
Tout le monde se pose la question (enfin, peut-être… ou pas ?)
Est-ce bien Johannes Gutenberg qui est à l’origine de l’imprimerie ? On pourrait le croire… si on ne va pas regarder du côté de la Chine…
Sous les Tang déjà (618-907), les Chinois utilisaient l’imprimerie à caractères fixes (impression page par page, à la différence de la presse de Gutenberg qui permettait de recomposer des textes avec les mêmes caractères).

La langue chinoise, constituée d’innombrables caractères se prête peu aux caractères mobiles, il en faudrait une quantité astronomique (enfin, presque !)… Alors que notre alphabet, avec un nombre de lettres limité, convient bien à l’imprimerie comme nous la connaissons. On aurait donc d’abord commencé à pratiquer l'impression tabellaire (ou fixe) sur planchettes de bois vers la fin du VIème siècle, si on en croit certains auteurs chinois.
Le premier texte imprimé serait « Le Sutra du Diamant », texte bouddhique, édité en 868. Ce texte sacré, a été retrouvé dans la grotte de Dunhuang, dans la province du Gansu et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ce Soutra du Diamant(photo wikipedia en haut) est daté de 868 (dynastie Tang), il est conservé à la British Library.
C’est le plus ancien ouvrage complet, imprimé et daté, à nous être parvenu.

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La recette :
L’imprimerie à caractères mobiles serait l’invention de Bi Sheng (milieu du XIème siècle). Shen Gua décrit cette technique dans son ouvrage Mengxi Bitan. Il explique que l’imprimeur fabriquait de petites plaques faites d’une pâte de terre sur lesquelles il gravait les caractères les plus courants. Puis, il faisait cuire les plaques pour qu’elles durcissent.

Il plaçait sur une table un support en fer, et la recouvrait d’un mélange composé de résine, de cire et de chaux. Pour imprimer il appliquait sur ce support un cadre en fer, il y rangeait les caractères (types) bien serrés. Il prenait cette « planche » et l’approchait du feu pour que le mélange ramollisse, il appuyait alors très fort (il devait avoir des super biceps !) avec une planche bien plane et les caractères s’enfonçaient dans le mélange, tous égaux et unis.
On pouvait alors tirer des dizaines, des centaines et des milliers d'exemplaires : l'impression s'opérait en un clin d’œil. Lorsque le tirage d'une planche était fini, on la chauffait de nouveau pour faire fondre le mélange, et l'on balayait avec la main les types, qui se détachaient d'eux-mêmes sans garder la plus légère particule de mastic ou de saleté.
La mise en place de caractères mobiles augmenta l'efficacité de l'imprimerie. Le caractère mobile a de grands avantages, il réduit le temps de fabrication du bloc, il peut être utilisé de façon répétée, et, plus petit que le bloc, il est facile à ranger.
