La fête des bateaux-dragons, duān wǔ jíe (端午節) marque l'entrée dans les chaleurs de l'été et la saison des épidémies. Elle a lieu le cinquième jour du cinquième mois lunaire, le 16 juin cette année. De nombreuses pratiques y sont associées. Toutes ont pour but de conjurer les démons des maladies. On devait par exemple consommer du vin soufré, xióng huáng jiǔ (雄黃酒) —cette tradition tend à disparaitre de nos jours, car on a pris conscience que ce vin faisait peut-être autant de victimes que les maladies infectieuses qu'il devait éviter...
On fabriquait, et de nos jours encore les mères confectionnent de petits sachets de tissu (xiāng bāo 香包) remplis d'une poudre censée protéger contre les maladies l'enfant qui le porte... Les sachets sont tenus par un fil de soie et portés au cou ou accrochés au vêtement. Ces gracieux ornements ont encore pour effet d'exorciser les démons. On décore aussi pour l'occasion la porte d'entrée avec des herbes protectrices (chāng pú, 菖蒲), de l'armoise,(ài cǎo, 艾草) et l'effigie d'un dieu pourfendeur de démons, Zhōng Kuí.
La tradition veut que ce jour-là, lorsque le soleil arrive au zénith, l'énergie yang (陽) atteigne son apogée. Ce serait le seul moment de l'année où on peut aisément faire tenir un œuf debout sur sa pointe, jeu auquel se sont exercées avec plus ou moins de bonheur des générations d'enfants chinois.
Mais la coutume la plus remarquable reste les courses de bateaux en forme de dragon mûs par des rameurs. La légende la plus connue, raconte qu'un ministre du roi de Chu (Printemps et Automnes), Qu Yuan (屈原), poète à ses heures, se serait jeté dans la rivière Miluo par dépit: ses conseils étaient négligés et son dévouement au pays mis en doute. Il se serait donc noyé!
Selon la légende, après la mort de Qu Yuan, les gens du peuple de Chu affluèrent au bord du fleuve pour lui rendre un dernier hommage et les pêcheurs conduisant leurs bateaux firent des va-et-vient sur le fleuve pour chercher sa dépouille , mais sans résultat. Pour éviter qu'il fut mangé par les poissons, on jeta alors des boulettes de riz gluant et des œufs dans le fleuve. Un vieux médecin y versa même du vin de riz pour soûler les animaux aquatiques. Dès lors, la course de bateaux-dragon, les boulettes de riz gluant et le vin de riz sont devenus des us et coutumes populaires en Chine.
Dès le début du 5e mois lunaire de chaque année, beaucoup de familles commencent à faire tremper du riz glutineux dans l'eau, laver des feuilles de roseau et faire des gâteaux triangulaires (zongzi). La coutume chinoise de manger des gâteaux triangulaires de riz glutineux s'est répandue largement en Corée , au Japon et dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est.