Vues de l’extérieur, nos pratiques sont faciles. On se déplace tranquillement, lentement, l’air de rien, les mouvements paraissent simples… mais ce n’est là que la surface. Tout bien réfléchi, c’est un peu comme si on regardait évoluer des patineurs sur la glace : les gestes sont fluides, harmonieux, on ne voit vraiment pas en quoi réside la difficulté… et pourtant…
Et pourtant… lorsqu’on s’initie au Tai ji quan ou au Qi gong, on s’aperçoit que le mental aussi bien que le physique sont largement sollicités. Ainsi, notre posture de base (se tenir debout et évoluer) demande déjà un peu de travail.
Vous me direz, se tenir debout, ce n’est quand même pas très compliqué ! Et le Petit Dragon vous répondra que se tenir debout est tout un art…
On pourrait parler des appuis : une des remarques les plus répandues à la fin d’un cours lorsqu’une personne n’a encore jamais pratiqué, c’est que l’on sent bien ses jambes ! Car, si l’on se tient « debout », on se tient tout de même un peu fléchi, genoux relâchés, et, dans notre école en particulier, nous nous devons de rester au même niveau pour évoluer et éviter le célèbre syndrome du yo-yo, avec des « monter/descendre » non répertoriés ! ( appelé aussi « syndrome de la grue blanche » où la grue monte vers le ciel inopinément avant de déployer ses ailes et de poser sa patte au sol…)
Pour pouvoir rester fléchi le temps de réaliser une forme, il faut que nos jambes soient solides. Si nos jambes sont trop faibles, alors nous aurons tendance à remonter sur nos appuis pour nous soulager et nous évoluerons de façon discontinue avec des hauts et des bas… et de plus en plus de haut – de moins en moins de bas ;)
Ainsi, contrairement à une idée répandue, nous ne nous reposons pas… nous travaillons : nos muscles sont sollicités et nous pouvons renforcer nos jambes en douceur.
N’oublions pas que les Chinois disent que nous vieillissons par les jambes, par les genoux. Entretenir la musculature de nos jambes c’est aussi entretenir notre santé. (ça vous fait une belle jambe, hein, ce que je dis !)
Mais :
Il ne suffit pas d’avoir de bonnes racines et d’être bien installé dans le sol. Se tenir debout c’est aussi se tenir vertical.
On pourrait alors aussi parler d’axe : on nous dit toujours d’imaginer qu’un petit fil de soie relie le sommet de notre crâne au ciel. Cette image peut être utile, mais il est souvent difficile de la garder en mémoire tout au long d’une forme, on a déjà assez à faire par ailleurs ! Parfois alors, ce petit fils se casse, la tête par vers l’avant, ou bien vers le côté. À nouveau, il nous faut travailler. Car penser à maintenir son axe nous demande un effort.
Mais ces efforts, celui de s’étirer vers le ciel et celui d’alourdir le bas de notre corps, sont toujours récompensés (si, si, je vous assure ! Et je ne parle pas ici d’engloutir des tablettes de chocolat pour se lester).
C’est cette attitude qui va nous permettre d’évoluer ensuite aisément et avec un minimum de fatigue. C’est ainsi que nous pouvons être détendus et concentrés, stables et présents à ce que nous faisons. C’est ainsi que nous pouvons respirer au mieux. C’est ainsi que nous pouvons laisser l’énergie circuler librement dans tout le corps.
Donc, en résumé, nous avons le droit, en toute modestie (mais oui !?), de nous redresser, d’être « fiers » de pratiquer le Qi gong ou le Tai ji quan.