Li Jun Fan ou Li Xiao Long est une personnalité incontournable pour tout pratiquant d’arts martiaux que l’on fasse dans
l’explosif ou dans le tranquille…. Né une année du Dragon à l’heure du Dragon, son surnom « Xiao Long » lui ira comme un gant !
Et malgré ce beau nom chinois, Li Xiao Long, fils d’un comédien vedette de l’Opéra de Canton, est américain : il est né dans le quartier de Chinatown à San Francisco en 1940. Si je vous dis que cet homme était philosophe, artiste martial, acteur,
réalisateur, producteur, scénariste et qu’il créa sa propre voie martiale, le « Jeet Kune Do »… peut-être aurez-vous deviné de qui il s’agit?
Il semblerait que son prénom américain lui ait été donné par… une infirmière ! Mais il n’en profitera pas tout de
suite puisqu’il repart vers Hong Kong avec ses parents. Très tôt il jouera dans des films hongkongais introduit dans ce milieu par son père. Ce n’est qu’adolescent qu’il découvre la passion de sa
vie : les arts martiaux.
S’il est passé par la case Tai Ji Quan, c’est le Wing Chun surtout qui va former sa technique grâce aux enseignements de Yip Man puis de
William Cheung
(car Li fut exclu de l’école de Wing Chun à l’initiative de quelques jaloux sans doute ( ?!) sous prétexte que sa mère, au quart allemande, était donc
étrangère et que Yip Man avait toujours refusé d’enseigner aux étrangers…)
Finalement, ses parents décident de renvoyer en Amérique ce fils turbulent et bagarreur qui n’était pas sans ennemis… Bruce
enseignera le Kung Fu dans les parcs et intègre l’Université de Washington pour y
étudier la philosophie.
Petit à petit, son expérience personnelle et ses réflexions philosophiques le poussent à créer son propre art
martial : « La voie du poing qui intercepte », le Jeet Kune Do, plus pratique, plus fluide que le Kung Fu, adapté au combat réel, où techniques
de boxe anglaise, de self-défense, de Kali se côtoient. (Le JKD sera même enseigné aux Forces Spéciales américaines).
Suite à une blessure, immobilisé pendant six mois, il entreprend de mettre sur papier ses réflexions et croquis sur l’art du
combat: « Tao of Jeet Kune Do ».
Il n’y a pas que le « petit » Bruce
Lee bondissant et hurlant des films qui l’ont fait connaitre en Europe, c’est pourtant souvent cette image qui domine… Loin du « tout dans les muscles et rien dans la tête », Bruce
Lee est un vrai penseur.
« Absorbe ce qui t’est utile, rejette ce qui
ne l’est pas, ajoute ta propre expérience ».
Corps et esprit ne font qu’un et participent de l’Univers, on s’oublie soi-même, cette idée n’est pas nouvelle. Et la
citation qui suit en rappelle d’autres plus anciennes :
« Vide ton esprit. Sois sans forme, informe,
comme l’eau. Tu mets de l’eau dans une tasse, elle devient la tasse. Tu mets de l’eau dans une bouteille, elle devient la bouteille. Tu mets de l’eau dans une théière, elle devient une théière.
L’eau peut couler ou elle peut tout balayer sur son passage. Sois l’eau, mon ami. »
Le Wu Wei, le non-agir reste la clé, pour faire face efficacement, on est relax (et non inerte !), prêt à
s’adapter, à accepter ce qui se présente. Pas de but ou de mobile, pas de calcul, le mouvement surgit du vide.
Mais il va plus loin: il n’y a pas pour lui un style de combat
unique ou meilleur qu’un autre. Les techniques préétablies figent le corps et l’esprit. L’art martial est une expression de soi, pour cette raison se soumettre sans réflexion à une seule
doctrine est un obstacle à l’épanouissement de la personne. Les techniques sont apprises pour être oubliées, ne plus avoir de techniques, c’est les avoir toutes et la réponse devient spontanée,
automatique, libre.
Compréhension, expérimentation, simplicité permettent de développer une « auto-connaissance ».
« Une fois que tu connais les racines, tu peux
comprendre les bourgeons ».
Pour en savoir plus (avant de tout oublier…) le livre « Tao du Jeet Kune
Do »…