En Chine l’art de peindre est un art complet : il ne suffit pas de prendre un pinceau et de reproduire avec maestria le modèle que l’on a sous les yeux. L’artiste chinois peint « dans sa tête », c’est parce qu’il connait parfaitement son sujet qu’il est libre de peindre sans aucun modèle.
Il lui faut connaitre la calligraphie, la philosophie, la poésie, l’art des sceaux… Souvent les œuvres comportent différents sceaux apposés avec discernement ainsi qu’une maxime ou un poème. C’est cet ensemble qui permet à l’artiste de s’exprimer.
La calligraphie est la base incontournable. Le pinceau, le papier et l’encre et les sceaux sont ces « outils », ses trésors. Le trait est le fondement.
Ce même trait qui fut la première « écriture » que l’on trouva gravé sur des carapaces de tortue (scapulomancie : La tortue est l'allégorie du monde. Le ventre de la tortue forme un carré (représentant la Terre), inscrit dans le cercle (représentant le Ciel) formé par la carapace. Pour communiquer avec les ancêtres, les Chinois inscrivaient sur un morceau de carapace de tortue une question puis, ils exposaient ce morceau aux flammes. Le craquèlement donnait la réponse. )
La calligraphie, la peinture chinoise, sont des « messages énergétiques » plus que des représentations réalistes.
Un seul trait, comme le 1, trait horizontal, comprend tout le yin/yang. Chaque caractère est un tableau en soi, les traits ne sont pas posés au hasard ; le caractère s’inscrit dans un carré et les traits sont tracés dans un ordre particulier. Et si cet ordre n’est pas respecté, cela se voit immédiatement (euh, enfin… pour l’œil exercé !) dans la dynamique du trait.
http://passionnement-tchan.over-blog.com
Et tracer un trait n’est pas simple ! Et tous ceux qui se sont essayé à la calligraphie, ont commencé par « écrire » des os de pigeons… (Et rarement sans commentaires plus ou moins hilarants… « Où est Médor ? », « Tes os sont squelettiques », « Fais un tas, Idéfix viendra les chercher »…).
Bref, tracer un trait est déjà un art :
Le trait horizontal lorsqu’on le voit, semble immobile une fois tracé, en réalité, il est mouvement(s) et voici la recette :
apprendre-le-chinois-facilement.com
... et avec un peu d'entrainement, on peut alors réaliser de jolies peintures....
ateliermagique.com
Un seul trait peut suffire pour figurer un chat, un personnage. L’artiste cherche la simplicité, l’essentiel … Que son trait soit « académique » ou plus « libre », c’est la vie, le mouvement interne des êtres, qu’il voudrait capter.
Les styles portent des noms très révélateurs de ce chemin vers le primordial:
« Le pinceau soigneux » (Gong Bi) est finesse et précision ; « Le Dessin au trait » (Bai Miao) cerne les contours à l’encre et « Le sans ossature » (Mo Gu) ne dessine aucun contour. Le dégradé est la caractéristique de « Écrire l’intention » (Xie Yi)…
Finalement, notre pratique du Tai Ji Quan est dans le droit fil de la calligraphie et de la peinture (et c’est bien normal, car tout nous vient de la même source philosophique): économie de moyen et mouvements internes plutôt que dispersion et grands gestes « extérieurs », voilà notre « quête »...
il suffit de jouer des...pinceaux!