L’araignée n’est pas franchement appréciée de tous. C’est un pur délit de « sale tête » qui la condamne à finir ses promenades sous une chaussure…
Ce qui s’avère fort regrettable- pour elle d’abord- et pour vous, puisque elles chassent insectes et acariens dans nos intérieurs et protègent nos plantations à l’extérieur (on estime qu’elles dévorent bien une tonne d’insectes par an par hectare !)
En Chine, l’araignée est un porte-bonheur ! On l’appelle « Zhīzhū» 蜘蛛, Et on aime la voir descendre le long de son fil, on dit alors que le bonheur descend du ciel (belle image, plus glamour qu’avoir une araignée au plafond…)
L’araignée du matin apporte le bonheur (et non pas du chagrin, comme chez nous…) et celle du soir la richesse (… bel espoir !)
On voit parfois un objet décoratif curieux : une araignée sculptée sur une sorte de pied humain, car zhī signifie bien araignée, mais zhū est proche de 足 zú qui signifie pied et, …知足 se traduit par « connaitre la joie, être content, satisfait ». Donc, c’est un porte-bonheur ! (c’est le pied ?)
🕸Sa toile, si complexe est comparée au dessin des 8 trigrammes.
On lui attribue de nombreuses « vertus » :
Certains disent qu’elle protège des mauvais esprits (qui s’empêtrent dans sa toile ?)
🕷Voir une araignée annoncerait le retour d’un parent ou d’un ami, ou encore une visite prometteuse.
L’araignée rouge annoncerait une richesse proche.
Lors de la fête du Double Sept, sous les Tang, les femmes qui souhaitaient devenir de bonnes brodeuses enfermaient de petites araignées dans des boites en os ou en argent et examinaient leur toile au matin pour s’en inspirer.
Un proverbe chinois dit « Quand l’araignée arrive au bord d’un toit, elle va toujours par paire », ce qui correspondrait pour nous à « un bonheur n’arrive jamais seul ».
Deux araignées seraient symbole de double félicité, donc bonheur et longévité !
Alors, voyez-vous à présent ces petites bêtes différemment ?
Bien, alors du coup, n’allez pas voir ce qu’en pensent nos amis Japonais, car même si au Japon aussi l’araignée apporte la chance et qu’il est de mauvais gout d’en ratatiner une de bon matin (mauvaise journée en perspective !), cette douce image cohabite avec celle de Jorō-gumo n’est pas aussi sympathique :
C’est un esprit, Yokai, une araignée qui peut prendre l’apparence d’une très belle femme et charme les hommes en leur jouant un petit air de musique et lorsqu’ils s’endorment les enserre dans une toile inextricable… ensuite, âmes sensibles s’abstenir, elle les laisse périr ou les dévore !!
C’est une vraie araignée qui se cache derrière tout ça, elle atteint adulte une belle taille et se pare de belles couleurs (rouge, jaune…), Non, non, il n’y en a pas chez nous….👀
On en parle souvent et c'est drôlement frustrant de se demander ce que c’est exactement ! Pour pouvoir enfin retrouver le sommeil (Xiao Long exagère toujours un peu...), le Petit Dragon va essayer d’éclairer nos lanternes (chinoises).
Ce terme de méridien nous vient de la médecine chinoise traditionnelle (MTC). Cela vient du fait que nous ne voyons pas le corps humain de la même façon. Pour nous la notion de corps humain se résume à nos quelques cours de siences nat, on imagine bien les organes, le squelette, le réseau rouge et bleu des veines artères etc…
Alors, rassurez vous, les Chinois voient aussi tout ça, mais… ils y voient encore autre chose : des méridiens et des points dessus (et en dehors d’ailleurs aussi, tant qu’à faire).
Certains diront que ces méridiens aux trajets alambiqués sont de pures inventions de l’esprit, car comment une tête rationnelle pourrait-elle envisager un réseau de canaux interconnectés dans lesquels circule « l’énergie » ? Quoi de plus impalpable que cette « énergie », quoi de plus irréaliste (pour nous) que des canaux invisibles qui irrigueraient tout le corps ? Bref, cette vision n’est pas « scientifique ».
C’est sur cette idée pourtant que repose la médecine traditionnelle chinoise ainsi que par exemple le shiatsu. Et dans nos pratiques cette façon de voir le corps est essentielle.
On ne peut nier pourtant que la MTC ait un effet, ou que le shiatsu ait un effet (pur hasard ?) de même que l’on ne peut nier que parfois les traitements scientifiques n’ont pas l’effet escompté (pur hasard ?). La sagesse voudrait sans doute que l’on soit ouvert à toutes les possibilités et que l’on prenne le meilleur pour nous d’un côté et de l’autre.
Alors, c’est quoi ?
Mais revenons à nos « canaux »(Jīng Luò; 经络) et continuons notre voyage – c’est un peu Venise tous ces canaux ou Suzhou pour rester couleur locale!
Ils transportent le Qi et le sang dans tout le corps, reliant les viscères aux extrémités et l’intérieur avec l’extérieur. Il y a les principaux, les grands axes, « Jīng » et les secondaires, branches plus fines, « Luò ».
Il y a 12 méridiens liés à un organe (poumon, foie, cœur, rate, reins.) et on y ajoute le péricarde, et ils sont yin - ou on leur associe une entraille (estomac, intestin grêle, gros intestin, vésicule biliaire, vessie.) et on y ajoute le triple réchauffeur. Et ils sont yang.
Lorsqu’on parle d’organe, on entend en fait une ensemble de fonctions lié à cet organe et non l’organe lui-même, c’est pourquoi on y adjoint en toute logique le système du triple réchauffeur qui n’est pas une entraille « matérialisée », de même le système du péricarde représente un ensemble de fonctions et non pas un organe au sens propre.
… et ces canaux sont liés entre eux aussi.
L’ensemble est complexe, mais nous ne sommes pas des praticiens de MTC ! En ce qui nous concerne, si nous connaissons ces 12 méridiens principaux, il nous faudra encore compléter cette base avec :
Rèn Mài; 任脉, le vaisseau conception, il part du périnée et il aboutit finalement dans les orbites des yeux, en passant par le milieu de l'abdomen et à travers la joue
Dū Mài; 督脉, il est dans le dos : à partir du périnée, il suit la colonne vertébrale jusqu’à la tête la tête et il aboutit à l’intérieur de la lèvre supérieure
et Dài Mai 带脉 (seul méridien horizontal, particulièrement intéressant puisqu’il fait le lien entre le haut et les bas, ce méridien « ceinture » porte bien son nom).
On y fait régulièrement référence, et il vaut mieux savoir où ils se trouvent. Il y en a d’autres, mais, une fois encore, nous ne cherchons pas à être des spécialistes. Il vaut mieux en connaitre peu, mais les connaitre, savoir les situer, savoir leur utilité, plutôt que de savoir un grand nombre de noms qui seront rapidement oubliés.
Voilà une très brève approche de ce système particulier qui, je l'espère, vous aidera à mieux comprendre la démarche de nos disciplines.
Suite… une autre fois !
Livret simple et utile : (les trajets et sans commentaires): "Schémas des méridiens et des zones réflexes du pied et de l'oreille" chez You Feng
NB: de nombreux livres existent, ils sont souvent compliqués et peu digests pour nous . Selon l'intérêt que vous porterez à ce système, il vaut mieux avoir ces ouvrages en mains et les feuilleter pour savoir quels sont ceux qui vous correspondent le mieux.
Quoi de plus naturel que de manger avec des baguettes (non, la bonne réponse n’est pas « manger avec une fourchette » !) ?
Mais, c’est une arme double qu'il faut apprendre à manier, si l’on veut espérer attraper quelque chose avec.
Ce n’est pas une invention récente : Elles nous viennent de la Dynastie Shang (XVIème-XIème avant J-C) et leur usage se répand largement au IIIème siècle, toujours avant J-C!
Pourquoi ?
Il existait alors un impôt (eh oui, déjà!!!) sur le fer, si bien que les familles ne possédaient le plus souvent qu'un wok et un couteau. Les autres ustensiles étaient en bambou, en bois ou en porcelaine... Que ne ferait-on pas pour payer moins d’impôts !
Bien sûr, il existe aussi une légende pour expliquer l’utilisation des baguettes :
On raconte qu'un Empereur chinois fit interdire couteaux et fourchettes (?) de peur d'être assassiné et que l'on inventa alors les baguettes afin de ne pas manger avec les doigts...
Une autre histoire attribue à Yu le Grand cette invention:
Cet Empereur mythique, fondateur de la première dynastie chinoise des Xia était si impatient de manger la viande qui mitonnait dans le pot, qu'il arracha deux branchettes d'un arbre dont il se servit comme d'une pince afin de ne pas se brûler les doigts...
Une autre légende circule encore: il s'agirait de Zhou, un roi chinois, qui, craignant pour sa vie faisait goûter ses plats par sa concubine favorite (en plus!). Le plat étant trop chaud, celle-ci retira deux baguettes qui retenaient sa chevelure pour manger... (D'où l'expression "cheveu sur la soupe"??) La coutume s'installa dans le pays.
Plus prosaïquement, il semble que les baguettes aient été préconisées par Confucius, considérant couteaux et fourchettes comme des symboles de violence (des armes blanches ?!) alors que les baguettes ne reflètent que gentillesse et bienveillance, la nourriture arrivant déjà découpée sur la table...
Tout le travail de découpe se fait lors de la préparation des plats, ce qui n’est pas le cas chez nous. Cela évite d’avoir à découper une pauvre bête une fois à table ! Et permet une meilleure digestion puisque on ne peut pas avaler d’énormes morceaux.
A vous de choisir votre version... Il y en a certainement d'autres tout aussi surprenantes!
Mode d'emploi:
Les baguettes chinoises sont longues, à bouts cylindriques: à ne pas confondre avec les baguettes japonaises plus courtes, à bouts pointus. Le mode d'emploi est rarement livré avec ...
Bien utiliser les baguettes demande une certaine pratique. Il existe plusieurs techniques, dont la plus simple consiste à :
1. Placer les deux baguettes dans le creux formé par le pouce et l'index de la main droite ou de la main gauche pour les gauchers.
2. Fermer la main sans forcer de manière que les baguettes soient soutenues dans le haut par le pouce. Majeur, annulaire et auriculaire viennent automatiquement se placer autour des baguettes. L'auriculaire doit soutenir la baguette se trouvant vers le corps. Cette baguette est également soutenue par la partie inférieure du pouce, qui exerce une légère pression.
La deuxième baguette repose légèrement sur le majeur. Elle est en plus maintenue par l'index et l'extrémité du pouce. Seule la baguette du haut est mobile. En recourbant légèrement l'index, le majeur et le pouce, il est maintenant possible de saisir des petites bouchées comme vous le feriez avec une pince.
Code dans la pratique périlleuse des baguettes:
Certaines règles sont connues déjà des utilisateurs de couverts classiques:
Il ne faut pas utiliser ses baguettes pour pousser les plats, ne pas les agiter en tous sens en discutant, ni les pointer vers quelqu'un, ne pas farfouiller dans le plat pour trier les morceaux, ne pas prendre un plat dans la main qui tient les baguettes, ne pas lécher ostensiblement ses baguettes...
On évitera aussi de tambouriner sur la table avec (comportement des mendiants qui prient pour de la nourriture), de les faire tomber (porte malheur...).
On espèrera tomber sur des baguettes de longueur égale sans quoi on risque fort de rater son avion, son train, son bateau... et on ne plante pas ses baguettes dans le riz! (cela ressemble trop aux bâtons d'encens que l'on plante dans le sable des brûle-parfums).
Si les baguettes sont croisées, l'affaire se complique: ce peut être pour signifier que l'on a fini et que l'on attend l'addition, certains y voient le malheur, d'autres une invitation romantique... Dans le doute...
Il semble que jeter ses baguettes par la fenêtre lors d’un mariage est une manière de souhaiter aux mariés une abondante descendance. (NB : viser bien la fenêtre et vérifier qu’il n’y a personne qui passe par là !)
On ne pose pas ses baguettes sur le bol (sinon, on signifie que le repas n'était pas terrible...), mais à côté.
On évite également de se gratter la tête avec (!) ou de s’en servir de cure-dent (pour ce faire, il y a des … cure-dents).
Bien, on va s'arrêter là, sinon, vous serez tellement occupé à penser à ce qui se fait ou ne se fait pas avec des baguettes que vous n'aurez plus d'appétit...
Des chiffres:
De nos jours, 30% de la population mondiale mange avec des baguettes, 30% avec des couverts et 40% avec les doigts (Vive les hamburgers et les sandwiches !)...
J'aimerais beaucoup savoir comment on a pu compter tout ça... Avec un boulier peut-être?
Déforestation ?
On n’aime guère se servir des baguettes déjà utilisées et lavées, on leur préfère les baguettes jetables. Résultat, on consomme en Chine plusieurs millions de tonnes de bois car 80 milliards de paires de baguettes sont mises à la poubelle chaque année. La Chine est le premier consommateur et importateur de bois au monde.
Pour freiner cette consommation massive, on veut inciter les Chinois à utiliser des couverts.
L’alternative est de renouer avec certaines traditions et de porter sur soi, dans un étui, ses propres baguettes. On est ainsi toujours prêt - arme au poing pour ainsi dire- en cas de petit creux. Et, avantage non négligeable, cela vous épargne le casse-tête (chinois) des baguettes (chinoises) attachées ensemble qu’il faut casser proprement, ce qui est rarement le cas !
Bref, dégainer ses baguettes persos hors d’un bel étui, c’est quand même plus classe que de s’acharner sur deux malheureux bouts de bois qui n’ont pas l’intention de vous laisser manger !
Nous avons déjà brièvement abordé le sujet, mais il mérite un petit détour supplémentaire !
"Zhuangzi rêva qu'il était papillon, voletant, heureux de son sort, ne sachant pas qu'il était Zhuangzi .
Il se réveilla soudain et s'aperçut qu'il était Zhuangzi.
Il ne savait plus s'il était Zhuangzi qui venait de rêver qu'il était papillon ou s'il était un papillon qui rêvait qu'il était Zhuangzi."
Ce "rêve" de Zhuangzi, date du IVème siècle avant notre ère et fait partie d'un recueil de contes allégoriques, de fables, de paraboles qui contiennent tout l'esprit du Tao.
Le Zhuangzi, 莊子, est une des œuvres majeures du taoïsme avec le Dao de jing (Lao Zi).
Même les experts ne savent pas d’ailleurs lequel de ces ouvrages a précédé l’autre, mais ce n’est pas forcément le plus important dans cette histoire… ce sont des textes incontournables de toute façon.
Et comme souvent pour des œuvres aussi anciennes, certains pensent qu’il s’agirait de textes écrits par Zhuangzi – mais pas que ! Il y aurait aussi d’autres auteurs, ce serait une sorte de « compil », le fait qu’il s’agisse de petites saynètes autour d’une même thématique va dans ce sens…
Zhuangzi cependant a bien existé, né dans l’Etat de Song (Henan), il a vécu à l'époque des Royaumes Combattants dans le royaume de Chu. Il aimait la nature. Petit fonctionnaire (surintendant du jardin d’arbres à laque), il décline l’offre du roi de Chu d’occuper un poste très en vue et se retire loin de la cour pour vivre de la vente des sandales en paille qu’il tresse, puis voyage à travers les états sans rechercher succès, renommée ou richesse.
Ce recueil rassemble donc de petites histoires qui ne sont pas dénuées d’humour, le ton y est parfois un peu provocateur. Il est agréable à lire, et nous laisse pensif !
Il invite l'homme au Wuwei, un non-agir qui ne signifie pas passivité (rien à voir avec une petite sieste postprandiale sous un arbre, les doigts de pieds en éventail – par ailleurs, c’est un très gros effort d’avoir les doigts de pieds en éventail, je vous assure : essayez !), mais plutôt conformité de l'action à la nature des choses et des êtres.
Certains textes montrent combien la connaissance humaine est limitée. La logique, les raisonnements poussés à l’extrême , peuvent devenir pervers et sont des leurres. Souvent l’histoire se clôt sur un non sens patent qui n’est là que pour nous faire prendre conscience d’une autre vérité. Où est la frontière entre le rêve et la réalité ? Où est la frontière entre la connaissance et l’ignorance ? Est-ce déterminant ?
"Le rêve du papillon" est sans doute le passage le plus connu du Zhuangzi et pose la question de la nature de la réalité...
Dans notre volonté de tout contrôler, nous scindons la réalité, ce qui nous donne l’impression de mieux la maitriser. Nous oublions ce qu’est l’expérience immédiate –et donc incontrôlable.
L’unité avec le Dao ne peut être atteinte que par le détachement, la quiétude (contraire de l’inquiétude !), ne pas se demander où cela nous mène, mais simplement suivre.
« L’homme authentique » qui atteint cet état est le sage par excellence, invincible, rien ne le touche. (NB : ce nom « homme authentique » est souvent utilisé dans la dénomination de mouvements de formes de Dao Yin Yang Sheng Gong »)
Si vous voulez butiner plus, il vous suffit de voleter tranquillement, de vous poser chez votre libraire et de chercher "Le rêve du papillon", de Tchouang Tseu (et oui, une autre transcription!!!), par exemple aux éditions Albin Michel, collection "spiritualités vivantes".
Quel intérêt pour nos pratiques :
Ben, oui, nous ne sommes que des humains et nous cherchons à savoir en quoi ces lectures nous apportent quelque chose (on peut aussi régler le problème autrement et se dire que, si toute connaissance est vaine, ce n’est pas la peine de passer un weekend sur cette œuvre… Mais, bon, c’est un peu facile ça !!!)
Deux idées peuvent êtres pertinentes :
Que faisons-nous en Tui shou ? Adhérer, coller, suivre…, se détendre, être présent à l’action qui se fait, ne pas s’opposer directement… Avez-vous remarqué comme les idées préconçues se prêtent peu au Tui shou ? Si vous partez avec l’idée que vous allez faire ceci ou cela, c’est-à-dire que vous partez en voulant contrôler ce qui va se passer, en général, il n’en sort rien de bon (rien du tout même !)
Il vaut mieux s’adapter et ne rien imposer. C’est très Zhuangzi tout ça !!!
Dans un autre texte de ce recueil « Le boucher de Ding », il est question des artisans dont le savoir-faire est si ancien qu’il en devient une seconde nature, il devient instinctif et leur pratique est en accord total avec la nature. L’art acquis, nous sommes dans le « sans effort », le lâcher-prise.
Nous sommes des artisans en Tai ji quan, lorsque nous pratiquons, notre esprit est libre, nous sommes plus instinctifs que « raisonnés ».
Bon, je vois les sourires en coin d’ici… On est d’accord, ça ne vient pas tout de suite, d’ailleurs le boucher dit : « Au début, je ne voyais que le bœuf ; à présent mon esprit opère plus que ma vue » …
Et nous au début, nous sommes focalisés sur les détails, ce qui disperse notre pensée et ne permet pas à notre forme d’être fluide. Mais au fil du temps…
Bref, il ne faut pas croire que ces « vieux » textes soient dépassés. Il y a bien des sujets de réflexion pour les soirées d’hiver ou … les siestes d’été au frais au milieu de cette nature simple et en perpétuelle mutation.
On parle beaucoup de gymnastique chinoise, de Qi Gong, de Tai Ji Quan pour atteindre la sérénité…
😴
La « zénitude » est dans l’air du temps et devient un peu (trop ?) un phénomène de mode. D’autant plus que de trop nombreuses personnes pensent – à tort- que la sérénité vient naturellement, comme ça, en claquant des doigts- et – donc, sont très déçues de s’apercevoir que cette détente ne soit pas forcément synonyme de « s’allonger au sol » et ronfloter (mais pour cela, il y a la sieste, ne l’oublions pas !)
Mais il ne faut pas jeter bébé avec l’eau du bain… (Et d’ailleurs, gardez l’eau aussi, elle est précieuse…)
Il n’y a que du bon à prendre dans le Qi Gong comme dans le Tai Ji Quan, à condition de savoir à quoi s’attendre.
Se défaire des préjugés :
Qi Gong, Tai Ji Quan : deux termes qui apportent dans leurs bagages un gros paquet d’idées préconçues !
Combien de fois m’a-t-on demandé si les tapis de sol étaient prêtés ? S’il fallait apporter son coussin ? Sa couverture ? Combien de fois ai-je rencontré des personnes qui avaient déjà « pratiqué » et ne savaient pas finalement ce qu’elles pratiquaient parce que là où elles étaient régnait un joyeux mélange de relaxation/méditation/ pseudo qi gong, genre de Tai Ji Quan/voire stretching pseudo Yoga ?
🤔
Combien de fois ai-je dû expliquer que nos disciplines ne sont pas des thérapies…
Et c’est pour cela qu’il faut arrêter de parler de « Qi Gong santé » de Tai Ji Quan santé », toute activité physique correctement pratiquée est « de santé ».
Cultiver le calme, la lenteur :
La lenteur permet de rompre avec le rythme habituel, de s’apaiser. Le moment de pratique doit être une bulle confortable dans un quotidien où l’on court trop souvent après la montre (et où parfois, on finit par courir même quand ce n’est pas nécessaire !).
On peut se retrouver enfin. Dans cette lenteur, on perçoit mieux son corps et ses mouvements. On est calme et loin de tout. On est attentif. L’esprit se concentre et se libère.
J’entends de mauvais esprits (si, si, il y en a !) qui me disent : « L’esprit se libère ? La bonne blague, il faut penser au mouvement juste, à ses mains, ses pieds… son port de tête (alouette ?). »
Et Xiao Long réplique : « Et bien justement ! L’esprit se libère du quotidien et de toutes les pensées parasites puisqu’il est pris (porté aussi) par le mouvement ! »
Prendre conscience de sa propre existence :
On prend conscience de son corps, de sa respiration, des battements de son cœur, de soi. On se détourne un moment de l’extérieur et on se tourne vers l’intérieur.
Plus « zen »*, calme, on peut retrouver en nous ce qui est en sommeil, voir la vie différemment, apprécier ces instants, ouvrir son esprit.
Le plus souvent dans notre vie quotidienne, nous sommes absents à nous-mêmes : on est tourné vers les autres, vers le travail ou le divertissement et on s’oublie ».
* « zen » est un peu mis à toutes les sauces, mais l’image que dégage ce mot reste celle de la sérénité…
🌈
Faire circuler « l’énergie » harmonieusement dans tout le corps :
Ah ! La fameuse « Énergie vitale », elle fait couler beaucoup d’encre et de salive: les plus cartésiens, les plus sceptiques, diront qu’il s’agit là d’une vaste plaisanterie.
Mais, même sans accepter le concept d’énergie qui circule dans des méridiens (ce qui est le fondement de la médecine chinoise –qui après tout- notons-le- en a soigné plus d’un depuis quelques millénaires !), on sent bien que le corps se détend et chauffe, que la circulation sanguine est favorisée par ces mouvements.
Il n’est pas besoin de « croire » à l’énergie ou de se faire des nœuds au cerveau pour savoir ce qu’elle est ou ce qu’on est « censé » ressentir, il suffit d’apprécier le bien-être physique et mental qui découle des exercices.
Se préserver :
Tai Ji Quan et Qi Gong font partie d’une démarche de préservation de la santé : En Chine, cela est une évidence, il faut prévenir les maladies par l’activité physique, le repos de l’esprit.
Chez nous, le plus souvent, c’est lorsqu’on est malade que l’on découvre ces disciplines… (Mieux vaut tard que jamais !). C’est une fois que le corps est épuisé –ou l’esprit- que l’on se dit qu’il faut y remédier…
Il est clair que ces activités, Qi Gong et Tai Ji Quan, renforcent le terrain, revitalisent le corps : tout le corps travaille en douceur.
Beaucoup de kinés pratiquent et font pratiquer le Qi Gong à leurs patients, ces exercices globaux, moins pointus que ceux habituellement préconisés en kiné ciblent le corps dans son ensemble. Chacun peut faire les mouvements à son rythme et, gros avantage, on peut adapter le mouvement selon ses capacités. Il n’y a pas de but à atteindre, de performance à établir. On entretien, on progresse… Que du bonheur !
Cependant, il ne faut pas oublier que « Tout ce qui a été réparé n’est pas neuf ! » (Encore un proverbe qui pourrait être chinois !). Et donc, comme un vase cassé puis recollé, les points faibles, les blessures sont toujours là et il ne faut pas s’attendre à des miracles : nos disciplines ne sont pas là pour soigner !
Elles sont là pour prévenir, se connaitre mieux pour éviter de faire des bêtises en allant au-delà de nos limites.
« Tout pour un » :
Il est rare de pouvoir adapter une activité à ses possibilités physiques. Ici, on le peut :
Que l’on soit un « vrai » sportif, un « ancien » sportif (Ah, les traumatismes du sport !!!), un « pas du tout » sportif , que l’on soit très jeune, jeune, moins jeune, plus très jeune ou pas jeune du tout, il y a toujours une solution pour tirer parti de ces disciplines et en ressentir les bienfaits.
Cela ne demande QUE du temps et du travail.
Bref, encore une fois (et on ne le dira jamais assez !) à condition de ne pas s’attendre à des miracles (du genre : «Ouais, l’arnaque !!! J’ai fait deux heures de Qi Gong et je n’ai pas atteint le nirvana »), Tai Ji Quan et Qi Gong peuvent apporter beaucoup et maintenir en forme notre esprit et notre corps.
Il suffit d’un peu de patience, de bonne volonté, de travail régulier (Aïe ! Mince alors ! Ce n’était pas noté dans la pub !).
Bonne humeur et ouverture d’esprit ne feront pas de mal non plus… A bientôt ?
Ce blog est a but non commercial, non lucratif. Il délivre des informations et des commentaires techniques et culturels pour les pratiquants de Tai Ji Quan et de Qi Gong ainsi que pour tous ceux qui s’intéressent à la culture asiatique.
Si vous voulez pratiquer le Tai Ji Quan ou le Qi Gong, allez sur le site de l'association Feng yu Long où vous trouverez toutes les informations nécessaires.