S’il y a bien un incontournable en Tai ji quan, c’est bien le concept des « portes »… Evidemment, si on pratique tout seul et que l’on a jamais l’occasion de travailler (« jouer » serait plus juste J) avec un partenaire, on peut complètement passer à côté. Mais, j’enfonce là une porte ouverte… (désolée, ça sent les vacances !)
Elles sont partout, dans chaque technique, parfois une toute seule comme une grande, parfois plusieurs… Et, pour ceux qui se demanderaient encore à quoi sert d’apprendre à tourner des mains, Xiao Long leur répondra que c’est une approche de ces mêmes portes.
Un brin de théorie :
Bā Mén : 八门 que l’on traduit par les huit portes ou bien les 8 potentiels, ce terme fait référence aux 8 principales techniques de mains (membres supérieurs)
Elles correspondent aux 8 trigrammes* (BAGUA) et aux 8 directions géographiques. Enfin, ce concept de correspondance ne serait pas chinois s’il n’était pas multiforme… et différentes théories cohabitent en fonction des écoles, des époques… Donc, Le Petit Dragon – qui a beaucoup réfléchi et s’est cassé les dents sur ces lignes continues et discontinues- n’ira pas jusqu’à vous présenter la panoplie complète des possibilités, il a lâchement fait des choix qui –pour notre pratique- semblent judicieux…
*Figure formée de trois traits superposés, coupés ou non en leur milieu, utilisée dans la divination chinoise, cf : Yi Jing.
Huit potentiels : l’essence du Tai ji quan
Au début, il y a péng…
棚, on prononce péng et on traduit par parer. Dans la pratique, il est perçu comme une force d’expansion. L’énergie de péng est comme celle d’un bouclier qui tourne, dévie et protège, il permet l’écoute. Péng est omniprésent, il est ce fameux « ballon », il exprime notre centre et il comprend virtuellement ses amis lǔ , jǐ et les autres… C’est un plaisir de commencer par péng en travail à deux, car il nous ouvre toutes les portes !
On l’associe à ☰ 乾 Qián, le ciel, le créateur, la créativité, la force, l’initiative.
捋: lǔ signifie lisser, peigner avec les doigts.
lǔ est traduit par tirer, rouler en arrière, attirer dans le vide, céder, guider et neutraliser. Petit Dragon voit dans lǔ un guidage qui laisse passer la force tout en adhérant et en contrôlant, lǔ est différent de cǎi.
On l’associe à ☷ 坤 kūn , la terre, la disponibilité, l’adaptabilité, l’accueil, le don de soi.
擠, 挤: jǐ : Presser, bousculer, pousser…
C’est une action percutante ou une énergie qui propulse. C’est péng plus àn.
On l’associe à ☵ 坎 kǎn, l’eau, l’insondable, la profondeur, force de l’eau qui avance… un yang entre deux yin.
按: àn
Presser, appuyer sur, contenir, contrôler, restreindre, réprimer, tenir quelque chose dans la main, selon, conformément à.
Dans le contexte du tai chi chuan, àn est traduit par pousser, presser vers le bas, l’avant ou le haut, repousser des deux mains.
C’est une énergie qui repousse et déracine.
On l’associe à ☲ 離 lí , le feu, ce qui s’attache, la clarté, la lucidité, la vivacité, l’éclat.
采: cǎi C’est cueillir, exploiter, recueillir, extraire… on dit souvent saisir. Au sens propre et figuré finalement car, on va saisir- par exemple un poignet- et tirer vivement dans une direction pour surprendre le partenaire, le faire sortir de son centre, l’obliger à réagir et profiter de cette réaction ;)
On l’associe à ☴ 巽 xùn , le vent, une rafale de vent qui déracine.
挒, 列: liě est traduit par ranger, aligner, citer, inscrire… Pour nous liě c’est fendre ou séparer, c’est une clé possible, c’est créer un point fixe –par exemple bloquer un pied- et déséquilibrer le partenaire, le faire basculer…
On l’associe à ☳ 震 zhèn, le tonnerre, l’impulsion, la secousse.
肘: zhǒu
Coude ! C’est simple, non ? Eh bien, non, ce n’est pas si simple car si zhǒu est l’action de donner un coup de coude, c’est aussi frapper avec une articulation saillante.
On l’associe à ☱ 兌 duì, le lac : Petit Dragon n’a pas trouvé mieux, il y a une faille dans chaque système… en cherchant bien et longtemps, on finit toujours par trouver un argument… beaucoup de yang caché sous une surface yin ?
靠: kào
S’appuyer contre ou sur, être proche de…
C’est le plus souvent l’action de donner un coup d’épaule, de tamponner…ce que l’on peut faire aussi avec la hanche, le dos… kào est puissant et heureusement, car si je dois l’utiliser, c’est que je suis dangereusement proche de mon partenaire… c’est ma dernière chance…
On l’associe à ☶ 艮 gèn, la montagne, la solidité. Bon, là… l’image est probante
Beaucoup de pratique :
La théorie est jolie et c’est un point intéressant, car elle nous fait toucher du doigt une autre façon de concevoir les choses… mais pour comprendre vraiment, c’est la pratique qui va nous aider. Et, c’est en pratiquant que de nouveaux horizons s’ouvrent (normal, il y a des portes !!!)
Alors, finis les discours… Allez chercher un partenaire et amusez-vous !