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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 13:05

 

Haïku… Qu’est-ce que c’est ?

Il s'agit d'un petit poème extrêmement bref, visant à exprimer la fugacité des choses. C’est une sorte de « concentré » de sensation, d’émotion, de simplicité, d’évidence et d’humour parfois qui vous laisse dans un premier temps souvent perplexe.

Il nécessite le détachement de l'auteur qui va droit au but, s’exprime sans détours. C’est un instantané : le haïku ne se « travaille » pas, il saisit le moment présent –déjà passé-(!!?), il est rapide et concis.

Il doit évoquer plus que décrire, on ne rentre pas dans les détails. Pour l’apprécier, on préfère l’écouter, lu à haute voix et en une respiration (d’où l’intérêt de sa brièveté…). On peut ainsi en au mieux capter la vitalité et l’éphémère. C’est un poème « origami », que l’on regarde, que l’on déplie lentement pour découvrir ce qu’il y a à l’intérieur. Humble, mais profond.

Ce poème obéit à quelques règles et une des règles du haïku (qui saisit l’évanescent) est le kigo : « mot de saison », une référence à la nature (le durable) ou un mot clé concernant l'une des quatre saisons, le jour de l’an figurant une saison à part entière ! On y trouvera donc, des cerisiers (printemps), des hannetons (été), des roseaux (automne) ….

Pivoine d’hiver

Les pluviers doivent être

Un coucou dans la neige

Matsuo Bashô (1644-1695)

 

PHOTO Xiao Long

 

Si l’image le plus souvent parle d’elle-même… elle peut en cacher une autre…

Et ça vient d’où ?

Le haïku est un terme créé par le poète Masaoka Shiki (1867-1902). On attribue la paternité de cette forme poétique d’origine au poète Bashô Matsuo (1644-1694).

Cela signifie-t-il que le haïku est d’origine japonaise ? Pas si sûr… car il semble que Bashô ait lui-même fait allusion à l’origine chinoise de cette forme poétique :

« Quant au haïkaï de Chine

J’interroge

Le petit papillon qui voltige »

Bashô, A Kyoto rêvant de Kyoto

 

Il serait ici question de Zhuang Zi (IVème siècle avant JC) lorsqu’il raconte son rêve et sa confusion (rêve-t-il qu’il est un papillon ou le papillon rêve-t-il qu’il est Zhuang Zi ?).

Yuan Ming (365–427) proposait :

Les nuages

Sans intention

Surgissent des cimes des montagnes

 

PHOTO Xiao Long

Wang Wei (701-761) écrivait:

Au printemps l'étang est large et profond

J'attends le retour de la barque légère

Lentement, lentement, les lentilles d'eau se rassemblent

Le saule pleureur les balaye, à nouveau les éparpille

 

Tung Po ((1023–1089) a composé :

Adossé à un vieux saule

Quelqu’un vend

Des citrouilles jaunes

On ne peut nier l’influence de la Chine sur de la culture actuelle japonaise. Certains peuples chinois utiliseraient des caractères depuis -2500 (!!!) et l'assimilation de l'écriture, chinoise, par les japonais ne commence qu'au IVème siècle.

C’est avec l'écriture qu’arrive la poésie. Mais si l’esprit haïku est né en Chine, c’est bien au Japon qu’il a trouvé son aboutissement et c’est là que cette forme très particulière a prospéré.

 

PHOTO Xiao Long

Le vieil étang

Une grenouille qui plonge

Le bruit de l’eau

Bashô

(En V.O :

furuike ya

kawazu tobikomu

mizu no oto)

Les Chinois n’ont cependant pas jeté l’éponge… La langue chinoise qui ne manque pas de caractère(s)… (D’accord, elle est facile… mais comment résister…) se plie cependant bien au haïku et Ying Chen, poètesse contemporaine, en a écrit quelques-uns.

Ying Chen est née en Chine, mais vit à Vancouver. Elle a étudié Les Lettres françaises à Shanghai et à Montréal et vient souvent à Paris. Elle nous propose :

Terrasse vide

Des voitures passent

Le vent arrive

Entre les nuages

Et les vagues, parfois

Aucun bateau ne passe

Une pluie fine

Chaque maison est une île

Le reste est la mer

La pluie apporte

Le son d'une cloche

Dimanche chez nous

Ying Chen

Haïkus écrits en chinois, traduits en français par l'auteur.

Bien sûr, pour apprécier pleinement, il vaut mieux lire/écouter la version initiale: la traduction est difficile, car si elle peu rendre l’impression globale, il est difficile d’y reproduire les mêmes sonorités, et on y perd certainement quelque chose…

Attention, les haïkus sont comme les excellents chocolats, il ne faut pas tout engloutir d’un coup, mais prendre le temps de les apprécier avant d’en prendre (délicatement) un autre ! Ils invitent à prendre conscience de petits riens, d’évidences ,auxquels on ne prête pas, ou plus, attention.

La langue japonaise et la langue chinoise se prêtent donc merveilleusement à cet exercice et il est plus délicat de composer un haïku en français, le flou, l’ambiguïté est plus difficile dans notre langue « compliquée » d’articles, de conjugaisons… plus avide de ponctuations diverses…

Nous sommes plus dans la longue phrase à la Proust que dans la brièveté du haiku…                                               

Si la plume vous démange cependant ...

 

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Published by Xiao Long - dans HAIKU CULTURE

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