Il y a plusieurs façons d’apprendre le Tai Ji Quan.
On vous dira que certains maitres ne parlent jamais, montrent simplement et font répéter un mouvement, un seul, des dizaines (pour ne pas dire des centaines) de fois pour mieux le comprendre, l’intégrer, le « vivre ». Il n’y a rien à dire, rien à expliquer, il y a juste à expérimenter…
et à patienter !
La patience n’est pas vraiment dans les habitudes des Occidentaux… Et j’en connais peu qui résisteraient à cette pédagogie. De même que l’on imagine assez difficilement un prétendant karateka, balayant le chemin autour du dojo pendant des années en attendant d’être admis dans le saint des saints… (on aurait tenté l’aspirateur pour aller plus vite ?)
Il n’y a aucun jugement à émettre, il n’y a pas de mieux ou moins bien, il n’y a que du différent. Nous aimons savoir ce que nous faisons et pourquoi… On reste sur notre faim quand rien n’est expliqué ! (Descartes est passé par là ?)
En général notre esprit est plutôt attiré par le « apprendre d’abord la suite de mouvements et voir les détails ensuite ».
En effet nous éprouvons le besoin de savoir ce qui « se passe après », nous avons du mal à rester longtemps sur le même mouvement. Apprendre donc dans un premier temps l’enchainement, mémoriser la suite des techniques, reste notre souci n°1 !
Dans un second temps, l’esprit libéré du « et qu’est ce qui vient après », on peut alors approfondir, corriger si besoin afin de gagner en précision et en finesse.
Les neurosciences nous donnent raison et disent qu’il est inefficace de vouloir en même temps mémoriser la suite de mouvements et être précis, ce qui exige un contrôle fin qui mobilise toute notre attention.
De plus, nous n’avançons pas tous à la même « vitesse » (si on peut parler de vitesse en Tai Ji Quan ?)
Donc, si le rythme d’apprentissage dans un cours est vraiment trop rapide pour vous, il est sans doute préférable pour éviter la surchauffe neuronale de vous concentrer seulement sur l’ordre des gestes. Il est toujours possible de reprendre une forme l’année d’après –la même- pour améliorer votre précision. Chacun a le droit d’aller à son rythme. Il n’y a aucun scrupule, aucune « honte » à avoir. Chacun sa stratégie après tout !
Il ne faut en aucun cas se sentir « obligé » d’apprendre en permanence de nouvelles formes, le but n’est pas de les collectionner… surtout juste en suivant les autres…
On pratique avant tout pour soi. Il vaut mieux ne connaitre qu’une seule forme et savoir la réaliser tout seul que de loucher en permanence, la tête en gyroscope –ou périscope pour ceux qui sont en plongée profonde, pour suivre le mouvement : ce n’est plus de « l’interne », c’est de « l’externe » (au sens dispersion vers l’extérieur…)
L’approfondissement est un moment privilégié où l’on découvre soudain ce qui fait la technique, la respiration du mouvement, sa finesse, son harmonie…
On peut même (attention !) devenir accro à l’approfondissement ! Plus on avance, plus on voit et sent de choses insoupçonnées.
Il semble donc que ce qui nous convienne le mieux se soit
1) de mémoriser l’enchaînement puis
2) d’approfondir …
Allez, allez, on y va tout de suite!!!