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11 décembre 2021 6 11 /12 /décembre /2021 16:35

Souvent dans nos pratiques, il est question de Dāntián. Mais c’est quoi au juste ? En fait, il y en a trois, même si souvent, on ne parle que d’un !

 

Les  trois champs de cinabre (Dāntián) sont en relation avec la trinité taoïste Terre, Homme, Ciel.

 

Le champ de cinabre inférieur, xià Dāntián 下丹田, est une zone qui se situerait environ trois doigts sous le nombril, au centre du corps, au niveau du point Qihai 气海. Il correspond à la Terre. C'est le Dāntián dont nous parlons le plus, c'est vers lui que nous ramenons l'énergie en fin d'exercice par exemple, c’est sur lui que se posent les mains.

 

Le champ de cinabre médian, Zhōng Dāntián 中丹田, se situerait dans la poitrine,  au niveau du plexus solaire ou entre les seins, au niveau du point Shanzhong 膻中. Il correspond à l’Homme.

 

Le champ de cinabre supérieur Shàng Dāntián 上丹田, se situerait dans le crâne, au niveau du point Yintang 印堂 entre les sourcils. Il correspond au Ciel.

 

Il est à noter que selon les pratiques de qi gong, de méditation ou d'acupuncture, ces zones  "fluctuent"...

De fait, les médecins chinois n’étudient pas les champs de cinabre et ne les utilisent pas dans leur pratique. (Certains utilisent même le nombre d’or pour situer les trois dāntián. Ils situent le champ de cinabre inférieur à 0, 618 de la longueur du corps, le champ de cinabre médian à 0,618 de la longueur du torse, et le champ de cinabre supérieur à 0,618 de la longueur de la tête. Allez, tous à vos mètres de couturière !)

 

Photo Xiao Long

Il ne faut pas oublier que si la dimension «médicale » existe (médicale au sens MTC, c’est-à-dire l’allusion à des points d’acupuncture), ce n’est pas la seule dimension à considérer. L’aspect philosophique, plus spirituel est à prendre ne compte.

 

Pourquoi « de cinabre » ?

Le cinabre (Dān ), aussi appelé « sang de dragon », ou « dragon rouge », est un terme provenant de l’alchimie. Il s’agit de sulfure de mercure.  Dans son Histoire Naturelle, Pline l’appelle « Cinabre des Indes ».

Au IVème siècle avant notre ère, le taoïsme qui se développe, rassemble et systématise les connaissances cosmologiques, initiatiques et magico-techniques des confréries de forgerons. Grâce au précieux cinabre, les alchimistes taoïstes peuvent extraire l'or du minerai  et en produire de plus importantes quantités que par l’orpaillage, procédé lent, aléatoire qui ne permet que d’obtenir peu de chose…

 

C’est ce cinabre précieux qui contribue à obtenir une « pilule d’immortalité » ou un élixir de longue vie :

Sous les Han (206 av. J.-C. - 220 après J-C.), plusieurs seigneurs se seraient  empoisonnés grâce à ces fameuses pilules d’immortalité fournies par leurs alchimistes.

Ce qui est un comble puisque au lieu de devenir immortels, ils n’en sont morts que plus vite ! Mais l’idée est que ce pigment rouge, comme le sang, ne pouvait que nourrir la vie, l’or, quant à lui , préservait le corps…

 

 Ce terme « de cinabre » se retrouve donc souvent. On en vient ainsi peu à peu à utiliser le vocabulaire de l’alchimie externe (wàidān 外丹, « cinabre externe »),  pour qualifier des pratiques alliant travail du corps et de l’esprit (gymnastique taoïste, Qi Gong, méditation...), relevant alors d’une alchimie interne (nèidān 内丹, en fait « cinabre interne ») sans aucun doute moins "toxique" !

 Dans l’alchimie interne, ce sont l'esprit, le souffle et l'essence (shén qì jīng   ) qui sont utilisés comme matériaux pour accéder à l’immortalité.

 

Il semble que le terme nèidān apparaisse pour la première fois dans les « Techniques respiratoires du maître de l’épée mystique » (靈劍子服氣訣) de Xu Xun (許遜) sous les Jin orientaux  (265-420).

A cette époque, Gě Hóng葛洪, (283-343), un fonctionnaire intéressé par le taoïsme, le confucianisme, la stratégie, les arts militaires et les pratiques taoïstes visant à l’immortalité physique, écrit le « Traité ésotérique et exotérique du Maître qui embrasse la Simplicité ».

Il pense que l'immortalité physique est accessible à tous. Il suffit de comprendre les lois de la nature et de les suivre. A la fin de la dynastie Tang (618-907),  l’alchimie interne semble avoir pris le pas sur l’alchimie externe dans la recherche de l’immortalité.

 

Comment ça marche?

 

L’alchimie interne utilise les « trois trésors »  (sān bǎo 三寶) que sont l’essence ( jīng  ), le souffle ( ) et l’esprit (shén ) dans sa recherche de l’élixir de longue vie.

Dans le champ de cinabre inférieur, l’essence est raffinée et transformée en souffle. Dans le champ de cinabre médian, le souffle est raffiné et transformé en énergie spirituelle. Dans le champ de cinabre supérieur, l’énergie spirituelle est raffinée et réintégrée à la vacuité, le Tao.

 

Première étape: l’essence s’accumule dans le bas-ventre et remonte vers le sommet de la tête en empruntant le méridien Dū Mài; 督脉, Vaisseau Gouverneur (dos, à partir du périnée, il aboutit à   l’intérieur de la lèvre supérieure  en suivant le long de la colonne vertébrale jusqu’à la tête la tête.). Puis l’essence redescend par le méridien Rèn Mài; 任脉),  Vaisseau Conception (devant, du périnée, il aboutit finalement dans les orbites des yeux, en passant par le milieu de l'abdomen et à travers la joue.).

Cette circulation transforme l’essence en souffle et dans le ventre se forme le "cinabre", comparé à une goutte de rosée, une "perle" formée de souffles yin et yang.

 

Etape 2: Dans le champ de cinabre médian, la perle de lumière devient un embryon de souffle qu’on entretien afin de le transformer en énergie spirituelle.

 

Etape 3: l'énergie spirituelle naît dans la tête, et peut sortir du corps ou y entrer par la fontanelle, suivant la volonté de l’adepte. Cet "enfant de lumière" est entretenu par des moyens spirituels pour être intégré à la vacuité, le Tao.

 

Recette d’immortalité bien complexe…

 

On comprend mieux ainsi pourquoi les noms de mouvements de certaines écoles de nos disciplines  évoquent « l’enfant » : c’est l’état que l’on cherche à retrouver pour sa jeunesse bien sûr, mais aussi pour sa pureté, sa simplicité…

Restons toutefois réalistes : si nos exercices sont source de bienfaits, (tranquillité de l’esprit, relaxation du corps, respiration plus consciente, meilleure mobilité … entre autres) il ne faudrait pas penser que nous allons nous mettre à galoper, infatigables  comme des gamins dans une cours d’école ou que nous allons rajeunir. Il ne faudrait pas penser non plus que notre pratique va guérir tous nos bobos! Bref, ne pas confondre Tai ji quan, Qi gong et magie…)

 Mais nous pouvons grâce à une pratique régulière, nous attendre à un mieux-être mental et physique –et –ce n’est déjà pas si mal !

 

 

 

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Published by Xiao Long - dans Points Méridiens Energétique

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