Le Tai Ji Quan guiding, mais qu’est-ce que c’est ?
Dans guī dìng 规定, il y a guī qui signifie règle ou (verbe) planifier et il y a dìng : fixé décidé. Il est question donc ici de formes codifiées conforme à une règle… Peut-être êtes-vous comme ce gentilhomme « bourgeois » de Molière qui faisait de la prose sans le savoir… peut-être pratiquez-vous le « guiding » sans être au courant…
Le Tai Ji Quan guiding est apparu dans les années 50.
La « forme de Pékin », c’est-à-dire la forme 24 mouvements est certainement la plus connue. C’est une version simplifiée de la forme développée par Yang Cheng Fu, elle comporte moins de mouvements et certaines difficultés techniques ont été laissées de côté afin d’en faire une forme abordable par le plus grand nombre.
Pour quelques puristes cette forme n’est que gymnastique en pyjama , car pour ces personnes, seule LA longue forme 108 existe… Pourtant, c’est faire preuve d’un esprit bien étroit que d’affirmer cela : la forme 24, comme les autres formes guiding, se pratique selon les principes et règles fondamentales de la discipline : c’est une forme à part entière –plus courte- voilà tout.
Mais peut-être le Tai Ji Quan est-il réservé aux seuls ermites qui vivent perchés sur un pied au sommet des montagnes comme sur les photos ?
Pour certains ces formes sont standardisées et sont donc de peu d’intérêt car restrictives … mais quelles que soient les formes – ne sont-elles pas par définition standardisées, ou bien ? Chacun fait-il dans « l’impro » ? Je connais quelques Maitres qui ne seraient pas contents du tout de savoir cela ! Bref, c’est l’éternelle querelle des Anciens et des Modernes.
Quelques repères :
En 1956 la forme 24 est créée par d’éminents experts réunis par le gouvernement, parmi eux des représentants de la famille Yang, pour simplifier l’ancienne forme traditionnelle du 108, la rendre accessible à tous – but finalement louable puisque nous en bénéficions - et l’introduire dans l’éducation de la population, afin que chacun puisse se maintenir en bonne santé (puisque la prévention est primordiale !)
Ainsi est créée la 24- forme de Pékin- non sans critiques. C’est la plus connue à travers le monde.
En 1957 : la 88 –forme longue- est recrée par le fils de Yang Jian Hou (1839-1917), elle est restructurée et des indications claires sont données afin que les principes fondamentaux soient respectés.
1979 : la 48 est créée par des experts dans les 5 styles appelés par le ministère des sports. La 48 représente plus de difficultés que la 24, elle est très technique, très équilibrée, vivante, riche et variée.
C’est aussi celle qui sera forme de compétiton, pendant un temps…
Puis la forme 42 est créée pour la compétition, elle apparait pour la première fois en 1991.
Dans les années 1997 : sont créées les formes 8 et 16 afin de développer les AMC : sans doute les Occidentaux peu patients sont-ils satisfaits d’avoir ces formes pédagogiques pour mettre le pied à l’étrier…
La plus récente à mains nues est la 26 qui renoue avec des techniques et un déplacement traditionnels…
D’autres formes y compris en armes existent, comme par exemple la 32 la 42 épée ainsi que la « new classic », la plus récente ou la 48 éventail…
Ce n’est pas parce que certaines formes sont dédiées à la compétition IWUF (International Wushu Federation) qu’il faut croire que Guiding est synonyme de compétition (ce que l’on appelle le Wushu sportif/taolu) : le Guiding c’est aussi des formes pédagogiques créées pour que chacun puisse progresser à son rythme sur l’acquisition des techniques de base, et, on peut dire que la 24 comme la 88 ou la 32 épée, par exemple, sont des formes « traditionnelles ».
Traditionnel signifie « transmis de génération en génération », la tradition n’a pas besoin non plus de remonter aux calendes grecques ! Et d’ailleurs certaines formes « traditionnelles » dites anciennes ont été parfois très amendées par les générations suivantes et les ixièmes disciples : il ne faut pas croire que les écoles soient statiques et figées. Ce serait d’ailleurs à mon sens – un contresens- car, ce qui est figé est mort, la vie c’est le mouvement, la transformation…
La caractéristique de cette pratique est sa fluidité, les mouvements sont particulièrement amples, circulaires, constants…
Bref, on s’y sent bien, on y respire, on y combat des ombres, l’énergie y circule…
Alors, que demander de plus ?