Le singe est un animal sympathique, vif, malin, agile… Les Bouddhistes et les Taoïstes ont une expression qui repose sur cette image : « Le singe de l’esprit ». On retrouve ce singe dans différentes traditions orientales et ce depuis bien longtemps !
Notre esprit trop souvent est un petit singe qui saute de branches en branches, agité, capricieux, fantasque, il suit le flot des pensées et ne se fixe pas.
Ainsi cet animal nous empêche de rester concentré : l’expression chinoise 心猿 xīn yuán signifie gibbon (Yuán), ce singe aux bras très longs… on le voit très bien avec ses longs bras bondir d’un arbre à l’autre, profitant de son élan, sans s’arrêter jamais… Il y bien quelques courts instants où il lâche prise, avant de s’agripper à nouveau à un quelconque support, mais ce moment furtif est vite passé !
Et par moment, le singe nous fatigue à virevolter sans cesse comme un trapéziste sous un chapiteau (quel cirque !). Ce petit être turbulent finit par se comporter comme un captif qui s’affaire dans une cage et s’agite pour rien.
Nous vivons dans une double agitation : intérieure et extérieure. Nos pensées sont éphémères, mais omniprésentes et envahissantes, et nous voguons dans un monde instable, bruyant souvent, qui nous sollicite toujours plus. Nous finissons par nous laisser dériver en oubliant l’essentiel.
Comment apprivoiser ce sauvageon ? Car il ne s’agit pas non plus de le bâillonner ! Il a besoin de s’exprimer et nous avons besoin de lui… mais… il faut essayer de le « civiliser » un peu… Il peut devenir notre ami, si nous lui donnons un travail adapté et du grain à moudre.
Si nous nous concentrons, (une concentration légère, détendue), si nous prenons simplement conscience de notre respiration par exemple, le singe pourra souffler un peu… et les pensées qui passeront par-là (car il y en aura !), passeront en images de fond, doucement, sans nous déranger, sans nous user.
Une belle promenade en perspective...
Le sentier de Samatha est une représentation symbolique traditionnelle dans l’Inde et le Tibet anciens des différentes étapes de la méditation, conçue comme un travail d’« entrainement mental » pour dompter le singe en question. ..
Le sentier a neuf étapes, et le dessin se lit de bas en haut. On y trouve trois personnages principaux : un moine, cette voix qui parle au fond de nous et nous attire vers les choses de l’esprit , un éléphant, qui représente la conscience cognitive, la réflexion intellectuelle et le fameux singe, qui représente la turbulence de l’esprit, le flux incessant et décousu des pensées.
1 : Poser l’esprit sur un objet : Le singe marche devant, l’éléphant court derrière lui et le moine essaie de suivre les deux animaux…
2 : Poser plus longtemps l’esprit sur un objet : L’éléphant et le singe ne courent plus, mais marchent. Ils commencent à changer de couleur progressivement, du blanc apparaissant sur le sommet de leur tête. C’est bon signe !
3 : Revenir continuellement sur l’objet : La tête de l’éléphant est tournée, il regarde vers l’arrière : cette position symbolise la métacognition, l’observation de sa propre réflexion. Le méditant se regarde fonctionner et sait revenir sur l’objet choisi.
4 : S’éloigner moins loin et moins longtemps : Le lasso du moine s’est raccourci : cela symbolise le fait que, si le méditant fait ses exercices régulièrement et plus longtemps, il fera les rappels plus rapidement.
5 : Anticiper les départs : Le lasso s’étant raccourci, le moine peut anticiper les mouvements de l’éléphant. Le moine coupe les pensées de son épée.
6 : Pacifier l’esprit : Symboliquement, le moine marche devant l’éléphant, de plus en plus blanc, et le singe, également de plus en plus blanc, suit derrière l’éléphant. On ne subit plus les pensées.
7 : Pacifier complètement l’esprit : Le singe est toujours là, mais il devenu entièrement blanc et mange dans la main du moine.
8 : Rester concentré sur un seul point : le singe ne figure plus sur le dessin. L’éléphant est devenu entièrement blanc. On tient le bon bout !
9 : Reposer dans l’équanimité : Le moine arrête l’éléphant, et s’assied à ses côtés.
Tout en haut du sentier, le moine est monté sur le dos de l’éléphant, et brandit symboliquement l’épée qui lui permet de trancher tous les conditionnements, de s’en libérer complètement. Wouahhhh ! Là on est arrivé !
Donc, il ne vous reste plus qu’à saisir votre lasso et votre épée et parcourir la route…
Souhait de Xiao Long pour la nouvelle année :
Que votre singe devienne tout blanc !!!