La pratique du Tai Ji Quan se limite trop souvent à laisser se dérouler une forme courte ou longue, tranquillement, lentement et c’est bien agréable et cela nous apaise et nous nous laissons porter par ces mouvements doux… C’est déjà beaucoup ! Mais… ce n’est pas tout.
Il y a plus dans la discipline appelée Tai Ji Quan, il y a le Tui Shou. On parle parfois de Tai Ji Quan à deux, et Xiao Long aime bien cette façon de considérer le Tui Shou. Le Tui Shou aussi, comme la forme, calme l’esprit, sollicite le corps en douceur et laisse l’énergie circuler librement.
Malheureusement, cet aspect est trop souvent totalement oublié dans les cours et on donne plusieurs raisons à cela :
« On ne sait pas à quoi ça sert. » ou « On répète en boucle des cercles. » ( !! ?) ou bien « C’est trop compliqué de travailler à deux, on ne sait pas qui fait quoi. » ou encore – argument massue de quelques enseignants « Les élèves n’aiment pas le contact avec une autre personne »… Bref… que de bonnes raisons !!!
Que Xiao Long vous dise le fond de sa pensée…
Si on ne voit pas à quoi ça sert, il est intéressant de l’apprendre peut-être ? … même si, entre nous, il y a bien de choses dont on ne voit guère l’utilité et pourtant, nous les faisons quand même sans nous poser de questions transcendantales…
Il y a dans le Tui Shou tous les ingrédients que nous utilisons pour faire nos formes : l’axe, le travail du centre, la circularité omniprésente, le tendu-relâché, la synchronisation, le relâcher des articulations et des muscles…
Bien sûr, au début, il faut jouer le jeu, car c’est un jeu, un grand jeu yin/yang. On avance, on recule, on pousse, on est poussé, on écoute, on est écouté…
C’est un Tui Shou amical, il n’y a pas de confrontation. La répétition des exercices souvent codifiés au début, permet de lâcher prise au fur et à mesure, libère d’une certaine façon, permet d’affiner les sensations…
Dans un second temps, le jeu consistera à trouver la faille pour déstabiliser son partenaire, on pourra y intégrer les 8 potentiels, les techniques martiales de nos formes… mais là encore l’échange est amical.
Je ne prends pas en considération le Tui Shou « combat » en compétition… qui s’est un peu éloigné de ce concept, puisqu’il doit y avoir un gagnant… le « jeu » est nettement moins amical.
Il peut arriver, rarement tout de même, que certaines personnes n’aiment pas le contact, et c’est bien leur droit… mais la plupart du temps, c’est simplement que l’on se sent gêné et gauche : un vieux fond d’éducation qui nous dit que le contact physique… « Ce n’est pas bien »… alors on reste très à distance et du même coup il est difficile de rentrer dans l’action car la posture de départ ne donne pas les bonnes conditions de pratique.
Le contact que l’on trouve dans le Tui Shou va donner du volume à notre pratique de la forme et la forme va aussi nourrir notre Tui Shou…
Comment comprendre la notion d’intention si on ne fait que « faire sa forme », c’est très difficile, puisque tout ce que nous expérimentons, c’est le vide devant nous… Nous ne sentons pas ce que nous faisons.
C’est par le travail à deux que l’on sait si une technique de la forme est correcte ou non, applicable ou non, efficace ou non. C’est à deux que l’on comprend pourquoi les mains sont à cet endroit, pourquoi le poids du corps est devant ou derrière… C’est le Tui Shou qui va « remplir » nos mouvements… et ce sont nos techniques qui vont « remplir » notre Tui Shou !