Extrait du mémoire « TAI JI QUAN, la voix de l’équilibre » présenté pour le passage du 6ème Duan fédéral en juin 2019 – MPC.
Il y a parfois confusion entre les termes tài jí quán et tài jí.
On utilise l’un pour l’autre en considérant « tài jí » comme une abréviation de tài jí quán en langage courant. Mais en voulant faire « plus court », on fait surtout peu juste. Il faut distinguer l’art martial de son concept fondateur.
Tài jí est le « faîte suprême », elle évoque l'idée de la poutre faîtière qui préserve l'existence de tous les êtres et les choses. Ce faîte suprême est le principe supérieur, au-delà duquel il n’existe rien.
Le tài jí quán, 太极拳, est une discipline, un art martial interne. Le premier caractère tài 太 signifie très ou trop. Le second caractère jí 极 signifie sommet, ou extrémité, ou pôle. Le dernier caractère quán 拳 signifie poing ou boxe.
La traduction proposée est le plus souvent « boxe du tài jí » ou encore « boxe du faîte suprême ». Le terme boxe renvoie à la dimension martiale de la discipline. Le terme tài jí renvoie quant à lui à la dimension culturelle et philosophique de cet art, à la notion de sommet ultime. De cette clef de voûte, qui soutient la structure entière de l’univers, naissent le yīn et le yáng.
Lorsqu’on parle communément du « tài jí », on fait allusion en réalité au taì jí tú, 太极图, concept taoïste appelé aussi plus simplement « symbole du yīn et du yáng ». On y trouve l’idée d'un axe principal, essentiel, du point central, du fondement originel de l'univers.
(…)
Si on reste fidèle à cette image, le tài jí quán, qui repose sur les concepts précédemment évoqués, est une pratique qui s’effectue sur la plus haute crête de la montagne, entre adret et ubac, sur l’ultime cime, entre yáng et yīn.
Yáng et yīn ne sont pas opposés mais complémentaires.
Nous avons dans yīn et dans yáng une première partie commune qui symbolise une colline .
(…)
La graphie moderne conserve l’idée fondamentale avec le choix commun de « colline » associée à « lune » pour le yīn et à « soleil » pour le yáng.
Le pratiquant se déplace sur un fil, sur un axe. Ce dernier représente l’équilibre parfait. Toute oscillation vers un côté est immédiatement compensée par une oscillation vers l’autre côté, pour réaliser un centre permanent et mouvant.
Le tài jí quán est la représentation parfaite de l’équilibre qui se construit sans cesse, et n’est jamais acquis, une mutation perpétuelle.
La forme est un cycle, elle est une vie qui se déroule et qui se termine là, où elle avait commencé. C’est le chemin du wú jí au wú jí, de l’indifférencié à l’indifférencié...