand même eu le mérite de rendre accessible au plus grand nombre le Tai Ji Quan… y compris à nous, Occidentaux qui ne sommes pas forcément du genre à prévoir un plan quinquennal pour apprendre une forme longue…
Bref, Xiao Long en est persuadée, cette forme a ses mérites et son intérêt, tout comme d’autres formes plus courtes ou plus longues, en fonction de ce que l’on recherche dans le Tai Ji Quan, en fonction du temps que l’on a à accorder à notre pratique, en fonction de nos états d’âme, de notre santé… Il n’y a pas de bonne forme, de mauvaise forme…
Il n’y a donc pas de « jugement » de valeur à porter, il n’y a qu’à pratiquer … C’est ça l’important !
Ce blog est a but non commercial, non lucratif. Il délivre des informations et des commentaires techniques et culturels pour les pratiquants de Tai Ji Quan et de Qi Gong ainsi que pour tous ceux qui s’intéressent à la culture asiatique.
Si vous voulez pratiquer le Tai Ji Quan ou le Qi Gong, allez sur le site de l'association Feng yu Long où vous trouverez toutes les informations nécessaires.
https://www.taijiqigongevreux.com/
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