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29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 13:50

 

 

Même une horloge arrêtée

donne l'heure exacte

deux fois par jour...

 

 

PHOTO Xiao Long

 

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Published by Xiao Long - dans PROVERBES
29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 13:43
PHOTO Xiao Long

 

Un peu de couleur dans notre grisaille : le rouge ! Cette belle couleur feu qui réchauffe…

En Chine, le rouge (hóng) est symbole de la vie, du bonheur.  Elle est reliée à l'élément "Feu", au Sud, au cœur... Elle est yang.

 Cette tradition du rouge remonte à bien longtemps :

Le rouge apparait très tôt dans la vie quotidienne impériale. Cette couleur pour le moins voyante met bien en valeur ce qui est important…Il est alors évident que si  on occupe une haute position, le rouge est de rigueur... Nous n’allons pas faire un grand cours d’histoire, mais si l’on regarde dans les dernières dynasties, la dynastie des Ming, par exemple, le rouge était une couleur largement utilisée sur les constructions, les objets et les vêtements.

Pour le peuple (qui lui, n’avait pas droit au rouge sinon), le rouge était essentiellement la couleur des activités festives importantes, véhiculant cette idée de joie et de porte-bohneur.

De nombreuses expressions utilisent également la référence au rouge : Par exemple, lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il a le visage rouge, le cœur rouge, c’est qu’il est un modèle pour tous, car le rouge symbolise la fidélité. Dans l'opéra de Pékin, les maquillages sont très typés et chacun a une couleur dominante et un sens particulier. Le rouge  symbolise la droiture, la loyauté, la sincérité et le courage! Que de belles qualités...

 

 Selon la vision antique chinoise, toutes les choses  de tous les domaines relèvent de cinq mouvements (métal, bois, eau, feu, terre) représentés souvent sur une "étoile" à cinq couleurs : blanc, vert, noir, rouge et jaune. Les empereurs, afin de s'assurer un beau et long règne,  demandaient au Ministère des Rites de déterminer quel serait le mouvement dominant de leur dynastie. La couleur  correspondante serait adoptée et marquerait leur règne, ce qui ne manquerait pas de rendre le Ciel favorable et ne pouvait être que de bon augure. On peu supposer qu’il valait mieux tomber juste , pour celui qui lançait cette prédiction… (L'empereur aurait pu se fâcher... tout rouge?)

C’est ainsi que sous les Ming (1368 – 1644), le rouge fut respecté plus de 270 ans ! (Et tant pis pour ceux qui n’appréciaient pas cette couleur !) Les VIP impériales arboraient donc le rouge : chars rouges,  décorations rouges … (L’or et le jaune ne remplacèrent le rouge que plus tard).

Les bâtiments revêtent également cette couleur : Les nobles recouvraient leur porte de laque rouge. Cette  la porte rouge  est devenue le symbole de richesse et de pouvoir. Certains- ne voulant pas sans doute être en reste- laquaient l’intégralité de leur maison en rouge, Ces pavillons rouges sont très présents dans  la littérature chinoises.

Le grand classique : « Le Rêve dans le pavillon rouge » de Cao Xueqin en est un (le !) magnifique exemple. Si vous aimez lire, c'est l'ouvrage idéal, c'est certainement un des plus longs romans connus (120 récits et quelques 400 personnages... on peut s'y perdre un peu...)

Les poèmes écrits sous les dynasties des Tang et des Song n’y résistent pas non plus, voilà du romantisme à l’état pur : une belle jeune fille qui soupire, un beau pavillon rouge,  des saules doucement bercés par le vent, une pièce d’eau  dans un jardin… le cadre idéal pour rêver…

Dans les histoires d’amour chinoises d’ailleurs, le mouchoir rouge était très populaire. Souvent l'histoire d’amour classique commençait par un mouchoir perdu volontairement par une jeune fille et finissait par des noces bien sûr!  Les poètes décrivaient volontiers dans leurs poèmes le mouchoir rouge qui était un traditionnel témoignage d'amour.

Aujourd’hui, avec les mouchoirs en papiers, on y perd un peu… Mais, les mariages, ou les fêtes traditionnelles, surtout la fête du Printemps, sont inondés de rouge.

On s’amuse sous les lampions rouges, les décorations sont rouges, des éclats de pétard rouge jonchent le sol : le rouge est symbole de fête, de joie, de retrouvailles entre amis et membres de la famille.

La distribution d’étrennes au jour de l’an se fait dans des enveloppes rouges. Traditionnellement, ces enveloppes étaient distribuées par les aînés aux enfants et aux jeunes non encore mariés, et avaient surtout la valeur symbolique de porter chance durant toute la nouvelle année.

 

PHOTO Xiao Long

 

Aujourd’hui, le mariage typiquement chinois existe encore, même s’il existe des mariées qui choisissent des robes occidentales blanches, et font des séries de photos dans cette tenue, un grand nombre d’entre elles portent encore la qí páo rouge, et les mariés épinglent une fleur rouge à leurs habits de cérémonie.

Les grands caractères rouges du « double bonheur », et les inscriptions parallèles, dédiées à la noce sont toujours populaires. Et les  grosses et belles voitures se parent de ballons rouges, et l’argent offert aux mariés se présente encore dans une enveloppe rouge (hóng bāo)…

 

Le rouge est toujours positif, même pour les entreprises : Lorsqu’on y partage des profits, la cérémonie est dénommée " fēn hóng ", qui signifie "partager le rouge"! Si quelqu'un est très apprécié par son patron, on l'appelle " hóng rén ", "personne rouge.

Au niveau psychologique le rouge représente la joie de vivre, l’optimisme, la passion! ... On s’en doutait un peu !

Donc, le rouge n’a pas fini de régner en maitre ! D'ailleurs, c'est peut-être le moment d'équiper votre épée d'un pompon rouge?

 

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Published by Xiao Long - dans SYMBOLES
22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 12:19

🐑

Lorsqu'un troupeau de moutons est uni,

 le loup n'ose l'attaquer.

 

PHOTO Xiao Long

 

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Published by Xiao Long - dans PROVERBES
22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 12:14

En octobre,  voilà encore une occasion de faire la fête !

La Fête du double neuf, encore une fête à géométrie variable : neuvième jour de la neuvième lune, dernière lunaison de l'automne, a des origines assez obscures et très discutées. Cette fête est sans doute moins « suivie » de nos jours, même si elle fait partie d’une tradition qui remonte à … loin !

Elle est mentionnée dans des écrits dès l'époque des Han occidentaux, décrivant la vie dans à la capitale, Chang'an. Son nom chinois est « Fête du Double Yang » (重陽節 pinyin : Chóngyángjié, « fête de la répétition du yang ») car neuf est un chiffre yang ().

 

 On peut reconnaitre dans ses rites actuels la persistance d’anciennes croyances : cette fête aurait une fonction de protection contre les calamités : gravir une colline le 9ème jour du 9e mois lunaire permettrait d’écarter les épidémies…  cette coutume viendrait d’une époque où un groupe de personnes auraient été sauvées en escaladant une colline, bien sûr il existe de multiples versions de cette histoire, mais il reste cette survivance…

 

PHOTO Xiao Long

 

Une de ces légendes raconte qu’un homme, nommé Huan jing ,étudiait le taoïsme auprès du maître Fei Changfang. Un jour ,son maître lui dit: "Le 9ème jour de la 9ème lune, une catastrophe arrivera. Pour y échapper, tu devras ainsi que chaque membre de ta famille, porter à votre bras un petit sac de gaze rempli de crustacés, puis vous devrez escalader la montagne et arrivés au sommet, vous boirez du vin de chrysanthèmes". Le jour dit, faisant confiance à son maitre, il partit avec les siens. Il suivit ses conseils, puis retourna chez lui. Là, il trouva ses poules, ses cochons et son chien qui était resté à la maison, morts. Voilà donc, pourquoi, il faut suivre les conseils de son maitre !

Et puis…  grimper sur les hauteurs et y pique niquer n’est pas désagréable en cette saison.

C’est aussi une période où l’on se rapproche de ses ancêtres : dans certaines régions, on se rend sur leurs tombes, on les nettoye, on fait des offrandes. Puis, la famille se réunit et prend son repas près des tombes.

Ce lien avec les tombes ancestrales, et le fait que le chiffre « neuf » (, jiǔ), homonyme de » longtemps » (,  jiǔ), soit un symbole de longévité, ont fait que le gouvernement chinois  a officiellement déclaré en 1989 que ce  9ème jour  du 9e mois lunaire serait désormais  « Journée de la personne âgée ».

Ce jour-là, les organismes administratifs, les organisations populaires et bureaux de quartiers résidentiels organisent pour les retraités des excursions en montagne, pour que tous puissent admirer les paysages d'automne  et découvrir  des sites pittoresques (réminiscence de « gravir une colline » ?) Des activités sportives sont également proposées.

Beaucoup de familles offrent également aux aînés un cadeau ce jour là, ou les accompagnent faire une promenade. Voilà de bonnes idées !

D'autres activités profitent des caractéristiques saisonnières et enrichissent la fête : on fait voler les cerfs-volants, car le vent est souvent fort à cette période de l’année, on visite aussi des expositions florales où l’on peut se plonger dans la contemplation de chrysanthèmes (en pleine floraison en cette saison, Shanghai, par exemple, organise la Foire du Chrysanthème au Jardin Yuyuan l).

Depuis l'Antiquité, les Chinois adorent le chrysanthème. En automne, les chrysanthèmes variés s'épanouissent et rivalisent de splendeur. Ce jour-là, on boit aussi du vin de chrysanthème (et non, je ne donnerai pas la recette !).

Du point de vue médical, il est dit que le vin aux chrysanthèmes peut éclaircir la vue (si l’on en abuse pas…), guérir les vertiges, diminuer l’hypertension, faire maigrir, détendre le corps, tonifier le foie, tranquilliser les intestins et l’estomac et faire circuler le sang.

Dans les temps anciens, les femmes aimaient mettre une fleur de chrysanthème dans leurs cheveux. Des branches et des feuilles de cette plante étaient aussi suspendues aux portes et aux fenêtres pour …  chasser les démons et attirer la bonne fortune.

 

PHOTO Xiao Long

 

Que serait une fête sans petites douceurs ? Vous prendrez bien un 重陽糕,  chóngyáng gāo pour accompagner votre vin de chrysanthème? C’est un gâteau cuit à la vapeur, contenant des châtaignes, des pignons de pin, des graines et des fruits secs et il est décoré d'un petit drapeau en papier.

 Comme souvent, on joue ici sur une  homonymie : ce gao (, gāo gâteau), ressemble bien  à (, gāo) « haut »  et symbolise le souhait de développement et de prospérité.

 Pour assurer son ascension, ou devenir la nouvelle étoile montante, on déguste ces petits gâteaux qui peuvent avoir la forme de pagodes (jusqu’à neuf étage !)

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Published by Xiao Long - dans CULTURE
15 octobre 2022 6 15 /10 /octobre /2022 16:26

 

Elle tombe et tombe

 la feuille du paulownia

aux rayons du soleil...

Takahama Kyoshi

 

PHOTO Xiao Long

 

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Published by Xiao Long - dans HAIKU
15 octobre 2022 6 15 /10 /octobre /2022 16:20

 

Bon, je sais, les titres en anglais, ce n’est pas très bien vu de certains… Mais, bon… de temps en temps, on peut bien rafraichir un peu nos connaissances en langues étrangères !!!

D’ailleurs en ce qui nous concerne, ce serait plus  « bouge ton centre » que « bouge ton corps ».

 

PHOTO Xiao Long

 Ceci donc pour vous dire : faire du Tai ji quan, ce n’est pas jouer au sémaphore, corps droit et rigide et bras qui s’agitent en tous sens. Je caricature, je vous rassure, mais l’image de base reste valable.

 Notre culture occidentale met actuellement en valeur le corps mais dans le mauvais sens : il faut être beau en dehors, bouger "en dehors"… on s’attache à la décoration, mais pas aux fondations (c’est d’ailleurs la même chose pour la construction des maisons actuellement, tendances mais on ne regarde pas trop si le tout est solide).🏛

 Pour entrer vraiment dans nos disciplines, que ce soit le Qi gong ou le Tai ji quan, il faut apprendre à penser autrement et à bouger autrement, à bouger "du dedans".

Il faut partir du centre vers les extrémités et non l’inverse.

 Or souvent, ce sont les bras qui font le mouvement, le corps ne participe pas. C’est ce que l’on appelle « être désuni »,  il n’y a pas d’harmonie entre le corps et les mouvements des bras et des jambes.

Peut-être a-t-on l’impression en contrôlant nos bras que l’on contrôle le mouvement ?

Peut-être aussi sommes nous inhibés, mal à l’aise avec des mouvements amples, plus habitués à être discrets ?

Peut-être sommes nous tellement focalisés sur le « comment faire » que l’on oublie le « faire » tout simplement ?

Bien sûr, lorsqu’on découvre une nouvelle technique, notre cerveau est en surchauffe ! 🙃

Notre souci légitime est de bien faire, nous voulons tout décortiquer avec précision sans omettre aucun détail… (Ou est mon bras gauche ? où est passé mon pied droit ?, mince… j’ai oublié de respirer !).

 Mais, cela nous fige en réalité. Le « trop penser », nous rend plus raides, souvent le regard dirigé vers le bas, ce qui va empêcher le mouvement de se « déployer », parce que le corps se replie vers l’intérieur et la respiration est moins aisée.

 Il faudrait regarder, non pas comment les bras bougent, mais comment le corps bouge. Car les bras suivent le corps, on peut en déduire que si le mouvement du corps est correct, les bras vont s’ajuster naturellement.

Cela n’est pas facile au début. Mais, même si nous sommes concentrés sur nos bras dans la phase d’apprentissage de la technique, une fois que le mouvement nous est devenu plus familier, il faut apprendre à le laisser faire, à le laisser partir du centre. Lâcher la tête et se faire confiance, regarder droit devant, respirer largement et libérer notre centre.

 Ce qui va aider notre technique et donner la bonne impulsion à notre centre, ce n’est pas le « comment faire », mais le « pour quoi faire ».

 Si on connait le « pour quoi faire », nous n’aurons plus besoin du « comment faire », parce qu’il va s’imposer tout seul, naturellement.

 

PHOTO Xiao Long

De l’intérêt du travail à deux  qui va permettre de visualiser la finalité de la technique. De l’intérêt du travail de tui shou  (ben, non ce n’est pas juste tourner des mains en rond en papotant…) qui permet de libérer le centre et d’apprendre à l’utiliser.

Nos mouvements, que ce soit en Qi gong ou en Tai ji quan, sont fondés sur les cercles et les vrilles qui ne sont réalisables que si le centre est mobilisé, que si le centre est à l’origine du mouvement. Ce sont ces cercles et ses vrilles qui font notre force et qui permette à l’énergie de circuler.

 Bref, cela demande un effort au début, mais nous allons beaucoup y gagner : en efficacité, en amplitude, en sérénité, en fluidité, en bien-être…

 

PHOTO Xiao Long

Donc …y’a pu ka !

 

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Published by Xiao Long - dans TAI JI QUAN
2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 12:58

 

Du sable entre les doigts

Les nuages s’écoulent.

Automne des matins...

Masaoka Shiki

 

 

PHOTO Xiao Long

 

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Published by Xiao Long - dans PROVERBES
2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 12:54

Xiao Long est très vexé, car il a entendu dire que l'éventail c'était "pour faire joli" et que ça n'était pas une arme!

Il a passé la nuit à lisser ses pinceaux, à préparer son encre et à méditer sur la question...

 

L’histoire :

Ce bel objet a une histoire qui remonte à … très loin ! et certains ne le considèrent pas comme une arme, mais comme un bel objet « décoratif ».

Son origine se situerait dans la région de Yushan (province du Sichuan) où l’on trouve des représentations sur des théières en bronze datant de 481 – 221 av. J.-C … même si on peut affirmer que ceux-ci étaient connus en Chine antérieurement.

L’un des huit immortels, Zhong Li Quan, possède un éventail en plumes. On le représente souvent tenant une pêche et un tambour.

Déjà sous la dynastie Jin (265-420), on parle d’éventail. À l’époque, les éventails sont rigides et en plumes (pensez à l’éventail du stratège dans le film « Les Trois Royaumes », une aile d’oiseau. ; il vaut mieux éviter de cependant, les oiseaux sont tout de même plus beaux dans le ciel !).

 

Le caractère chinois désignant l'éventail est composé du caractère de la demi-porte () , on y retrouve la monture rigide, et du caractère des plumes ().

Les plus anciens découverts et conservés jusqu’à aujourd’hui sont en bambou. C’est sur le site de Mawangdui à Changsh dans le Hunan que l’on en a trouvé.

On a aussi connaissance d’éventails montés sur ivoire, sur ébène, sur écaille de tortue… Soie, papier et feuille d’or participaient aussi aux créations les plus nobles. Leur utilisation première était bien tout simplement de maintenir l’air frais et d’écarter la poussière. Les éventails sont alors des écrans fixes.

Des archéologues ont mis à jour des vestiges d’éventail en os, nacre, écaille, plume, bambou, en papier huilé ou en tissu précieux, dans la province du Hubei à Jiangling.

L’éventail symbolise aussi le pouvoir impérial, celui des mandarins et de ceux qui ont gagné l’immortalité. Il était donc couramment utilisé lors de cérémonies et accompagnait parfois son propriétaire dans la tombe.

Bien plus tard, apparaissent les éventails pliables, il en existe de tout « bois »… y compris en bois de santal : parfumé, on les laisse dans les placards la nuit afin de chasser les insectes nuisibles (… qui ne manquent pas d’air de venir nicher dans vos armoires !).

 L’éventail plié s’implanta en Chine sans doute après un petit voyage en Corée.

Plus tard et surtout à partir de la dynastie Tang (618-907) apparait une nouvelle mode : orner son éventail de peintures ou de poèmes. Les éventails avaient une utilité sociale, permettaient de se cacher le visage (pour rire discrètement…), de présenter ou de recevoir un objet, d’accompagner la danse, de battre la mesure, ils étaient aussi offerts en cadeau et servaient à entretenir le souvenir des disparus.

De ce point de vue là, effectivement, les éventails sont simplement  »jolis ».

 

PHOTO Xiao Long

 

 Et l’arme dans tout ça ?

Apparait aussi pourtant l’utilisation des éventails dans certains arts martiaux (aucun écrit ne permet cependant de dater nettement le phénomène) et dans certaines danses traditionnelles. L’objet s’y prête car il est très esthétique. Du même coup, nombreux sont ceux qui considèrent que l’éventail n’est pas une arme…

Tout dépend de la définition que l’on donne à ce mot. Il est intéressant de remarquer que les « danses » utilisent des armes, éventails, épée, sabre…

 

 

 

L’éventail est en fait un objet utilitaire « détourné », on se sert de ce que l’on a sous la main, de la même façon que l’on se défendrait avec une canne, un parapluie (et en Normandie, on est donc armé toute l’année ! ben, non… C’est même pas vrai d’abord !)

 D’apparence anodine, on peut utiliser l’éventail comme un bâton court et donc frapper ou bloquer. Et on le sait, il peut arriver qu’un éventail rebelle reprenne sa liberté et se retourne contre son propriétaire… Une arme « autonome » alors qui ne s’adresse pas seulement à votre adversaire donc !!!

 

Maitre Wang Yen Nien (1914-2008) disait que l’éventail est une arme « saisissante ou surprenante ». Il surprend par le bruit lorsqu’on l’ouvre. Il peut masquer une attaque de poing, tenir à distance. Il peut parer ou détourner une attaque en « capturant » l’arme de l’adversaire. Il pique (et des deux côtés !). Il tranche (avec le fil… du tissu !) : on est bien capable de se couper tout seul avec une feuille de papier !!! Et … (voir divers films chinois) c’est aussi une arme de jet. Y cacher des lames et en faire un boomerang est possible… au cinéma. Dans la réalité, j’ai encore un petit doute…

L’éventail propose tout un (éventail ?non, trop facile ! )- choix de techniques : on y retrouve  des techniques de l’épée, du sabre, de la lance, des mains nues… et quelques autres inédites spécifiques à lui-même.

 

Au Japon existent également deux sortes d'éventails, le « sensu » qui se plie et « l’uchiwa » en bambou, rond, qui ne se plie pas. L'inventeur du « sensu » au VIIe siècle aurait été inspiré par les ailes des chauves-souris(!), moins glamour que l’aile d’aigle, mais c’est une aile quand même.

 

PHOTO Xiao Long

 

L’éventail « martial », repliant serait une invention japonaise du VIIIème siècle, importé en Chine un siècle plus tard.

On faisait au Japon la différence entre le « gunsen », éventail de guerre en acier qui servait aussi sur le champ de bataille pour communiquer des instructions aux troupes et le « tessen » plutôt réservé aux femmes.

Il est probable aussi que l’éventail permettait aux guerriers et nobles d’être « armés » constamment : lorsqu’il était nécessaire d’abandonner ses lames pour pénétrer à l’intérieur d’une demeure, l’éventail restait autorisé. Porté à la ceinture, il pouvait servir à se défendre…

On parle même de duels gagnés, éventail de fer contre épée !

Mais, importé en Europe au XVIème siècle par les portugais, l’éventail reste pour nous un simple accessoire de mode (ou pas !).

 

Et pour nous, quel est son intérêt ?

Du point de vue de la santé, la pratique de l'éventail en Tai ji stimule tous les méridiens du corps, et permet une amélioration de la circulation énergétique dans le corps. Il a un caractère très tonifiant, et est connu pour favoriser la vigueur et la joie.

L'éventail serait, pour certains, lié à l'élément Eau, pour d’autres au Feu…

Les mouvements très précis, fluides et spiralés de l'éventail sont très esthétiques et artistiques : leur pratique développe une maitrise de l’équilibre, de la force, de la souplesse, de la respiration et de la mémoire.

L'éventail en bambou que nous utilisons pour nos enchainements semble fragile et inoffensif et pourtant, il peut servir d'arme (que si!).

Un éventail fermé, en métal, et même en bambou permet de bloquer une attaque, et de frapper comme un bâton court (on y retrouve d'ailleurs ici les techniques que l'on connait aussi pour l'épée).

 

Dans nos enchainements, qu’il s’agisse des Kung fu shan de Maitre Li Deyin ou des taolu de Maitre Zhang guang de, nous utilisons toutes les techniques évoquées plus haut, c’est en imaginant ces techniques que l’on va donner un peu de « corps » à nos enchainements :

Piquer avec les bouts, et si le coup est porté au bon endroit – la connaissance des points vitaux essentiels est peu commune mais n'est sans doute pas superflue  pour une réelle efficacité)  cela peut être très douloureux.

L’éventail ouvert peut servir à masquer une attaque de poing ou de pied par exemple. Il permet aussi de se protéger ou de tenir à distance l'adversaire lorsqu'on l'ouvre devant soi, horizontal ou vertical.

On peut frapper ou dévier un coup avec le "plat" de l'éventail.

On peut aussi utiliser son tranchant pour couper: c'est ce que l'on a le plus de mal à imaginer, il faut l'admettre... Encore que l'on puisse se couper avec une simple feuille de papier!

Bref, on peut garder son adversaire à distance, dévier ses attaques (il finira bien par se décourager!) et le blesser (il aura au moins quelques bosses...) ou le désarmer.

 Il est important pour nous de tester à deux ces techniques, et de les avoir en mémoire lorsque l’enchainement se déroule- sans quoi… l’enchainement ne sera qu’une danse (une « jolie danse »)

Maintenant qu’il est établi que la pratique de l’éventail a une dimension martiale, vous pouvez, Messieurs, vous mettre à l’éventail sans hésitation !!!

 

 

PHOTO Xiao Long

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Published by Xiao Long - dans TAI JI QUAN
24 septembre 2022 6 24 /09 /septembre /2022 16:27

 

Dans le mouvement

 Des grandes carpes

Flamboient les sommets d’automne...

Mori Sumio

 

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Published by Xiao Long - dans HAIKU
24 septembre 2022 6 24 /09 /septembre /2022 16:18

 

Le 10 septembre cette année, était  fêtée la mi-automne. La date ne cette fête varie selon les années, puisque les fêtes suivent un calendrier soli-lunaire (le 15ème jour du 8ème mois lunaire)  et non notre calendrier classique.

La « fête de la mi-automne » (zhōngqiū jié) est aussi appelée « fête de la lune », car le 15ème jour de la 8ème lune, la lune est pleine, particulièrement brillante, plus ronde, et plus belle que les autres jours de l'année (quand on peut la voir!).

La pleine lune est symbole de réunion familiale, ainsi cette fête est aussi appelée "fête de la réunion".

 

PHOTO Xiao Long

 

Une légende (entre d’autres...) court sur cette nuit de la mi-automne, la légende de Chang'e (ou Heng-e 姮娥) :

Autrefois, la Terre était entourée de 10 soleils illuminant tour à tour la Terre. Un jour, les 10 soleils apparurent en même temps et occasionnèrent sècheresse et ébullition des mers!

Hou Yin, courageux et habile archer, décrocha du ciel avec ses flèches 9 soleils! Il sauva ainsi la terre et...devint roi! Mais il se comporta comme un tyran et vola l'élixir de longue vie de la Reine Mère céleste, il voulait régner éternellement. Mais, c'est son épouse Chang'e qui le but pour sauver la Terre des lois tyranniques de son mari.

 Chang'e sentit alors son corps flotter dans l'air et s'envola jusqu'à la lune. On dit qu'en observant bien la lune, on peut apercevoir Chang'e dans son palais de jade, Guanghangong (廣寒宮)

Sur la lune, vivrait également un lapin apothicaire et pour cette raison  de nombreuses images représentent Chang’e accompagnée d’un lapin blanc.

On dit aussi que cette fête remonterait à la dynastie des Tang (618-901). Les frontières du nord étaient régulièrement attaquées, l’empereur Li Shimin donna l’ordre au général Li Ning de mettre un terme à ces agressions. Il revint victorieux le 15e jour du 8e mois de l’année. On dit que c’est pour célébrer cette victoire, qu’un gâteau rond comme la lune fut créé…

Ainsi traditionnellement pour la fête de la mi-automne, on mange des gâteaux de lune (yuè bǐng ) et les anciens racontent aux plus jeunes des histoires sur la lune.

Ces gâteaux (que l'on trouve aisément toute l'année à Paris 13ème – c’était notre pause publicitaire) sont parfois fourrés à la purée de graine de lotus, à la noix de coco, au pavot, à la pâte de haricot rouge, aux dattes… et décorés sur le dessus de sinogrammes ou de symboles de bon augure.

On en trouve aussi fourrés avec un œuf de cane. L’œuf, bien au centre du gâteau, n’est pas sans rappeler la lune bien sûr !

À Hong Kong , ces pâtisseries symbolisent aussi le soulèvement contre les Mongols au XIVème siècle : pendant le conflit, les rebelles communiquaient en dissimulant des messages dans les gâteaux de lune (ancêtres des « biscuits chinois » à proverbes ?). Les Hongkongais fabriquent pour l’occasion des milliers de lanternes de toutes formes avec lsquelles on déambule pour égayer les soirées.

Xiao Long s'y connait bien en gâteaux de lune!!! Et les expérimente chaque année avec plaisir…

Pour déterminer scientifiquement lequel aura vos préférences, il vous faudra malheureusement… tous les goûter !

Parlons encore un peu de 中秋 zhōngqiū jié !

Cette fête est également très populaire au Japon, où l’on mange alors des mochi, à base de pâte de riz gluant (et c’est très bon, même si, a priori, le terme « riz gluant » ne fait pas envie…)

Au Laos aussi, ainsi qu'au Vietnam, la lune est fêtée avec chants et danses et autres réjouissances...

 

PHOTO Xiao Long

Cette fête est une des plus importantes en Chine avec celle du nouvel an et celle des bateaux dragons. Les défilés de dragons d’ailleurs ne sont pas absents de cette fête de mi-automne :

En 2012 , un dragon de 67 m de long, décoré de baguettes d’encens (fumer ne tue pas les dragons !) circulait dans les rues du village de Tai Hang.

Cette coutume remonte au jour où, il y a plus d’un siècle, un typhon ravagea le village. Les habitants durent, en plus, tuer un vilain python qui en avait profité pour s’installer là et dévorer leurs bêtes. Et, pour faire bonne mesure, une épidémie de peste se déclara!

Le devin interrogé décréta que ce python était le fils du roi Dragon : pour que l’épidémie cesse, un immense dragon de paille couvert d’encens fut construit par les villageois qui le firent danser trois jours durant pour se faire pardonner… Et cela a fonctionné à merveille: la peste disparu !

 Comme pour le jour de l’an, la télévision chinoise propose un grand gala qui souvent dure plus de deux heures pour que la fête soit complète.

 

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Published by Xiao Long - dans CULTURE

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 Ce blog est a but non commercial, non lucratif. Il délivre des informations et des commentaires techniques et culturels pour les pratiquants de Tai Ji Quan et de Qi Gong ainsi que pour tous ceux qui s’intéressent à la culture asiatique.

Si vous voulez pratiquer le Tai Ji Quan ou le Qi Gong, allez sur le site de l'association Feng yu Long où vous trouverez toutes les informations nécessaires.

https://www.taijiqigongevreux.com/

 

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