Voilà un thème majeur de la pensée chinoise: la culture de soi.
Voilà une idée qui prend le contrepied de la tendance actuelle qui n'accorde d'importance qu'à l'apparence extérieure, le
superficiel. Pas question ici de badigeonner le tout au vernis antirides... Il faut tout gratter et retrouver l'essentiel, le naturel.
L'homme ne peut se construire que par un long travail sur lui-même. Il doit apprendre la simplicité, l'oubli de soi et savoir se
renouveler perpétuellement. Tout un programme!!!
Dès le VIème siècle avant notre ère (déjà!), une intuition se fait jour: un souverain ne pourra rayonner dans le monde que grâce à sa
puissance intérieure (notion un peu passée de mode?). Et cette force ne peut être effective que si l'on y travaille constamment et minutieusement (vieux débat de l'inné et de l'acquis...).
Peu à peu cette recherche va concerner tout le monde, les élites comme les gens du commun. Ainsi, il n'est plus la peine de chercher
le réel de l'existence dans un autre monde, un monde divin ou de pure théorie. C'est l'assimilation du principe vital (qi) qui est le fondement de toute vie.
On parle de Xiu Shen "raffiner le corps" (j'ai dit culture de soi et non culturisme...) et "de nourrir la vie"
Yang Sheng. On s'en remet à la nature. Il ne faut pas trop s'encombrer de connaissances, de celles qui poussent à l'habitude, aux préjugés, à l'immobilisme. Car la "vraie" connaissance
est transformation.
Le sage, l'accompli, le parfait s'abolit comme individu et accède à un autre rapport au monde. Il redécouvre le naturel, la
spontanéité. Il n'est plus que pure réactivité, la vie même, et sait se renouveler quotidiennement. Mais, bon... la manoeuvre n'est pas à la portée de tout le monde!
Extrait du Guanzi (à méditer en ces jours d'averses...)
"Le Ciel a pour dominante la régulation.
La Terre a pour dominante la planitude,
L'Homme a pour dominante la tranquillité.
Printemps, automne, été, hiver
Du Ciel sont les périodes.
Montagnes, collines, vallées, rivières
De la Terre sont les membres...
(...)Le sage évolue selon le temps, sans toutefois changer;
Il se déplace en suivant les choses, sans se déphaser."
Guanzi "Neiye"