Connaissez-vous les "portes de lune"? Je suis d'accord, on connait mieux les gâteaux de lune, mais, bon... Tout ne peut pas se manger!
Dans les jardins chinois si bien pensés et aménagés, il est bien rare de ne pas trouver au moins une "porte de lune" 月亮门 yuèliàng mén. Il s'agit d'une simple ouverture ronde pratiquée dans un mur.
Car le jardin chinois est conçu comme une œuvre d'art avec ses vides et ses pleins, ses avant-plans, ses arrière-plans… et doit offrir au regard sans cesse de nouvelles perspectives. On ne voit jamais l'ensemble du jardin. On aperçoit une chose, puis une autre... y déambuler est une découverte permanente. C'est un cheminement...
Des fenêtres ajourées, des portes, des pagodes, des étangs, des recoins où s’arrêter et se poser, transforment le jardin en mini-univers où les yeux découvrent à chaque pas un nouveau "tableau" et l'on passe ainsi de scène en scène, de la "forêt de bambous" aux "montagnes" ou au "lac"... Car ces éléments, eau, pierre et végétaux sont incontournables.
Comme une estampe sur rouleau qui ne dévoile que très progressivement l'œuvre créée, un jardin chinois vous mène de surprise en surprise.
Cet élément d'architecture, la porte de lune, marque clairement et symboliquement le passage dans un autre "monde" , ce n’est pas une coupure, c’est une ouverture.
Lorsqu'on franchit la porte, parfaitement ronde, on en forme soi-même le centre. On retrouve ici l'influence de la philosophie taoïste, où l'homme s'intègre à l'univers, où il est une partie de la nature.
Cette porte ronde comme une pleine lune est pour certains une allusion au renouvellement incessant, au cycle de la vie, à la renaissance ou encore au cercle familial, union et force… Les symboles sont comme toujours nombreux et chacun pourra y adhérer selon sa sensibilité…
Traditionnellement, il semble que les portes de lune n’étaient cependant pas parfaitement rondes, seul le haut de la porte représentait un demi-cercle, le bas avait la forme d’un rectangle et elles n'avaient pas de seuil. Ce grand rectangle à la base du cercle devait marquer l’équilibre entre Ciel et Terre, l’équilibre entre yin et yang.
Le jardin chinois n'est pas l'œuvre du hasard, tous les éléments sont choisis pour leur signification symbolique. Le jardinier en est le créateur et doit respecter l'équilibre naturel. Le promeneur n’aura plus qu’à se laisser guider et profiter de cet univers miniature, un petit paradis, un jardin préservé et abrité, protecteur…
Cette jolie "porte" ronde, sans porte (!), représente encore un avantage : personne ne pourra la claquer sur votre nez !
Je vous ai interrompu en plein Qi Gong des 5 animaux? Peut-être étiez-vous justement en train de saisir une pêche... Désolée!
Si vous passez l'été à cueillir des pêches, savez-vous que la pêche est symbole de bonheur et d'immortalité et que les branches de cet arbre étaient utilisées pour chasser les démons ? Le pêcher est d’ailleurs un arbre originaire de Chine.
Longévité, jeunesse éternelle, immortalité, voilà ce que vous promet la pêche dans la symbolique chinoise. On comprend donc pourquoi les simples mortels rêvent de la manger !
Dans la mythologie taoïste un pêcher fabuleux pousse dans le Palais de Xi Wang Mu, Reine Mère de l'Occident: il ne fleurit que tous les 3000 ans (il faut être patient !), et ses fruits ne murissent qu'une fois tous les 3000 ans! Les pêches une fois mûres sont mangées par les immortels (et on comprend pourquoi!) au cours d'un banquet solennel.
Dans le film "Le Royaume Interdit" dont Xiao Long a déjà parlé, on voit une scène où le Dieu Singe perturbe cette réunion, mécontent de ne pas avoir été convié à ce repas, et dérobe toutes les pêches.
Plus prosaïquement pensons à Kungfu Panda qui le confond avec un « pêcher normal » et ne se prive pas d’en avaler quelques-unes.
Bref ce symbole est omniprésent.
La pêche est un des attributs du Dieu de la longévité, le Dieu étoile Shou Xing ("étoile du vieil âge"), il la tient dans sa main droite. On le reconnait à son grand front! Il est parfois accompagné d'une cigogne, d'une grue...
Les deux autres Dieux étoiles sont le Dieu du bonheur (Fu Xing) et le Dieu de la prospérité (Lu Xing). Comme on pouvait le deviner, Xing signifie "étoile".
Arts :
la pêche est un motif souvent utilisé sur les porcelaines, dans les sculptures, broderies, tableaux chinois. Certains sceaux étaient confectionnés en bois de pêcher.
Douceur :
Dans un autre domaine, il existe une pâtisserie chinoise, sorte de petits pains cuits à la vapeur, fourré aux graines de lotus, 寿桃« Shoutao », pêche d’immortalité. Ces petits pains sont souvent offerts lors des anniversaires justement pour souhaiter longue vie à la personne en question. Cet usage persiste, on peut même en trouver au rayon surgelé des supermarchés ! (une forme d’immortalité de la pêche-gâteau ?).
Curiosité :
la pêche plate que l’on voit apparaitre sur les marchés n’est pas une nouveauté, puisqu’il s’agit d’une mutation qui se serait produite en Chine il y a environ 2000 ans. C’est un Anglais qui la fit connaitre en Europe dans les années 1820
Utilisation :
Dans la pharmacopée chinoise l'amande de pêche séchée (Tao Ren) est prescrite pour ses propriétés purificatrices (foie et intestins) et tonifiantes. Elle vivifie le sang, arrête la toux … Elle aurait une action sédative sur les enfants trop agités.
Sa fleur (Tao hua) est utilisée pour ses effets sur la peau (pas encore de pêche, mais ça viendra !), elle contient vitamine C et carotènes, apaise et purifie.
Cette pause estivale a permis à quelques-uns d’entre vous de renouer avec l’épée.
L'épée est l'arme noble, l'arme « vraie » (pas comme l'éventail, selon certains ... Petit Dragon estime que la discussion est ouverte...).
Voici donc quelques points à considérer :
Comment la choisir?
L'épée a une lame droite à double tranchant, l'extrémité est fine, elle peut être souple ou rigide et plus ou moins lourde.
Il est important lorsqu'on choisit une épée pour la pratique de la soupeser et de se demander si on pourra s'exercer avec longtemps sans solliciter excessivement son bras. Il en est de très belles mais souvent, ce sont des épées qui ne conviennent pas à l’entrainement à moins de vouloir en même temps faire un peu de « muscu » !
Bref, il est essentiel d’avoir une épée qui soit adaptée à l’étét de vos petits muscles…
La taille de la poignée est aussi un paramètre à prendre en compte, on doit avoir son épée bien en main, si le pommeau est trop gros, on ne peut la tenir correctement (Xiao Long songe à ces dames qui n'ont pas, heureusement, de grosses "paluches" et se retrouvent à tenir leur épée la main à demie ouverte, ce qui ne permet pas de sensations correctes et fatigue également le bras inutilement...).
Enfin, il faut vérifier si l'équilibrage est bon: une épée facile à utiliser est équilibrée très près de la garde. Plus elle est équilibrée vers l'avant, plus le bras va forcer et la retenir, surtout sur les mouvements larges où l'on tient l'épée à bout de bras.
Ainsi, même si certaines épées rigides sont très belles, elles ne sont pas toujours très pratiques. Il vaut mieux, dans ce cas, les réserver à la décoration... (Une petite épée au dessus de la cheminée, ce n’est pas top déco ça?! C’est quand même mieux qu’une tête de cerf !!!)
Pour s'entrainer, on peut acheter une épée télescopique. Avantage (c'est, à mon sens, le seul... car il n’est guère possible de ressentir un point d’équilibre) on peut l'emporter partout. Il existe aussi des épées en bois, particulièrement intéressantes si l'on souhaite travailler à deux sur des applications martiales par exemple sans risquer de découper son partenaire...
-« Et le pompon alors? »
Ah, oui, le pompon: que serait une épée sans pompon (une pizza sans anchois!).
Traditionnellement le pompon est rouge. Mais on en trouve de couleurs et ... de longueurs différentes. Question longueur, restez raisonnables et conscients que le pompon est un élément TRES mobile et qu'il peut avoir une fâcheuse tendance à s'enrouler autour du poignet, ou de la garde au mauvais moment, il n'est pas exclu non plus, qu'il vienne sournoisement frapper un œil si, emporté par l'élan de la forme (42 ou Wudang), vous faites tournoyer votre épée à hauteur du visage (ça sent pas le vécu ça?)... Bref, restez modeste!
Conclusion: votre épée fait partie de vous, vous devez être à l'aise dans toutes les techniques. Que l'on bloque, coupe, fende, pique de la pointe ou frappe du pommeau, on doit avoir son épée bien en main, la tenir fermement sans crispation, tout près de la garde...
Et rien ne vous empêche de donner un nom à cette arme qui vous accompagnera longtemps (Excalibur, c'est déjà pris...)
L'EPEE, toute une histoire
Un peu d'histoire tout de même... Non, non, ne partez pas! Rassurez vous, on ne va pas passer en revue TOUTES les périodes, on fera des raccourcis!
Même si on a longtemps utilisé la pierre pour fabriquer des armes, L'Empereur Jaune, Huang Di, qui ne riait pas toujours... (-2697/-2597) possédait des épées en jade, mais aussi en cuivre ou en or. Sous les Shang (-1766/-1122) apparaît le bronze.
Les progrès de la métallurgie sont stimulés par les guerres, chacun recherchant des armes plus efficaces, plus tranchantes et solides: Les Zhou se battent contre les Shang et prennent le pouvoir (-909/-255), puis - on oublie un peu la période "Printemps Automne", qui porte pourtant un bien joli nom... - s'ouvre une longue période de guerres civiles (Royaumes Combattants)... Les forgerons sont alors tenus en grande estime!
Et hop! Nous faisons un petit bond par-dessus les Han jusqu'à la période des "Trois Royaumes" (-220/-280) où le général Cao Cao (prononcé tsao tsao...) possédait des épées d'acier trempé capables de couper le fer.
Nouveau petit saut, cette fois par dessus les Sui et les Tang, dynasties pacifiques... (Il y en a!), et les "Cinq Dynasties" pour atterrir chez les Song (960-1279) qui perdent le pouvoir face aux Mongols (Dynastie Yuan 1271-1368): ce brassage de cultures modifie les styles d'épées.
L'évolution se poursuit sous les Ming (1368-1644), puis les Qing (Mandchous). Depuis les Ming, on distingue les épées militaires (plus lourdes) des épées civiles parfois incrustées dans la lame de 7 pastilles de cuivre, représentant la constellation de la grande ourse, qui ont pour but de faire circuler l'énergie.
Sous les Qing (1644-1911) apparaissent des épées courtes offertes aux dignitaires ou aux étrangers, dont l'étui était en laque ou en galuchat (peau de raie ou de requin), on est là sur l’arme de prestige !
Les épées dont on se sert aujourd'hui sont toujours de style Ming ou Qing!
L’EPEE, C’EST UNE LAME !!!
Oui, c’est une lame ! Il convient de le rappeler… car :
Une épée est une arme (et si !). Il faut apprendre à la connaitre pour être plus conscient des techniques que l’on devra exécuter dans un enchainement. Sans quoi, on s’expose à l’agiter comme une vulgaire cuillère en bois, ce qui n’a rien de spécialement martial…
L’épée a une pointe (estoc)
L’épée (spatha en latin) est une « chose plate » à deux tranchants (taille).
Entre ces deux tranchants, on trouve le plat que l’on n’utilise jamais pour parer, la lame pourrait se briser. Les frappes de taille (frapper avec le tranchant de la lame) tendent à faire de longues entailles impressionnantes.
L’épée a une garde
Elle protège la main. Les épées chinoises ont des gardes assez petites.
L’épée a une poignée
Et sans elle, il serait bien difficile de la tenir !
Elle a un pommeau
L’extrémité de la poignée la plus proche de nous, il sert de butée pour éviter à la main de glisser, à l’occasion, il peut aussi servir à frapper… (On fait feu de tout bois !)
L’épée a un fil
Le fil de la lame est la partie tranchante de la lame. Parer avec le tranchant entraîne une détérioration du fil de la lame (cf le poisson scie ?)
L’épée a aussi un axe
Le coup de pointe n'est efficace que s'il pénètre dans l'axe de la lame. Cela permet de transpercer ( ! virtuellement pour nous… je vous rassure) son adversaire.
L’épée a un faible (pour qui ?) :
Le tiers de la lame le plus éloigné de la main est en général la partie la plus souple. Normalement on ne pare jamais avec le faible. Par contre, on s’en sert pour lacérer (Comme Zorro, lorsqu’il laisse son initiale ou lorsqu’il coupe les bretelles du sergent García !).
Si elle a un faible, elle a aussi un fort : c’est la partie la plus solide de la lame, celle qui sert à parer les coups.
Le deuxième tiers de la lame sert à trancher.
Dans le Kung Fu Shaolin, l’épée (Jian) est surnommée le « gentilhomme des armes » : il faut donc la manier avec « noblesse »…
Liée à l’élément Feu, son maniement est subtil, ses techniques aériennes, fluides, les attaques sont coulées dans le mouvement (rien à voir avec Bayard, le Moyen-âge et l’épée à deux mains qu’on abat en criant « han ! »!).
Le but est d’affaiblir l’adversaire par des frappes précises avec les angles de la pointe, tranchants comme des rasoirs!
Plus la lame est droite, plus les mouvements doivent être circulaires pour avoir une réelle efficacité...
L’autre épée :
Si la main droite tient une épée, la main gauche est vide. Avec les doigts on fait un « mudra », index et majeurs tendus, les autres doigts repliés. Ce mudra « Pran », épée magique du taoïsme, contribue à l’équilibre général de la personne...
Symbole de l’épée, on lui confère un sens énergétique. Au-delà de sa fonction d’équilibrage, il semblerait aussi qu’autrefois on combattait avec le fourreau de l’épée, on le tenait en posant les deux doigts en question dessus pour le contrôler. Le fourreau restait contre l’avant-bras, prêt à parer en cas de besoin.
Voilà, j’espère que vous trouverez quelques infos utiles et… gag mis à part, la spatule en bois, maniée dignement, est un bon moyen de s’entrainer dans son salon sans avoir ... à refaire la déco !!!
C'est toujours la grosse question qui empêche de dormir (Non, même pas?!): "Qui a inventé le Tàijí quán alors?"
Ce serait plus simple de dire qui a inventé le téléphone ou qui a inventé le fil à couper le beurre (encore semble-t-il ne pas l'avoir inventé... pas malin!).
Et il est toujours aussi délicat, lorsqu'on s'aventure sur ces sentiers, de savoir où commence le conte, où s'arrête l'histoire véridique. Sans doute pourrait-on trouver un proverbe chinois pour affirmer que " Pratiquer sans curiosité, c'est pratiquer l'esprit libéré"?
Mais Xiao Long est un dragon curieux (et un curieux dragon aussi !).
Quoiqu’il en soit, quelques noms sont à connaitre …
La belle histoire de Zhāng Sānfēng
... Il est dit que Zhāng Sānfēng (张三丰, entre dyn. Song et début dyn. Ming ?), retiré dans la solitude de sa cabane et récitant les Classiques, fut interrompu soudain par un cri étrange.
A pas feutrés, il se dirigea alors vers la fenêtre, il se pencha et vit un oiseau, une grue. Immobile, elle scrutait un serpent lové au pied de l'arbre où elle avait bâti son nid.
L'oiseau tout à coup, poussa un cri et vola vers le serpent, gonflant ses plumes, battant des ailes, cherchant à le piquer avec son bec. Le serpent se dérobait toujours à ses attaques, esquivait, ondulait, ses glissements sinueux, fluides, en spirale le rendait insaisissable.
Zhāng Sānfēng décida de se rapprocher pour les observer, mais lorsqu'il atteignit le pas de la porte, l'oiseau et le serpent avaient disparus...
Avait-il rêvé?
C'est ainsi, dit-on, que Zhāng Sānfēng posa les principes fondateurs de ce qui deviendra le Tàijí quán: la souplesse prime sur la rigidité, le mouvement continu sur le mouvement saccadé, l'absorption sur la force de l'adversaire.
Le serpent et l'oiseau sont opposés et complémentaires, on peut y voir l'image du Yin et du Yang, ils peuvent symboliser les arts martiaux internes et externes et bien d’autres choses encore...
Il existe évidemment bien des versions et des variantes de cette histoire, on dit même que ce moine taoïste n'a peut-être jamais existé, mais la légende est belle et pleine d'enseignements et il n'y a pas que les enfants qui aiment les histoires...
Il serait le fondateur de l’école des arts martiaux du mont Wudang.
Nos origines :
Chén Wángtíng (陈王庭, 1600-1680) semble bien être celui qui crée le Tàijí quán, même s'il n'existe encore aucune théorie du Tàijí quán sur le papier, la technique est bien là ! Il se serait inspiré d’un ouvrage militaire d’un général (dyn.Ming).
Passionné d'arts martiaux et de littérature, Chén Wángtíng associe sa connaissance des techniques de santé, de la philosophie taoïste, de la stratégie militaire (il était commandant des garnisons du comté de Wenxian) pour inventer une nouvelle boxe caractérisée par des mouvements souples et fluides, combinés à de puissantes explosions de force.
A la recherche du mouvement logique et efficace, il crée quelques enchaînements (7 formes dit-on, une 108, un enchainement « poing canon », et encore 5 autres qui auraient été oubliés).
Tous les principes de base sont là: technique martiale, technique de respiration, circulation énergétique dans les méridiens, alliance Yin Yang...
Mais il faudra encore attendre un siècle avant que Wáng zōngyuè, 王宗岳, ne pose par écrit la théorie du Tàijí quán dans un traité (Tàijí quánlùn,太極拳論).
Le style Chen, dont découle le style Yang, est toujours largement pratiqué, mais demande une bonne condition physique si on veut réaliser fidèlement les mouvements vrillés, les sauts, les fājìn (explosions de force), les postures basses...
Le théoricien :
Wáng zōngyuè (1736-1796) est natif du Shanxi, il aurait vécu sous le règne de Qiánlóng,.
Selon les sources Wáng zōngyuè aurait fait halte à Chénjiāgōu et aurait appris son art auprès de la famille Chén... On affirme parfois qu’il aurait été le maître de Jiang Fa. D’autres documents attestent qu’il aurait, dans son vieil âge, été professeur dans sa propre école de Luoyang en 1791. On dit aussi qu’il aurait été actif encore en 1795 à Kaifeng… Difficile de s’y retrouver.
Une chose est sûre cependant: son livre le " Tàijí quán lùn ", autrement dit le "Traité sur le Tàijí quán ", a beaucoup contribué à la propagation du nom de cette discipline. Cette œuvre en constitue le fondement théorique, puisque pour la première fois des textes définissent la pratique de cette « boxe du faîte suprême ».
Sa thèse s’inspire avant tout du : Yì jīng, le bien connu « Classique des Mutations », le plus ancien traité divinatoire du monde, qui doit permettre à celui qui le consulte, de mieux comprendre l’ordre de l’univers, la situation qu’il vit lui-même et peut l’aider à prendre une décision, à déterminer sa conduite pour vivre en harmonie avec la Nature.
Au début, il y a le wújí, l’indifférencié, qui existe depuis toujours.
C’est le moment où dans la forme l’individu est statique : on est calme, on existe simplement, le poids est réparti également sur les deux pieds, il n’y a ni avant, ni arrière, ni gauche, ni droite, ni intérieur, ni extérieur.
De cette immobilité naît le mouvement. L’énergie circule dans le dān tián bien qu’il n’y ait pas d’action. C'est le Tàijí .
Dès le premier mouvement le Yin se sépare du Yang. Ils se distinguent dans la droite et la gauche, le haut et le bas, l’avant et l’arrière.
Ainsi se dessinent les 5 déplacements (wǔ bù, comme dans wǔ bù quán le petit enchainement que beaucoup d'entre vous connaissent... mais si, vous connaissez...) correspondants aux 5 éléments (wǔ xíng)) : le feu avance , l’eau recule , le bois regarde à gauche , le métal prend garde à droite , la terre occupe le centre.
Les déplacements s’orientent selon 8 directions (bā guà ) les 8 points cardinaux. On obtient les 8 portes (bā mén) qui correspondent à 8 techniques: parer (Peng), tirer (Lu), presser (Ji), pousser (An), emmener vers le bas (Cai), déraciner vers le côté (Lie), coup de coude (Zhou), coup d’épaule (Kao). C'est bien, vous n'avez pas perdu le nord...
Bref, c'est Wáng zōngyuè qui pose sur le papier les bases théoriques du Tàijí quán!
Quand le Tàijí quán s’adoucit :
Yáng lùchán (1799-1872) est connu comme le fondateur du Tàijí quán, de style Yang. Il n'a donc pas créé le Tàijí quán, puisqu'il apprit lui-même les techniques dans la famille Chén.
On dit que travaillant au service de cette famille, il apprit en secret les techniques en espionnant les cours de Chén. Découvert, il fit une démonstration de ce qu'il savait et Maitre Chén aurait été si impressionné qu'il aurait décidé de le prendre parmi ses élèves!
Plus tard, il se rendit à Běijīng enseigna à ses propres élèves puis à partir de 1850 (dynastie Qing), enseigna à la famille impériale et à quelques membres de la garde impériale mandchoue...
Toujours vainqueur des défis qu'on lui proposait, on le surnomma "l'invincible"!
Il fit évoluer la pratique, retira les "explosions de puissance"(fājìn), et réserva dans un premier temps l’apprentissage de ses techniques à quelques initiés.
Ce style n'a cessé d'évoluer, d'où l'existence d'écoles différentes, de pratiques différentes, de la "gymnastique santé" au ... martial.
Les pratiquants d'arts martiaux japonais ont pour coutume de saluer la photo du Maitre avant de commencer le cours: si nous devions en début de séance saluer un Maitre, ce serait sans Yáng lùchán puisque nous travaillons le style qui porte son nom... même si ses formes ont évolué au fil du temps et que les écoles se sont multipliées...
Voilà l’été et l’occasion de faire quelques révisions, n’est-ce-pas ?
Lever à 5 heures tous les jours et pratique avant le petit déjeuner !!! (Dépêchez-vous car bientôt, il fera franchement nuit à cette heure là (et aux suivantes jusqu’à 8h d’ailleurs…)
La forme du 8 mouvements (qui en compte plus exactement 10...) est une forme pédagogique intéressante à plusieurs titres:
Elle permet à tous, débutants ou non, de (re) travailler sur des bases incontournables.
Elle est courte et la concentration est donc simplifiée, on peut porter son attention sur l'écart de hanches, ou sur la respiration, ou sur la bonne verticalité du corps, ou sur les finitions, ou...
Il ne faut cependant pas sous- estimer cette "petite" forme, c'est une mine...
Elle est courte disions nous : il n'y a aucune excuse pour ne pas la faire chez soi!
Elle se fait quasiment sur place sans déplacements linéaires, on peut donc la faire chez soi! (bis repetita), et…
Elle est simple à retenir, on peut donc la faire chez soi tout seul!
Les mouvements se font une fois à droite, une fois à gauche: c'est une forme équilibrée.
Mouvement 1: l'ouverture QI SHI:
inspir : passer le poids du corps à droite, soulever le pied gauche en déroulant lentement le pied du talon vers la pointe, écarter expir : reposer le pied en déroulant de la pointe vers le talon, centrer le poids, basculer le bassin, s’installer
inspir : poursuivre en levant les bras, jusqu'au niveau des épaules (pas comme le petit chinois de l'image!),mains relâchées expir : redescendre, mains relâchées
jusqu'au niveau du bassin
... Allez-y, je vous regarde!
Mouvement 2
Voilà un mouvement avec un nom qu'on mémorise bien: "repousser le singe" (juan gong shi).
Nous avons fini l'ouverture en expirant, maintenant...
à l'inspir : faire descendre le bras droit relâché sur le côté, remonter à 45°, paume vers le ciel, on se sert de la taille pour gagner en amplitude, naturellement sans exagérer la rotation. Oui, mais... Oui, mais... que fait la main gauche pendant ce temps? La main gauche se place devant soi, au centre du corps, paume vers le sol et la main se tourne vers le ciel au moment où...l'autre main se tourne vers la terre (Heureusement, on n'a que deux mains...)
Expir : repousser le singe, la main droite glisse sur l'avant bras gauche pour repousser le singe, pendant que la main gauche s'efface et revient vers le côté gauche du corps. Les pieds ne bougent pas
Mouvement 3
Nous avons "repoussé le singe" c'est le moment de " brosser le genou"!
Et voilà qu'il va falloir s'occuper aussi de nos pieds (tranquilles jusque là!).
Tout est dans les pieds vous dira-t-on: ils assurent la stabilité de votre posture, il faut donc veiller à bien les placer dans les déplacements (latéraux pour le 8 mouvements ou linéaires pour les autres formes).
Le principe est toujours le même: en position finale, mon bassin doit être face à l'axe de déplacement et les pieds doivent respecter l'écartement naturel du bassin. Si les pieds sont trop proches, ou (pire!!!) sur la même ligne, ma base est instable (comme si on voulait faire tenir une pyramide, la pointe en bas... essayez, vous verrez, ce n’est pas gagné !).
Il est donc important d'apprendre à veiller sur ses pieds (sans pour autant les garder toujours à l'œil en baissant la tête... ils ne s'échapperont pas, promis!).
Bon, mais et le haut du corps alors?
... La main gauche "brosse le genou", la main droite pousse. En fin de mouvement et malgré ma "poussée", mon genou ne dépasse pas mon pied. Après avoir exécuté avec maestria un "lou xi ao bu" sur la gauche, il n'y a "pluka" en faire un de l'autre côté...
Mouvement 4
Une fois les "singes repoussés" et "les genoux brossés" et propres... nous pouvons nous occuper de notre monture (qu'il faut ménager, c'est bien connu!) et "séparer la crinière du cheval" (Ye Ma Fen Zong).
Nous venons de terminer un Lou Xi Ao Bu à droite, après une délicate transition où les mains glissent à l'horizontale, nous reprenons notre ballon, main droite en haut pour réaliser le Ye Ma Fen Zong du côté gauche.
Puis, transition à nouveau (la même mais de l'autre côté... c'est là que ça se corse!!!), je reprends mon célèbre ballon, main gauche en haut cette fois pour réaliser le mouvement à droite...
Il faut veiller à ne pas "écraser" ou rétrécir" son ballon et dérouler les mains, en les faisant glisser en diagonale lentement de façon à ce que le mouvement des mains finisse en même temps que le pied finit de se poser (toujours du talon vers la pointe) et s’ancre au sol.
Le corps est vertical, le regard horizontal, les pieds espacés de la largeur des hanches bien sûr, pour une bonne stabilité.
Pour éviter de devenir tout bleu, pensez à respirer, tranquillement, inspirant sur la préparation du mouvement (former le ballon), expirant sur le dérouler, la réalisation de la technique, tranquillement.
Mouvement 5
Nos genoux sont bien propres, nous avons consciencieusement caressé la crinière de notre cheval , voilà qu'à présent nos mains vont écarter les nuages. Yun Shou (nuage - main : prononcé un peu comme iuèn s(h)o ou) est un mouvement assez complexe, un de ceux où l'on a l'impression d'avoir trop de mains et de pieds pour arriver à synchroniser le tout... Mais mouvoir les mains dans les nuages, ça se mérite !
Les pieds: nous allons commencer par eux, ils se déplacent latéralement, le pied droit va se rapprocher du pied gauche (l'espace entre les deux pieds est d'un ... pied... à peu près), puis je déplace mon pied gauche sur le côté droit (c'est un peu comme un pas chassé, mais lent, tranquille). Je prends le temps de dérouler mes pieds à chaque fois que je les soulève (je décolle du talon vers la pointe) ou que je les pose (de la pointe vers le talon). Je me déplace ensuite de la même façon de la gauche vers la droite (le pied gauche se rapproche du pied droit, le pied droit se soulève et va se reposer un peu plus loin sur le côté. Accessoirement je n'oublie pas de respirer, ça peut aider!
Les mains: Elles se meuvent dans les nuages, souples... mais pas molles non plus !
Indescriptible... Surtout quand, après, il faut synchroniser les mouvements des mains et les mouvements des pieds...
Le regard suit le mouvement des mains. C'est un mouvement dans lequel la taille joue un grand rôle, c'est elle qui permet l'amplitude du mouvement. Et c'est un mouvement très agréable à faire (dès que l'on a plus à réfléchir à "oùske j'mets mon pied?" et "oùskell est ma main?"
Allez, je vous laisse un peu vous amuser... avant le
Mouvement 6
Après avoir bien dégagé le ciel de tous les nuages, voilà le coq. Ce coq d'or, Jin Ji (et non pas dort...) va se tenir sur une seule patte, Du Li, (comme un flamand rose!). Jin Ji Du Li va donc poser quelques problèmes d'équilibre.
Les pieds: A la sortie du mouvement précédent, je repasse en appui sur mon pied gauche, je m'y installe confortablement, je prends bien le temps d'ancrer mon pied au sol, puis avec la délicatesse qui nous caractérise, nous allons soulever le pied droit, monter le genou à angle droit, le pied naturel, relâché (pas de pied raide "en porte-manteau"!).
Puisque le coq a deux pattes, il va faire ensuite la même chose de l'autre côté: on redescend le pied droit qui va devenir mon pied d'appui et -quitte à se répéter-, on s'installe tranquillement, on s'enracine bien et... on lève le pied gauche. Voilà pour les pieds!
Les mains: Lorsque je termine mes "nuages", ma main droite est en haut, ma main gauche est en bas et, comme le dit le fameux proverbe de Xiao Long:
"Tout ce qui est en bas ira vers le haut et tout ce qui est en haut ira vers le bas, et vice versa"
donc la main gauche remonte au niveau du plexus, la main droite descend, puis à nouveau, la main droite remonte à la verticale, pouce vers soi alors que simultanément la main gauche redescend pour se poser du côté gauche.
Nous ne voyons là que les "extrémités", les mains. Et même si cela peut paraitre étonnant, elles sont rattachées aux bras, et les bras aux épaules, et les épaules au corps... si, si!
Ce mouvement prend son origine dans la taille, l'impulsion vient de là et pour le réaliser mieux encore, il n'est pas inutile d'avoir à l'esprit l'application martiale, qui nous poussera naturellement à avancer un peu l'épaule en finition...
Une autre difficulté pour ce mouvement: la bonne synchronisation du haut et du bas, pieds et mains finissent en même temps, la main qui se trouve en bas a souvent tendance à finir avant tout le monde... ou a rester un peu "vide", sans consistance. Voilà l'essentiel pour Jin Ji Du Li, il y aurait encore quelques détails... à voir sur patte (euh, sur place!)
Mouvement 7
Deng Jiao (à ne pas confondre pour les initiés à Fen Jiao où le pied est pointé...Ici, il s’agit du coup de talon), voilà le mouvement qui suit le Jin Ji Du Li . Et l'équilibre sera une fois de plus à l'ordre du jour...
Que se passe-t-il en bas:
Je termine le Coq et mon pied gauche se pose et s'ancre au sol, tranquillement (c'est du Tai Ji Quan, il n'y a pas le feu au lac!), je soulève le pied droit, genou plié, puis je déplie artistement (ben, oui !) pour donner mon coup de talon à 45°, avant de replier en douceur et de reposer le pied au sol. "Tout ce qui se fait d'un côté, se fait de l'autre côté" (vieux proverbe de Xiao Long), donc je reprends racine à droite pour donner mon coup de talon à gauche.
Élémentaire direz-vous en lisant ces lignes, mais... il y a un mais: il faut prendre le temps et être modeste. J'explique:
prendre le temps signifie ne pas zapper la phase où la jambe monte ou descend repliée. Si la jambe se soulève directement, le déséquilibre menace! On se sent partir vers l'arrière et on est pressé de retrouver le sol!
être modeste signifie que nous ne sommes pas aux "Folies Bergères" et qu'il n'est pas primordial de lever haut la jambe. Ce coup de talon peut viser les côtes, il peut aussi viser le genou ou le tibia, voire la cheville de l'adversaire, donc il n'est pas nécessaire de monter très haut. L'important est d'être stable et "confortable", sans douleur nulle part! Tai Ji Quan est synonyme de bien-être, de plaisir pas de douleur ou de corvée...
(Pour les "trucs" sur l’équilibre, revoir les articles sur le sujet dans la catégorie Tai Ji Quan)
Que passe-t-il en haut:
Au sortir du Coq, les mains se placent croisées devant le corps, paumes vers soi, main droite dessous, je monte les mains, la droite "portant" la gauche et naturellement (!) les mains se retrouvent paumes vers vous, main droite à l'extérieur ("Car la main qui était à l'intérieur se retrouvera à l'extérieur" encore un adage de Xiao Long)!
Les mains s'écartent, le bras droit à l'avant est placé dans la même direction que le pied droit (45°), le bras gauche à l'arrière, un peu plus haut que le bras avant, sert de balancier.
C'est le plus souvent le bras à l'arrière qui est un peu "vide", on a tendance à l'oublier et il se place un peu comme il a envie... souvent plus à côté que derrière, ou plus bas que le bras avant et ces petits "détails" n'aident pas à tenir l'équilibre.
Comme toujours, il faut ensuite bien synchroniser le mouvement du haut du corps avec celui du bas... Mais, il faut se réjouir nous approchons de la fin de cet enchainement et il n'y a plus d'équilibre sur un pied à réaliser!!! Et sur nos deux pieds, rien ne nous arrête!
Mouvement 8
Nous voilà arrivés à l'un des mouvements les plus riches de cet enchainement: Lan Que Wei 揽雀尾 (saisir la queue de l'oiseau ou du moineau selon les traductions finalement plutôt fidèles puisque Lan signifie serrer, attacher; Que: moineau, oiseau et Wei: queue, bout).
C'est un mouvement qui regroupe 4 techniques de base du Tai Ji Quan que l'on retrouve sous le nom de "4 portes" ou "4 potentiels" : Peng (parer), Lü (tirer ou rouler vers l'arrière), Ji (presser), An (pousser). Vous m'en direz tant! C'est quoi ces potentiels?
Peng: sert à parer, à se protéger, sert à pousser aussi: il est "expansif". C'est l'idée du ballon qui grâce à son élasticité reste solide et "plein", même si on appuie dessus pour le comprimer. Lü: sert à tirer, à emmener le partenaire jusqu'à sa limite d'équilibre, à le déraciner: il est "attractif" et relativement passif, puisque on ne fait que poursuivre le mouvement initié par le partenaire qui avance vers vous et le prolonger. Ji: se fait à deux mains, il est proche de Peng, il sert à propulser le partenaire: on ajoute à "l'expansif" de Peng, l'"impulsif", et la main en "Peng" se voit renforcée par l'autre main pour une plus grande efficacité. An: absorbe et utilise les paumes, (poing ou pied) pour pousser et déraciner le partenaire.
Peng, Lü, Ji, An correspondent aux points cardinaux (sur ces points cardinaux, les attributions sont fluctuantes... de quoi y perdre le nord, son latin et le peu de chinois que l’on connait!
En ce qui concerne Xiao Long, il reste fidèle à l'enseignement de son Maître:
Peng au sud, Lü à l'ouest, Ji à l'est et An au nord.
On appelle ces 4 techniques Si Zheng (4 directions).
Comme ce mouvement, "saisir la queue de l'oiseau", comprend les principes fondamentaux du Tai Ji Quan, certains le surnomment "Le petit Tai Ji".
Bien, mais ce n’est pas tout ça! Dans le 8 mouvements, qu'en est-il de cette queue d'oiseau?
Nous allons la saisir d'abord à droite, puis à gauche. Une fois les coups de pieds finis, les mains se replacent autour du "ballon", main gauche en haut, puis on déroule, comme pour Ye Ma Fen Zong, mais la main devant se place à l'horizontale (et non en diagonale), puisque l'on "pare". Et PENG!
Puis la taille pivote légèrement, les mains se placent pour "tirer" en Lü. On tire en diagonale, vers le côté, pas de face, sans quoi votre partenaire, s'il était là, vous écraserait les pieds, et ce n'est pas agréable du tout!
Puis on se replace de face, les mains se rejoignent et se positionnent pour le Ji. On part du principe que l'on "presse" à sa hauteur (nos "adversaires fictifs" ne sont jamais plus grands - ni plus petits - que nous: cela nous permet de conserver les coudes et les épaules relâchées).
Enfin, après avoir absorbé, les mains se préparent à pousser). Et voilà, le moineau est bien attrapé à droite, il n'y a plus qu'à s'occuper de celui de gauche!
Je vous rappelle que le 8 mouvements en comprend insidieusement 10. Nous sommes près de la fin, mais il faut attendre encore un peu pour pouvoir "fermer". Mais, bon, nous ne sommes pas pressés puisque nous pratiquons le Tai Ji Quan!
Mouvement 9
Ayant "saisi la queue de l'oiseau" avec maestria, il nous faut à présent "croiser les mains" (Shi Zi Shou)...
Nous sommes en Gong Bu (pas de l'archer) sur la gauche, les 2 mains devant nous et jusque là, tout va bien ...
Prenons le mal à la racine: les pieds!
Le pied gauche se "ferme" et se replace perpendiculairement à l'axe de déplacement (pour ceux qui auraient déjà perdu le nord, face au miroir... euh... pour ceux qui pratiquent, ouverture face au miroir... Si vous n’avez pas de miroir, alors… on est mal… Ah! le manque de repères...).
Puis le pied droit "s'ouvre" vers la droite afin de pouvoir confortablement faire passer le poids du corps vers la droite. Le pied droit se "ferme" ensuite (face au dit "miroir"), on porte le poids sur le pied gauche, on prend appui sur l'intérieur du pied droit pour le rapprocher du pied gauche avec fluidité, légèreté (et non pas en criant "Han" comme la dynastie du même nom et en forçant sur le dos pour ramener son pied!!!).
Et nous voilà face au "miroir", pieds parallèles avec nos « mains en dix ».
Et les mains? Je vous dirais volontiers qu'elles suivent les pieds. Mais encore? Dans le mouvement "fermer pied gauche, ouvrir pied droit", la main gauche reste en place, la main droite suit la trajectoire et va vers la droite à l'horizontale, on se retrouve donc bras écartés.
Les mains vont se rejoindre lorsque les pieds se rapprochent dans un mouvement de "jardinier qui ramasse les feuilles en automne, mais qui ne pique pas du nez pour ce faire" (appellation non contrôlée mais brevetée Xiao Long...).
Enfin, les mains sont croisées, main droite à l'extérieur, devant la poitrine alors que les pieds sont parallèles.
Ce mouvement est aussi nommé "mains en dix", car le caractère + (Shi) signifie 10 ! Pour indiquer avec les doigts le nombre 10, on croise les 2 index l'un sur l'autre.
Il faut veiller donc à ne pas "piquer du nez" lorsqu'on "ramasse" les feuilles! Le dos reste vertical, il n'est pas utile de toucher le sol avec les mains. On descend jusque là où nos jambes nous descendent... C'est à elles de faire le travail, pas au dos!
Mouvement 10
Il faut bien s'y résoudre: c'est l'heure de la fermeture... retour au calme.
On avait bien nos mains croisées devant nous et voilà, c'est "Shou Shi". Les paumes des mains qui étaient vers nous se retournent doucement pour regarder le sol (la main droite est dessous), on écarte les mains lentement, largeur des épaules, on baisse les mains et on "remonte": les jambes retrouvent leur position naturelle... une fois les mains posées sur les jambes, on les fait glisser sur les côtés pour retrouver la position de départ alors qu'en même temps, on rapproche les pieds. C'est fini!!!
Ainsi tout finit là où tout a commencé.
Les formes finissent toujours là où elles ont commencé: du vide (pied joints, bras le long du corps) nait le mouvement et dès le départ, l'alternance Yin-Yang est partout, dans les appuis (on passe de la droite à la gauche, de l'avant à l'arrière, du plein au vide...), dans les mouvements de la taille, des bras, (en haut, bas, droite, gauche, avant, arrière...).
Cette alternance est continue, sans cassure, jusqu'à la fin, où le mouvement s'arrête, où l'on revient au repos, où il ne se passe plus rien. C'est l'image de la vie dans un enchainement...
Quand je vous dis qu’on peut la faire partout !!! Même entre deux rochers dans le sable humide et avec lunettes de soleil : rien n’arrête le pratiquant de Tai Ji Quan !
Allez, on chinoise un peu ....
Leçon de chinois du week-end:BA SHI = 8 mouvements
La colonne 1 vous donne une idée de la prononciation des nombres.
La colonne 2 est la transcription pinyin mais sans les jolis petits tons dont nous devrons nous passer....
La colonne 3 donne la prononciation approximative du pinyin (qui, il faut bien l'avouer, ne nous aide pas toujours beaucoup....
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