Nous avons parlé déjà des 12 méthodes, « Dao Yin Yang Sheng Gong Shi Er Fa ». Cet enchainement, enseigné par les représentants de l’Association chinoise de Qi Gong santé est l'un des nombreux enchaînements créés par Maître Zhang Guan De, fondateur de l'école « Dao Yin Yang Sheng Gong ».
Xiao Long est un fan ! (et n’est absolument pas impartial lorsqu’il affirme que ce sont les plus beaux mouvements de Qi Gong qu’il connaisse…)
Nous trouvons là deux termes que l’on entend souvent- parfois un peu à n’importe quelle sauce d’ailleurs : « Dao Yin » et « Yang Sheng ».
Il y a les principes généraux de « Dao Yin » et de « Yang Sheng »), mais réunis, c’est aussi le nom d’une école de pratique (Dao Yin Yang Sheng Gong)…
Dǎo Yǐn : « ancêtre » du Qi Gong…
Dǎo Yǐn导引 signifie « guidage et étirement ». C'est une forme de gymnastique douce chinoise pratiquée dès l’antiquité. Les premières références du Dǎo Yǐn se retrouvent dans des textes de 400 av. JC. " Dǎo" signifie "diriger", au sens de "conduire l'esprit, la respiration et les mouvements", selon des principes précis : esprit calme, respiration profonde et régulière, mouvements justes et fluides.
"Yǐn " signifie tirer, guider, dans le sens d'effacer les tensions du corps et de l'esprit.
Peuvent y être associés des exercices respiratoires (tǔ nà /吐纳) , des exercices de concentration mentale (cún sī 存思), et une technique d’acupression (diǎn xué 点穴).
L'un des précurseurs du Qi Gong actuel et l’une des nombreuses pratiques visant à préserver ou à rétablir la santé était appelé Tǎo yǐn ou dǎoyǐn.
La petite histoire :
La légende attribue l’invention du Dǎo Yǐn à deux Immortels de l’antiquité Chì Sōng Zǐ (赤松子) et Wáng Zǐ Qiáo (王子乔). Il est particulièrement lié à la culture taoïste, même s'il est aussi adopté par des moines bouddhistes.
Selon le principe taoïste, sa pratique harmonise l'homme avec le ciel et la nature et lui assure la longévité (on peut toujours essayer, il n'y a rien à perdre et… beaucoup à gagner...).
Une grande variété de formes et de pratiques apparaissent au fil du temps: il y a par exemple, la gymnastique respiratoire inventée par le moine Jiànzhēn (dyn. Tang), le Dǎo Yǐn du moine Guǎngdù (dyn. Song), la série des « Huit pièces de brocart » (bāduànjǐn 八段锦) attribuée par la légende aux généraux Zhong Li Quan des Han ou Yue Fei des Song, et la « Méthode Dǎo Yǐn des personnes âgées » (lǎorén dǎoyǐn fǎ) créé par Cáo Tíngdòng (dyn. Qing).
Le Dǎo Yǐn est mentionné dans le Huang Di Nei Jing, célèbre traité fondateur de la médecine chinoise traditionnelle, comme une bonne méthode pour prévenir, soigner et guérir différentes pathologies.
La pratique :
Le Dǎo Yǐn suit quelques règles et est pratiqué de préférence en intérieur, isolé du sol par une natte, dans une pièce ni trop vaste ni trop exigüe et de luminosité moyenne, pour préserver l’équilibre Yin/Yang.
À ce sujet- et de façon logique- pour être « confortable, on évite les « excès » : le froid et l’humidité, la chaleur, le vent… On évite donc de pratiquer les pieds nus sur la falaise balayée par les rafales même si on a un tempérament « romantique » à la Chateaubriand… On évite aussi le cagnard méridional au zénith qui vous fait dégouliner de sueur à la moindre pensée… rien que de très raisonnable en somme pour que le corps et l’esprit soient à l’aise et économisent l’énergie.
Le moment de la journée et la direction à laquelle fait face le pratiquant doivent correspondre à l’élément de la partie souffrante selon la médecine chinoise.
Pour Tao Hong Jing, les exercices se font idéalement entre une heure et onze heures du matin, période où le souffle (qi) est à son apogée.
Ces principes ne sont plus guère appliqués. Nous sommes plus loin de la médecine chinoise que nos amis…chinois…
Comme souvent, tout est très "codifié" et correspond à une logique interne. La pratique corporelle qui en découle est poétique et ludique, alliant à la fois symbolisme des noms donnés aux mouvements et bonne connaissance des trajets des méridiens (au moins les principaux) et de certains points clés.
Tête légère, épaules relâchées (rien de bien neuf en cela!), pieds stables ancrés dans le sol, orienté vers l'attention, une sorte de concentration flottante, plus que vers l'effort, on cherche à mettre le corps en mouvement, avec calme, précision et fluidité, afin d'effectuer un travail qui apporte souplesse et détente, tout en développant ses facultés de concentration et de gestion du stress.
Yǎng Shēng : prendre soin de soi
Yǎng Shēng ( 养生) est le "nourrir la vie". Cette expression devient très à la mode et il existe aujourd’hui de nombreuses pratiques qui portent ce nom.
Restons vigilants tout de même… et raisonnables, lorsqu’on vous parle de « guérir » tous vos maux !
Préserver sa santé, c’est prévenir, adopter une bonne hygiène de vie, apprendre à se connaitre, à respirer, à prendre soin de soi en renforçant le physique, en calmant l’esprit… et adopter une attitude simple et logique (si, si… c’est faisable !).
Doser le repos et l’activité -selon les saisons –dans la mesure du possible ! Harmoniser ses émotions (ne plus se fâcher tout rouge !) … En diététique, respecter la nature, les saisons, les besoins et la satisfaction (et non, on ne s’empiffre pas de fraise en décembre… ou on a tout faux ! On se mitonne des petits plats avec des produits naturels (enfin, les plus naturels possibles –je ne sais pas si les poissons panés carrés avec des yeux dans les coins en font partie).
Le Dao Yin Yang Sheng Gong : une école
導引養生功
Maître Zhang Guan De (张广德) est le fondateur en 1974 du système de Qi Gong «Dao Yin Yang Sheng Gong » (導引養生功) (DYYSG) qui est reconnu en Chine à la fois par les Ministères des Sports et de la Santé et par la Fédération Internationale de Wushu et la Chinese Health Qigong Association.
Cette méthode est enseignée dans les universités de médecine chinoise traditionnelle et diffusé dans plus de cinquante pays dans le monde.
Maître Zhang Guan De est né 28 février 1931 à Thangshan dans la province du Hebei. Dans sa jeunesse, il a pratiqué avec succès les arts martiaux chinois, il a étudié à l’Institut du Wushu, à l’Université des Sports de Pékin en 1955. Quelques années plus tard, en 1963, il y est nommé Professeur.
Au milieu de sa carrière, à la fin de la révolution culturelle chinoise, tombé gravement malade, il utilisa son expérience de Wushu alliée à sa connaissance de la médecine chinoise traditionnelle pour créer ce qui devait devenir le Dao Yin Yang Sheng Gong.
Au début, trop faible pour une pratique intensive, il a développé des exercices qui pouvaient se faire en position allongée : ce furent huit exercices pour traiter sa tuberculose qui constituèrent par la suite la base de la « série des 49 mouvements pour stimuler le Qi dans les méridiens ». En recouvrant peu à peu ses forces, il créa de nombreuses séries qui peuvent se faire assis ou debout, selon les possibilités du pratiquant. Il les compléta par les formes du Yang Sheng Tai Ji qui se pratiquent à mains nues, au bang (petit bâton), à l’éventail, à l’épée ou au sabre.
Il a obtenu le second prix national de la recherche scientifique en 1992, avant de devenir Président du groupe de recherche du Dao Yin Yang Sheng Gong et Vice-Président de l’Association Chinoise de Recherche en Wushu.
Il a obtenu en 1998 le huitième Duan de Wushu chinois, et le titre de Grand maître des Arts martiaux. Par la suite, élevé au rang de trésor vivant de la Chine, il devient neuvième dan de Wushu. Il est décédé le 30 janvier 2022.
Depuis 2011, il a chargé son neveu Zhang Jian de diffuser le Dao Yin Yang Sheng Gong en Europe et plus particulièrement en France.
Zhang Jian, qui est né en 1976 dans la ville de Feng Run, dans la province du Hebei, en Chine, et qui vit actuellement à Singapour, est diplômé de l'université d'éducation physique de Pékin. Après avoir étudié le Wushu, il commença son étude du Dao Yin Yang Sheng Gong en septembre 1993 auprès de son oncle, devint son assistant et pendant dix ans, il l’accompagna dans le monde entier afin de faire découvrir sa méthode.
Grands principes à connaitre:
* Le Yin et le Yang.
* Les Wu Xing (les cinq agents) : Terre, Métal, Eau, Bois, Feu.
* Les douze méridiens principaux.
Les « clés » de la longévité :
Concentrer l'esprit-cœur ;
Régulariser la respiration ;
Guider et harmoniser l'énergie ;
Assouplir le corps.