Nie Ganru sait pimenter sa vie !
Mark Ralston ©AFP
Nie Ganru est décidément un homme hors du commun : il vient de faire construire un musée de six étages, et ledit musée a une belle forme de … marmite ! Son musée abrite des centaines de marmites que Nie a recueillies au cours de plus d'une décennie. Il compte un récipient qui aurait été utilisé dans un palais au temps de l'empereur Qianlong (XVIIIème siècle) et un autre remontant à la dynastie des Zhou de l'Ouest (1046 à 771). Les murs du musée de Nie Ganru sont tapissés de documents témoignant du rôle historique de la marmite, autour de laquelle se sont par exemple réunis un jour Mao et le nationaliste Tchang Kaï-chek.
Cet homme, on l’a compris, se passionne pour la fondue sichuanaise. Grâce à cette spécialité régionale Nie Ganru a su faire fortune, il aime d’ailleurs y goûter deux fois par jour afin d’affiner la recette, car il est tellement « fan » de la sauce au piment fermenté qu’il la fabrique chez lui, à Chongqing, dans une usine proche du musée.
Bien sûr tout se fait dans les règles de l’art et on peut voir des centaines de pots de terre recouverts de leurs « chapeaux » de paille, ce qui permet au mélange de « respirer ». Cette petite armée de pots de terre reste bien longtemps là, exposée au vent, à la pluie, au soleil… jusqu’à maturation.
La fondue sichuanaise est dans l’air du temps et l’immense ville de Chongqing cherche à faire reconnaitre cette spécialité au niveau mondial ! Chongqing cherche à obtenir l'inscription de sa fondue au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.
La fondue du Sichuan "c'est engourdissant, c'est chaud, c'est ultra savoureux, c'est un arôme qui vous saisit les sens, c'est pourquoi tout le monde aime ça", affirme le septuagénaire.
La fondue sichuanaise consiste à faire cuire des aliments (viandes, légumes, tofu...) dans un bouillon. Mais on est loin de la douceur d’une fondue au fromage ! Les piments et grains de poivre très spécial en sont la caractéristique.
Ce plat convivial et « chaleureux » est très apprécié. Il y a un siècle, la fondue sichuanaise était le repas de base et bon marché des paysans accroupis au bord du fleuve Yangtsé à Chongqing, on y faisait cuire des tripes de boeuf et d'autres abats (dit comme cela, on aurait moins envie d’y tâter…), bref ce que l’on avait sous la main.
Les différentes marmites de cette région gastronomique ont un point commun : les épices ! La surface du bouillon dans la marmite est entièrement recouverte d'épices... S’il y a une chose que l’on ne peut pas dire, c’est que ce bouillon soit fade.
Les habitants de la région adorent et en redemandent. On se réchauffe, on transpire et cela est bon pour la santé…