Depuis un peu plus d’un mois à présent Huan Huan (欢欢 :Joyeuse) et Yuan Zi (圆仔 : Rondouillard) habitent Saint Aignan sur Cher, ce qui doit un peu les dépayser de Chengdu, leur ville natale, tout de même ! Mais ils sont là pour une dizaine d’années et auront tout le temps de s’adapter.
Ces tout nouveaux venus aux prénoms inoubliables ( !) sont âgés de trois ans et ont fait la une récemment : ce n’est pas tous les jours qu’un Boeing 777, surnommé le « Panda Express » atterrit à Paris ! La Chine « prête » ces deux pandas afin qu’ils se reproduisent et que l’espèce soit préservée. Le panda géant reste le symbole de toutes les espèces menacées, il était donc bien normal que leur arrivée soit entourée d’une agitation médiatique particulière…
Et que l’on déroule le tapis rouge pour ce Yin-Yang à quatre pattes, car le concept de la « diplomatie du panda » ne date pas d’hier : déjà sous les Tang, offrir des pandas permettait de resserrer des liens entre la Chine et d’autres pays. Le panda est un « trésor national ». De nos jours, il ne s’agit plus de cadeau, mais de « prêt » à long terme. Le panda reste un « émissaire d’amitié », même si cela a un coût : le transfert (non on ne parle pas de joueurs de foot, mais bien de pandas !) a coûté 750 000 euros et un don d’un million et demi a été fait à l’association chinoise des zoos. Tout se négocie…
Les deux gros nounours blanc et noir à la tête toute ronde ne peuvent cependant pas laisser insensibles.
Le panda ne vit que dans le centre de la Chine, dans les montagnes du Sichuan et du Tibet (1800 à 3400m). Voilà pourquoi ils ont bien apprécié les jours de neige!
En chinois, on le nomme « ours chat », xiong mao 熊猫 , et certains pensent qu’il est plus proche des ratons-laveurs (gros le raton-laveur !) que des ours. Dans tous les cas , il grimpe aussi bien qu'un chat dans les arbres (bon, d'accord, c'est pas le même poids et il faut bien choisir l'arbre...)
On signale sa présence dans des textes chinois du XIIème siècle, où on parle de lui en le décrivant comme un « animal blanc et noir qui ressemble à un ours et mange du cuivre et du fer ». Il faut dire qu’apparemment, il adorait alors mordiller les ustensiles de cuisine dans les villages…
Les légendes sur son compte sont nombreuses :
Une histoire chinoise raconte qu’il y a bien longtemps les pandas étaient tous intégralement blancs.
Un jour, une fillette, la cadette de quatre sœurs, meurt, les pandas, habitués à jouer avec elle qui les comprenait si bien, sont désemparés. Ils trempent leurs pattes dans de la cendre en signe de deuil. Ils se frottent les yeux pour essuyer leurs larmes abondantes et se consolent et se réconfortent mutuellement en s’entourant de leurs pattes. Enfin, ils se bouchent les oreilles pour ne plus entendre les tristes lamentations des autres… et les traces de cendre sont restées sur leur fourrure en souvenir de ce pénible jour.
Un autre conte dit qu’une bergère aurait sauvé un bébé panda qui allait se faire dévorer par un léopard. La malheureuse bergère s’interpose avec courage mais… c’est elle qui se fait croquer. Les pandas, émus et reconnaissants pleurent et se recouvrent les pattes de cendre pour respecter les rites de la région.
La réalité est tristounette elle aussi:
Seuls 1600 pandas environ vivent encore en pleine nature, leur habitat se réduit sans cesse, et de plus, les forêts de bambous nécessaires à leur survie disparaissent parfois naturellement :tous les 10 à 100 ans le bambou fleurit, puis meurt : il faut attendre une dizaine d’années pour qu’ils atteignent une taille suffisante pour servir de cantine aux pandas.
Très menacé, mais bénéficiant d’une grande popularité en Chine et à l’étranger (et sa bonne bouille y est pour quelque chose !), plusieurs projets existent en sa faveur (réserves, gardes spécialisés dans la lutte contre le braconnage…).
Espérons que l’histoire du panda se terminera bien et que nous n’aurons pas à nous frotter les mains dans la cendre !