A plusieurs reprises, la question des différences entre formes longues a été posée à Xiao Long qui a parcouru de nombreuses montagnes pour essayer d’y voir plus clair de son œil de dragon.
Il est vrai qu’on peut être facilement désarçonné au premier abord : on parle de 85, de 88, de 103, de 108… et j’en passe. Cependant, le mal n’est pas très profond… Certains comptages associent des mouvements que d’autres dissocient. Il n’y a que très peu de vraies différences.
Voici donc un article pour ceux qui voudraient se lancer sur la longue piste des similitudes et différences…
Entre 85 et 103 :
1ère partie identique (ouf !)
2ème partie :
Tout va bien jusqu’au repousser de singe, mais là au lieu de faire du « trois en un » (comme les shampoings), on dissocie dans le comptage chaque « repousser » (un pour la gauche, un pour la droite et un pour la gauche de nouveau : donc trois mouvements et non un seul).
On remet ça avec les nuages que l’on sépare, donc de nouveau trois mouvements au lieu d’un seul.
De même pour « séparer les pieds à droite et à gauche » qui compte pour deux et non pour un dans la 103. Plus loin, même opération pour les « brosser de genoux ».
Enfin, nous voilà tranquilles un petit moment. Mais déjà la fille de jade se pointe avec sa navette à lancer et de nouveau le comptage est perturbé : chaque « fille de jade » compte pour un mouvement à part entière alors que dans la 85 un « mouvement » comprend les quatre « filles de jade ». Et le « parer à gauche » est dissocié du « saisir la queue de l’oiseau ».
3ème partie :
Les trois nuages à nouveau comptent pour trois mouvements distincts. Même topo pour nos petits singes que l’on repousse… Et un dernier petit tour de nuages….
DONC : la forme est identique, les différences se situent juste dans le « découpage ». Cette opération s’est faite dans les années 90 (96 d’après mes sources).
Et la 88 ?
Il y a quelques réelles différences avec la forme 88 plus ancienne, qui, par exemple, comporte bien aussi trois séries de nuages, mais deux séries de 5 nuages et une de trois, au lieu de trois séries de trois nuages (différence de météo sur l’axe Nord Sud ?). Dans la 88, les nuages forment un seul « mouvement » (et non 5 ou 3 dissociés). Les coups de pieds (mouvements 30 et 31 de la 88) sont dissociés, associés dans la 85. Et ce brave serpent ne darde pas la langue au même moment… Mais sinon, ce ne sont que quelques détails de « découpage »…
Et la 108 ?
Et bien là, dès la queue de l’oiseau les choses se corsent !!!! Car chaque technique :lan che wei, peng, lü, ji an, compte pour un « mouvement »… Pareil pour les trois « brosser de genoux » de la partie 1, ils sont comptés un par un. Ce qui fait qu’à la fin de cette 1ère partie la 103 est au mouvement 14 et la 108 au mouvement 21 !!! Entre le tigre rapporté à la montagne et le poing sous le coude, la 108 insère le peng, lü ji an…et un simple fouet.
Pour compenser, la 103 dissocie les « repousser de singe » que la 108 associe… Pour se venger la 108 intercale avant le simple fouet de la 103 des « peng, lû, ji, an » de nouveau (et toc !). Mais la 103 ne se laisse pas faire et dissocie les nuages que la 108 avait regroupés ! Un petit coup de poing se glisse avant le « ban lan chui » (avancer, bloquer, frapper) et du coup, en fin de partie 2, nous voilà avec un score de 58 mouvements pour la 108 au « croiser des mains » contre 51 pour la 103…
Attention, on s’attaque à la 3ème partie : de nouveau un brin de peng, lü, ji an entre tigre rapporté à la montagne et simple fouet oblique. Et « séparer la crinière du cheval » qui compte pour trois (et non pour un ! C’est un cheval à crinière particulièrement abondante !). Encore un peng lû ji an avant le simple fouet. Le 103 sépare ses nuages de nouveau (non, mais !!!). Du coup le coq d’or se coupe en deux dans la 108 (pauvre bête !), alors le singe se fait repousser en trois fois dans le 103 et les nuages se séparent en trois aussi! La main qui perce du 108 se prend un mouvement pour elle toute seule. Et un petit coup de poing se glisse de nouveau avant le pas an avant, bloquer, frapper. Si je ne me suis pas perdue en route, je crois que l’on est arrivé à la fin du match… 103 pour les uns et 108 pour les autres… Pfffff ! Xiao Long en a les écailles toutes ébourifféees..
Pour les amateurs de casse-tête chinois gratinés, je suggère de poser les listes de mouvements des différentes formes sur le sol et de chercher les petites bêtes… Elles ne sont vraiment pas bien méchantes tout… compte(s) fait(s) et cela occupe bien , le soir à la veillée, quand la bruine ne cesse de tomber.
L’essentiel est préservé : il y a bien trois parties : Terre, Homme et Ciel, leurs proportions sont sauves et la Terre est bien petite pour supporter l’Homme (…) Heureusement que le Ciel est immense et domine tout ! Chaque partie se termine harmonieusement par une fermeture apparente et un croisé des mains qui nous permet de rapporter le tigre à la montagne !
Le « Grand enchaînement » de 108 mouvements est la pluie qui alimente toutes les rivières des autres enchainements.
Qu’il s’agisse de la 108 de Yang lu Chan, de la 88 ou de la 85/103 l’esprit est le même. Peu importe alors que le découpage soit effectif, qu’il soit ancien ou récent. Le travail de mémorisation, de concentration est identique. Le plaisir que l’on a à exécuter cette forme longue, le bien être que l’on ressent, est identique.
Et..
Il en est des formes comme des noms : le coq peut se transformer aisément en faisan ou en cigogne…. Le volatile reste d’or sur une patte !!!