Comme prévu Xiao Long a mis la main sur une aventure du juge Ti écrite par Frédéric Lenormand : « Petits meurtres entre moines ».
On aurait pu se réjouir que les affaires du juge Ti soient reprises en main par un auteur français, mais… Même s’il est difficile de prendre la suite de Van Gulik, sinologue averti, on ne peut pas laisser passer certaines choses.
En réalité, tout repose sur un malentendu et
si on ne connait pas l’œuvre de Van Gulik…, et si le juge portait un autre nom, tout irait bien, ce serait alors un roman policier comme tant
d’autres, à l’intrigue assez banale, aux personnages un peu légers – (même si lourds parfois !) et palots, à lire en deux heures sur la plage ou au coin du feu un soir de grande détresse
télévisuelle. La Chine n’est plus qu’un paysage, un prétexte. Xiao Long sent la fumée sortir de ses oreilles:
Dans le roman de Lenormand, le juge collectionne ses épouses, reluque déjà une accorte chinoise qu’il ajouterait bien à son tableau de chasse, et considère sa Première comme une hystérique caractérielle dont il voudrait bien se débarrasser – au moins momentanément... Quoi que…
(Or, la première épouse du juge selon Van Gulik est une maitresse femme, efficace et cultivée, elle gère la maisonnée, respecte son « Seigneur », elle sait quelle est sa place mais n’hésite pas tout de même à exprimer tout en finesse son accord ou son désaccord).
Ce dédoublement de la personnalité va plus loin : Ti se réjouit de ces petits meurtres, il semble qu’il aime faire son nid au
milieu des crapules… Lui, si « confucéen », si imprégné de l’ordre du monde, de sa position, si conscient de sa tâche, si ouvert d’esprit, dénigre le taoïsme et le bouddhisme.
(Van Gulik le dépeint plus modéré sur ce point. Si Ti n’aime pas l’étalage d’idoles, ces panthéons qui fourmillent de dieux affreux, ces rites étranges
destinés à endormir les hommes, il reconnait l’intérêt de la philosophie taoïste.)
Amusantes aussi ces remarques concernant la pratique des Arts Martiaux au monastère des femmes qui s’y adonnaient « lorsque le temps s’y prêtait » : heureusement qu’elles n’habitaient pas en Normandie… elles ne se seraient pas entrainé beaucoup.
Si le but était d’écrire un roman léger, farfelu, doté d’un héros au sens de l’humour développé, le tout sur fond vaguement historique, alors c’est réussi. Mais alors… que ce juge trouve un autre nom ! Bref, Xiao Long ne va pas s’attaquer au 14 autres volumes…
Rien à voir avec le roman de Zhu Xiao Di… où là, on aimerait vraiment une suite !
Lenormand 15/03/2015 11:20
Xiao Long 15/03/2015 12:13