Il n’est pas toujours nécessaire d’aller à l’autre bout du monde pour voir de belles choses. Pour voir une pagode par exemple, pas besoin de faire ses valises : il suffit de « voyager » jusqu’à Sèvres.
La « Pagode du Cœur tranquille » (« Tinh Tam » en vietnamien) a été construite par des artisans bénévoles vietnamiens, cambodgiens et laotiens à partir de 1982 qui y ont consacrés tous leurs loisirs : l’édification a duré 8 ans.
Mais comment est-elle arrivée là, au n°2 de la rue des Bois ?
Dès 1954, après l’éclatement du Vietnam en deux zones, nombreux sont ceux qui s’exilent en France. Malgré leur souci de s’intégrer le plus rapidement possible, ils n’abandonnent pas les traditions familiales et pratiquent chez eux le culte des ancêtres ainsi que la religion bouddhiste. La communauté va s’agrandir…
À partir de 1975, une nouvelle vague de réfugiés vietnamiens, cambodgiens et laotiens arrive en France (chute de Saigon en 1975, les communistes nord-vietnamiens prennent le pouvoir sur tout le territoire).
Un homme, Jean Sainteny, dépêché en son temps par de Gaulle au Vietnam, devenu un spécialiste de l’Extrême-Orient et poursuivant une brillante carrière
politique, est touché par la situation des réfugiés.
Il sait à quel point la religion est source de réconfort, il obtient de faire aménager pour eux un temple bouddhiste… Oui, mais… où pourrait-on trouver un endroit ? Ce sera finalement… dans le bois de Vincennes… dans une des « huttes » rescapées de l’Exposition Universelle de 1931. Ainsi, c’est le pavillon du Cameroun qui deviendra Grande Pagode du bois de Vincennes en 1977… pas vraiment un look de pagode, mais l’important est que désormais, un lieu existe.
La communauté asiatique s’agrandit encore et de nombreux Chinois s’y adjoignent. Il est question de construire une pagode plus conforme à la tradition. Les fonds seront fournis par les diasporas asiatiques du monde entier et de nombreuses donations.
Cette pagode « universelle », coincée entre des immeubles tout ce qu’il y a de plus « occidentaux », rassemble des matériaux venus de différentes régions d’Asie, briques vernissées de Chine, parquets de chêne, de 800 ans d’âge !!!, de Thaïlande… Le monument comporte comme le veut la tradition 3 étages. Une salle de culte au 1er, une chapelle consacrée à Avalokitesvara, déesse de la miséricorde au 2ème, le tout chapeauté d’un « clocher » en forme de stupa contenant une relique de Bouddha.
La pagode symbolise l’ascension de l’esprit dans sa quête de perfection spirituelle. Le jardin dans lequel un grand
Bouddha doré est allongé, est avant tout un endroit destiné à la méditation : lotus, roue du dharma, lions de pierre protecteurs… et même un bananier…
Une grande partie des 150.000 asiatiques – mais pas uniquement- de la région parisienne s’y retrouvent le dimanche. Le bouddhisme compte de plus en plus d’adeptes non asiatiques, car cette philosophie de vie attire. Et la pagode est ouverte à plusieurs cultes (autel dédié à Ganesh…).
Les visites sont autorisées le dimanche de 9h à 18h, de préférence en dehors d’heures de culte bien sûr. Et la pagode vaut vraiment le détour !