
L’auteur :
Chi Zijian est née en 1964 près de Mohe dans la province de Heilongjiang, où elle réside toujours.Sa grand-mère aimait raconter des histoires et ce sera une grande source d’inspiration pour ses écrits, ainsi que la nature et les gens autour d’elle. Elle a publié de nombreux livres depuis 1985. Elle décrit les choses du quotidien, les choses les plus banales avec une grande simplicité et une belle poésie qui nous fait participer à cette nature omniprésente dans la vie des Evenki.
Elle a obtenu, en 2008, le grand prix Mao Dun pour ce roman « Le Dernier Quartier de la lune ». Elle est le seul écrivain à avoir obtenu trois fois le prestigieux prix Lu Xun, grand prix littéraire national !

Le titre :
Le titre original est « « La rive droite de l’Argun » (《额尔古纳河右岸》), cependant le traducteur italien et le traducteur anglais ont choisi de donner un autre titre à ce roman en s’inspirant des dernières pages du roman, une dernière partie très brève, en forme d’épilogue, intitulé « Croissant de lune ».
La vieille femme, restée seule, contemple la lune… (non, Xiao Long ne vous dira pas tout !) :
« Je lève la tête pour regarder la lune, et il me semble voir un renne blanc courant vers nous ; et quand je le regarde à nouveau, je le vois s’approcher de plus en plus, comme si ce pâle croissant de lune était en train de tomber sur terre… »


Le roman :
Il nous raconte la saga des Evenki, ces nomades éleveurs de rennes qui vivent sur la rive droite de la rivière Argun qui, avec ses 900 kilomètres, sert de frontière entre Chine et Russie et qui près de Mohe, la ville la plus au nord de la Chine, rejoint la Chika pour former le fleuve Amur (Heilonjiang en Chinois) qui, sur 1600 kilomètres, matérialisera la frontière.

La narratrice a quatre-vingt-dix ans et a été l’épouse de deux chefs de clan Evenki. Elle nous conte sa vie et celle de son peuple.
Les Evenks sont 30000 en Chine et 35000 en Russie. Ils constituent en Chine l’un des 55 groupes ethniques. Ils ont toujours vécu avec des rennes. Ces précieux animaux vont librement avec leurs grelots et reviennent au matin au camp.
Chi Zijian a passé les 17 premières années de sa vie dans la région de Mohe avant d’aller à Beijing à l’université, et elle connait les tribus Orogen et Evenki. L’exploitation de la forêt, commencée dans les années 1960, déséquilibre le mode de vie des Evenki et de leurs rennes et voilà que les autorités essaye de les sédentariser en Mongolie Intérieure ce qui ne va pas sans problèmes...
Pour les Evenki la nature se respecte et les animaux aussi, même s’ils doivent chasser pour subsister. Ils sont plus que proches de cette nature, ils fusionnent avec elle, ils savent l’exploiter sans détruire ou épuiser les ressources.
Bien sûr, tout n’est pas rose dans ce roman, les antipathies, les rivalités existent. Les Evenki sont humains ! Et en plus, l’h(H)istoire ne les épargne pas : l’occupation japonaise et le Mandchukuo, arrivent jusqu’à eux. L’opposition entre communistes et KMT, la réforme agraire, la famine du Grand Bond en avant, la Révolution Culturelle et les exactions des gardes rouges, tout cela crée des incidents parfois graves mais ne change pas fondamentalement leur mode de vie. Ce n’est que l’exploitation de plus en plus intensive de la forêt qui va créer la rupture.
Et pourtant dans ce roman, pas de grands couplets sur « les grands méchants détruisent notre nature »… C’est au contraire la vie qui est au centre de tout, la vie de tous les jours avec ses aléas, ses joies, ses peines et toujours le réconfort que procure la nature omniprésente qui est simplement là, belle, majestueuse, rude parfois…
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