Mais qui est ce Martial dont on nous parle ?
Il semble toujours délicat d’aborder cette question, le Tai Ji Quan donne cette belle image lisse, fluide, reposante et hautement pacifique. Nombreux sont ceux qui ne voient dans nos mouvements que des … mouvements lents –voire mous- exécutés en « pyjama » pour le plaisir des yeux. Et c’est souvent d’ailleurs de cette façon qu’on nous « vend » : facile, accessible à tous et coooool !
C’est oublier un peu vite l’aspect martial de cet art interne.
Et comme le dirait Xiao Long, si c’est pour faire du Tai Ji Quan 100% énergétique… il vaut mieux faire du Qi Gong !
Parler « martial » ne signifie pas que l’on doive se taper dessus en ahanant, tout rouge et en sueur… (Là, c’est de la lutte qu’il faut faire !).
Cela signifie simplement qu’il faut tenir compte de cet aspect qui fait partie intégrante du Tai Ji Quan (ben oui, il y a « Quan » quand même dans l’histoire et Quan, c’est le poing !)
Alors, finalement, à quoi cela sert-il de connaitre des applications martiales ?
À donner du « corps » à notre forme en complément de la dimension énergétique, un peu de Yang dans le Yin… Pour qu’une harmonie naisse de ce jeu d’équilibre entre énergétique et martialité.
Est-ce pour tout le monde ?
Ce travail sur les applications martiales est à la portée de tous.
Il suffit de se pencher sur une technique, se poser la question de sa finalité, puis de tester avec un partenaire les différentes possibilités, car il y en a toujours plusieurs (il faut renoncer à la monomanie « une technique = une application !)
Le but n’est pas –pour nous- d’être rapide ou efficace au point d’envoyer valser son partenaire (mais le sera-t-il encore après ça?) à l’autre bout de la pièce. Le but est de voir si l’application peut-être crédible, cohérente, comprendre mieux la technique, pourquoi la main est-elle ici, comme ça ? Pourquoi ce pied là ?...
Bref, redécouvrir le mouvement de la forme dans un contexte différent : à deux et non seul, face à … l’imaginaire.
Et au-delà de cette découverte, d’adapter à notre morphologie, à nos possibilités physiques du moment une technique : donc, tout le monde peut faire…
Pas possible ! Une technique offre plusieurs possibilités d’applications !
Tout dépend de ce que l’on recherche : les professeurs souvent enseignent les applications qui sont les plus fidèles à la technique de la forme, car le but est de montrer la finalité de la technique en question. Ce ne sont pas toujours les plus « fun », mais c’est leur pouvoir pédagogique qui est intéressant.
On peut dans une technique mettre en avant l’un ou l’autre de ses potentiels et donc varier les applications en fonction de ces choix. Il faut juste ne pas trop « déraper » et proposer des choses qui restent dans l’esprit de la technique.
Mais, je n’ai pas de partenaire !
Le partenaire donne de la consistance à nos réflexions, il est nécessaire bien sûr ! Mais souvent j’entends dire « Je n’ai pas de partenaire, alors… je ne peux rien faire »… Et bien si, on peut faire quelque chose : en chercher un ! (Nous sommes d’accord, ce n’est pas toujours simple…)
Il n’est pas besoin ici de trouver un super taichiste de méga niveau, l’important c’est la collaboration et l’entente, la discussion et la patience (Rome ne s’est pas construite en un jour et les applications ne « germent » pas du jour lendemain…).
S’entrainer est un jeu , il faut juste de la bonne volonté et arrêter de se demander si on sera à la hauteur : il faut juste s’y mettre…
Comment savoir si l’efficacité est là... alors que les attaques sont lentes et codifiées ?
L’efficacité ne peut être « réelle » : nous sommes dans le réalisme, pas dans la réalité. Mais, nous ne sommes pas non plus dans le style « full contact », si on entend efficacité au sens de mettre HS un autre individu : non, nous ne sommes pas efficaces ! et si c’est ce que vous recherchez, il faut aller vers l’externe.
Les applications ont du coup l’air factices puisqu’on fonctionne un peu « au ralenti »…
Mais transformer une attaque, repousser, déraciner son partenaire, appliquer une clé avec modération… prouvent que la technique est bonne et qu’elle « pourrait » être efficace.
Et là, en ce qui nous concerne, il vaut mieux prendre son temps, être précis, plutôt que de vouloir être trop rapide et utiliser finalement la force et non la technique pour arriver à ses fins, au risque d’ailleurs de se blesser ou de blesser l’autre. On cherche juste à savoir si dans les faits la technique tient la route, si elle est fai
Un jeu…
Finalement, ces applications sont un jeu, il n’y a que des gagnants, car les questions que l’on se pose, la réflexion que l’on mène à deux sur les techniques nous ouvre des perspectives.
Et l’on s’aperçoit que les solutions sont infinies ! On peut même créer un duilian (combat arrangé) en travaillant sur des transitions entre les applications alternées de l’un et de l’autre. C’est un travail (non, ce n’est pas un travail ! c’est un jeu on a dit !) sans fin et extrêmement enrichissant.
Contrairement à certains qui vous diront : « Alors l’application de « La grue blanche déploie ses ailes » c’est comme ça. »
Sous-entendu, point barre, il n’y en a qu’une, c’est la bonne, c’est la mienne… On se rend compte que l’on peut imaginer de multiples solutions, et en fonction de notre physique, de notre personnalité, nous pourrons choisir celles qui nous conviennent le mieux.
Le plus difficile au début, c’est de rentrer dans cette optique et de se libérer d’un certain nombre de préjugés ou d’appréhensions… et de trouver un partenaire prêt à la même démarche !
Mais ceux qui s’engagent sur ce chemin ne le regrettent pas… C’est le premier pas qui coûte !