Il ne s’agit pas ici du cheval gris de notre bon roi Henri IV qui se serait roulé dans la poussière (le cheval, pas Henri !)
Il est question de légende chinoise :
Un vieillard possédait un superbe cheval blanc que tous les notables du pays lui enviaient. On lui en proposa des sommes folles, mais il refusait toujours. « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre » disait-il.
Un jour, le cheval disparut et les voisins réunis devant l’écurie donnèrent leur avis : « Il fallait s’y attendre, le cheval a été volé, pourquoi ne pas l’avoir vendu avant ? Quel malheur ! »
Le vieil homme répondit : « Il est vrai que le cheval n’est plus dans l’écurie, c’est un fait. Tout le reste n’est qu’appréciation de votre part : comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ? Qui sait ce qui adviendra ? »
Les voisins (sympas !!!) se moquèrent de lui.
Quinze jours plus tard, le cheval revint seul. Il s’était mis au vert et une douzaine de chevaux sauvages venaient à sa suite.
Les voisins avouèrent : « Tu avais raison, ce n’était pas un malheur, mais une bénédiction ! »
« Comment savoir si c’est une chance ou une malchance, contentons-nous de dire qu’il est revenu. Ce n’est qu’un épisode. Peut-on connaitre le contenu d’un livre en ne lisant qu’une phrase ? », leur dit le vieil homme.
Les voisins étaient sûrs à présent que ce vieillard n’avait plus toute sa tête. Qui pouvait nier que recevoir douze magnifiques chevaux était une chance ? .
Le fils du vieil homme dressa les chevaux et l’un d’eux le jeta à terre et le piétina. Les voisins étaient alors d’accord pour affirmer que ce n’était pas une chance finalement d’avoir reçu ce cadeau du ciel, car le fils unique du vieux paysan était à présent dans l’incapacité de travailler.
« Qui donc t’aidera dans tes vieux jours, tu es vraiment à plaindre » se lamentaient les voisins.
« N’allez pas si vite, mon fils n’a plus l’usage de ses
jambes mais nul ne peut prédire l’avenir ».
Après quelques temps, la guerre éclata et tous les jeunes du village furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide.
Et les voisins (un peu girouettes les voisins !) de se lamenter : « Tu avais raison vieil homme, ton fils reste près de toi tandis que nos fils partent à la guerre ».
Le paysan (fidèle à lui-même) répliqua : « Je vous en prie, ne jugez pas hâtivement. Vos fils sont dans l’armée, le mien est à la maison, c’est tout ce que l’on peut dire. Qui sait si cela est un bien ou un mal ? ».
…
Nous connaissons tous ce cheval blanc…
Il serait bon de réagir comme le vieillard, accepter les évènements sans porter de jugement. On peut croire que tirer des conclusions, anticiper est une bonne chose, on peut imaginer que l’on exerce une sorte de contrôle de la réalité… Mais est-ce bien le cas?
La fin d’une route marque le début d’une autre. La réalité n’est qu’un long chemin, derrière la dune, on découvre une autre dune… Il n’y a pas à se soucier du but, il suffit de continuer le voyage, en confiance…
NB : Nous connaissons tous aussi ces voisins… ou pas ?