Nous voilà prêts pour la grande aventure :
Ouverture : QI SHI
Bien centré et concentré, je me prépare. J’inspire et je soulève le pied gauche du talon vers la pointe. J’expire et je repose le pied à distance « écartement de hanche », en déroulant de la pointe vers le talon. Ne pas oublier de recentrer le poids, de basculer légèrement le bassin, et de s’installer tranquille sans pour autant marquer de temps d’arrêt.
J’inspire et je continue en levant les bras, jusqu'au niveau des épaules (pas plus, on se souvient : « Tai Ji… Économie!).
Les mains sont relâchées. À l’expir, les mains redescendent, relâchées jusqu'au niveau du bassin.
Ye Ma Fen Zong : séparer la crinière du cheval sauvage
On peut à présent s’attaquer à la crinière du cheval sauvage…
Je saisis mon ballon Tai Ji, main droite en haut (et donc... main gauche en bas!), je passe mon poids dans la jambe droite pour libérer le pied gauche, et c'est parti!
Je pose mon pied gauche par le talon sur le sol et je déroule lentement, bien sûr je déroule mes bras en même temps afin que mon mouvement soit coordonné, ce qui me permet avec le plus grand naturel de "finir" simultanément haut et bas, mains et pieds.
Je n'ai pas oublié de respecter l'écartement de hanches en posant mon pied. Je n'oublie pas de regarder le soleil se lever à l'horizon (et non le ver de terre qui se tortille à mes orteils). J'ai tout bien respiré, inspir en préparation, expir en finition, je ne suis pas tout bleu…
Je porte mon poids sur ma jambe avant pour passer en gong bu, je soulève doucement la pointe du pied gauche en faisant passer mon poids sur la jambe droite, j'ouvre la pointe en pivotant sur le talon, et replace mon pied, pointe orientée vers la gauche à 45° (et pas un degré de plus, attention! Mais non, je plaisante !), je place tout mon poids dans la jambe gauche pour libérer ma jambe droite, tout en reprenant mon ballon main gauche en haut (et donc main droite en bas…).
Puis je ramène le pied près de la jambe gauche avant de la reposer devant en respectant l'écartement de hanches et je repars tranquillement pour le second Ye Ma Fen Zong, puis le troisième. Car on répète ici trois fois cette technique, et non deux fois comme dans le 16 mouvements !
Attention :
- Je conserve le dos vertical tout au long de ces déplacements, je ne me penche pas en avant (pas besoin de lancer le lasso pour attraper le canasson, on sait lui parler à l’oreille...)
- Je ne pose pas le pied avant trop loin devant moi, on reste modeste sur cet écartement pour pouvoir ramener la jambe arrière avec fluidité, sans dés équilibre.
- Je respecte bien l’écartement de hanche dans mon avancée, car si mes pieds sont sur la même ligne, je change de style et je passe à la boxe de l’homme ivre… et je tombe de cheval !
- Les bras restent détendus, il n’y a pas de crispation dans les épaules.
- J’utilise mon centre, ma taille pour initier le mouvement et caresser en douceur le cheval qui reste « sauvage », on le rappelle !
La grue blanche déploie ses ailes !
Abandonnons notre cheval sauvage dont nous avons copieusement caressé la crinière… Voilà la Grue !
La Grue est un oiseau symbolique, on le retrouve fréquemment dans les noms de mouvements de Tai Ji Quan ou de Qi Gong. Il est grâce, légèreté et longévité bien sûr ! Donc, mettons-nous dans la peau (dans les plumes ?) de la Grue et imitons-la au mieux…
BAI HE LIANG CHI est une technique déjà vue dans la forme des 16 mouvements, vous me direz, si on ne la connait pas cette forme, on ne sera pas plus avancé…
Ce n’est pas grave ! D’autant plus qu’histoire de bien perturber ceux qui auraient appris la 16, la Grue 24 se réalise… de l’autre côté : il y a dans la forme 24 trois YE MA FEN ZONG et non deux comme dans la forme 16… et que donc (allez, un effort, on suit un peu !!!) notre Grue se déploie à l’inverse… (car « Ce qui va par deux dans la 16, va par trois dans la 24 » Proverbe de Xiao Long).
Bref ! En fin de mouvement précédent, on est en Gong Bu, pied gauche devant. Occupons-nous de la base (les pieds !).
On ramène en demi-pas le pied droit derrière le pied gauche (Demi-pas !!! Et pas « pas » : si je rapproche trop mon pied arrière, ma Grue risque d’avoir du gîte -sans le couvert…).
À présent je m’installe, je m’assois sur ma jambe arrière. J’y mets tout mon poids, progressivement bien sûr : je suis une Grue, pas un éléphant ! Cette manœuvre me permet de libérer ma jambe avant, disponible, je peux la soulever toujours en douceur et en reposer la pointe avec délicatesse (Xü Bu/pas vide). On ne précipite rien, on prend le temps de s’ancrer avant de libérer quoi que ce soit et on RESPIRE (l’inspiration permet de se stabiliser plus facilement).
Bon, les pieds sont au point ? Alors que se passe-t-il en haut ?
C’est la taille qui joue le rôle principal – et non les bras. Quand je prends appui dans ma jambe avant, je reforme mon ballon, main droite en haut. Quand je m’assois sur ma jambe arrière, ma taille suit et pivote sur la droite, le ballon suit donc : les bras ne font « rien », ils suivent (« Tai Ji = économie » : équation de Xiao Long).
Au moment où mon pied libéré se soulève, le bras droit monte (paume vers moi, à hauteur du visage), le bras gauche descend (finition comme en brosser de genou, paume vers le sol, légèrement en avant du… genou). La taille ramène le corps face à la ligne de déplacement. C’est la taille qui nous emporte doucement à gauche, puis à droite et nous recentre.
Et là se termine la grue.
Le passage qui suit donne souvent lieu à des mouvements de bras un peu désordonnés : pour faire la jonction avec la technique suivante, la taille tourne à gauche, les bras ne font « rien », puis la taille tourne à droite, là le bras droit descend et le bras gauche monte, puis la main droite va remonter légèrement, la main gauche se rapprochant du coude droit. Le pied gauche toujours pointé au sol jusque-là, va se soulever et se rapprocher du pied droit. Nous voilà prêt à brosser nos genoux !
Les « Dangers » de la Grue :
Certaines Grues avalent des yoyos et ont alors une fâcheuse tendance à « monter/descendre » curieusement…
D’autres ont la patte légère et ne s’enracinent pas suffisamment, elles sont sujettes alors au mal de mer… et vacillent.
Les « joies » de la Grue :
C’est un mouvement doux, ample, circulaire, on y est bien… on s’envolerait presque !