đ Distance de sécurité… đ
Dans la Chine ancienne, le salut à distance représentait une sécurité : ne sachant pas toujours à qui l’on a à faire, la prudence était de mise. (Finalement en cette longue période de Covid, c’est ce qu’on nomme « distanciation sociale ») Pour peu que votre interlocuteur connaisse quelques techniques de Qin-na-shu (l'art des saisies et des clefs), se laisser saisir la main aurait pu s’avérer aventureux ! Donc, pas de « shake hands »… (On n’a pas à se demander si l’autre a les mains propres ?)
C'est ainsi que le salut à distance était à la fois un signe de politesse et la meilleure façon de prévenir une mauvaise intention.
Le salut est aujourd'hui pour nous et dans nos écoles un signe rituel qui permet à tous les pratiquants d’une même discipline de se reconnaître comme faisant partie d'une même famille, d’une même école. Les saluts peuvent d’ailleurs varier d’une école à une autre. Ils sont dans tous les cas toujours symboliques.
Le salut de l’école de Maitre Zhang Guang De :
La main gauche est posée sur la zone Dan Tian, pendant que la main droite est levée, ouverte devant soi, doigts vers le ciel.
Pourquoi ?
La main sur la zone Dan Tian s’explique aisément. Là est l’énergie. C’est d’ici qu’elle part et c’est ici qu’elle reviendra. Le Dan Tian est notre centre énergétique et notre centre de gravité. Ce geste signifie aussi que l’on prend soin de soi et de sa santé, que l’on sera bienveillant pour soi et envers les autres.
L’autre main salue comme le font les moines Shaolin, et
Maître Zhang Guan De donnait, il y a quelques années, l’explication suivante :
Un jour, un moine venu d'Inde arrive à Shaolin comme missionnaire du bouddhisme. Il est un grand maître. Un bonze voulut devenir son élève, mais le maître n'était pas sûr de la sincérité de l'élève.
Un jour, donc, 53 ans après Jésus Christ, le 9e jour du dernier mois, il faisait très froid et il y avait une tempête de neige. La neige tombe abondamment, il fait froid, mais le jeune bonze reste immobile. Le maître demande alors au jeune bonze ce qu'il fait ici.
"Prenez-moi comme élève, maître".
Et le maître répondit en ces termes:
"Si vous voulez avoir la méthode authentique, il faudrait que la neige soit rouge, mais la neige est blanche !".
En entendant ces mots, l'élève se coupe le bras et la neige devient rouge sang.
C'est ainsi que, dès lors, à Shaolin, on ne salue plus qu'avec un bras.
La main droite ouverte, présentée seule devant soi, semble rendre hommage à Huike (le jeune bonze de l’histoire), premier disciple de Bodhidharma (le maitre). Les légendes comme souvent sont nombreuses et variées… Voici ce que l’on « sait » du personnage :
Qui est HUIKE :
Huike (æ §ćŻ) ou Dazu Huike (性ç„æ §ćŻ) est le deuxième patriarche du Chan (Zen) en Chine. Une variante de son nom en Chine est Sengke (ć§ćŻ).
C’est en 528 que, doté d’une solide éducation confucianiste et taoïste, il serait allé à la rencontre de Bodhidharma. Huike cherchait un maître « capable de libérer l’élixir de la compassion universelle afin de sauver tous les êtres sensibles » et se serait tranché le bras gauche pour prouver la sincérité de sa démarche et son engagement.
(Même si… selon le « Nouveau Recueil de biographies de moines éminents », d’aucuns disent que son bras fut tranché ultérieurement par des brigands, ce qui rend la chose plus prosaïque).
Bodhidharma lui a transmis son enseignement contemplatif, lui confiant les quatre volumes du Soutra de l’Entrée sur l’Ile (LéngjiÄ ÄbÄduĆluó bÇojÄ«ng) qu’il jugeait convenable pour délivrer les Chinois !
Voilà donc pour la petite histoire…. Xiao Long vous salue bien !